Quels dessous des cartes à propos de la dénonciation d’Apple en Chine ?

Une fois de plus, Apple se fait épingler sur le domaine du droit du travail en Chine alors qu’elle inonde littéralement le marché de sa technologie. Selon un nouveau rapport de China Labor Watch (CLW), ses sous-traitants taïwanais Megatron et Texcom sont mis en cause parce qu’ils exploitent les employés chinois et ne respectent pas les règles de sécurité, de formation et de temps de travail. Le rapport dénonce aussi la politique de bas salaires suivie par Apple, sans parler du non paiement des heures supplémentaires qui sont obligatoires. Cette ONG, en lien direct avec China Labor Bulletin (CLB), une association de défense des travailleurs chinois basée à New York, accable Apple pour en faciliter son intérêt. Plusieurs rapports de CLW dénoncent les errances, le manque d’implication et de progrès d’Apple dans les conditions de travail de ses fournisseurs.

Le contrefeu d’Apple
Apple a décidé de collaborer avec l’ONG en lui rendant des expertises régulières et redorer son blason. De la même manière, une charte de responsabilité a été adoptée afin de contraindre les fournisseurs à respecter les règles établies par Apple. La maîtrise du terrain est, par ailleurs, recherchée tout azimut par Apple. Tim Cooks a pris les devant en rendant visite à des employés chinois d’un de ses fournisseurs, et en affichant une image de bien-être des employés de l’usine alors qu’ils doivent tenir des cadences toujours plus importantes du fait d’une hausse des commandes d’Apple. Ce travail de communication, au delà de l’image d’Apple, oblige également les fournisseurs à respecter les règles du code du travail et à revoir leurs modes de fonctionnement syndical. Le gouvernement chinois sa été dépassé lors des dernières grèves de Yue Yen en 2014. Il devient donc difficile de contraindre un fournisseur sans répercussions économiques pour la marque tout en sachant que la CLW n’est pas si étrangère à ce travail de fond.

Une stratégie d’influence américaine à double entrée
Le paradoxe dans cette affaire est que CLW est en grande partie par le trust anglais Sigrid Rausing Trust et par la National Endowment for Democracy (NED) américaine, en lien direct avec la CIA. Ces deux organisations sont très implantées sur le plan international. Ce sont elles qui relayent le plus d’informations sur les conditions de travail en Chine, à tel point qu’elles servent de sources uniques à certains journaux français comme l’Humanité. Ces deux organisations ont réussi à supplanter les médias locaux chinois et la communication étatique et syndicaliste durant la grève de Yue Yen, au point d’en devenir le point d’entrée légitime pour la couverture des évènements sociaux.
En rendant des rapports sur les conditions de travail des sous- traitants d’Apple, La CLW influe sur ces entreprises qui n’arrivent pas à anticiper certaines problématiques. L’action de CLW donne à Apple la légitimité de prendre les mesures nécessaires au bien-être de ses salariés tout en continuant à produire plus, moins cher. De son côté, le gouvernement Chinois conserve la main sur l’appareil économique de ses entreprises au détriment de l’évolution des Droits de l’Homme.
Le travail de CLW pourrait être aussi analysé sous un autre angle. La pression informationnelle de cette ONG aurait pour but de contraindre Apple à produire ses produits sur le territoire national, alors que Motorola a annoncé qu’il produirait ses nouveaux produits sur le territoire national américain à la suite d’un engagement politique.



Autres sources:
http://wang888.skynetblogs.be/tag/apple
http://www.patentlyapple.com/patently-apple/2014/03/china-labor-watch-green-america-push-apple-to-stop-using-benzene-in-the-manufacturing-of-apple-products.html
http://www.nytimes.com/2012/01/26/business/ieconomy-apples-ipad-and-the-human-costs-for-workers-in-china.html?pagewanted=print&_r=0
http://www.sigrid-rausing-trust.org/Grantees/China-Labour-Bulletin