Conflit informationnel autour du remboursement des lunettes

La fin des lunettes chères comme le clame Générale d’Optique est-elle arrivée ? En 2014, dans une vidéo publiée sur son site Internet, le ministère de l’Economie et des Finances vante les « bénéfices » de l’optique en ligne et des mesures prises dans le cadre de la loi Consommation explique clairement que sur Internet, les lunettes coûtent « beaucoup moins cher ». Le 1er avril dernier, à l’initiative du Ministère de la Santé, l’encadrement des remboursements des lunettes par les assurances complémentaires santé est entré en vigueur.


La polémique sur les marges de distribution
Pendant de nombreuses années les garanties optiques (comme les garanties dentaires) ont étés au cœur de la stratégie de conquêtes des nouveaux assurés pour pallier au déficit de remboursement de l’optique par la Sécurité Sociale (de 5 à 30 € pour l’ensemble monture + verres selon la correction). Selon une étude GFK analyse que les tarifs moyens montures + verres pratiqués en France (290€ pour des verres unifocaux et 589 € pour des verres progressifs) sont en ligne avec ceux de l’Allemagne et supérieur de 10 à 15% à ceux constatés en Italie. En Avril 2013, UFC-Que Choisir publie son étude Distribution de l’optique : examen à la loupe d’un marché juteux. Après avoir noté que la position de domination écrasante en France d’Essilor permet à ce fleuron de l’industrie française d’afficher une profitabilité élevée (11,7% du CA), l’organisme procède à une attaque en règle de la distribution : « des marges excessives dans la distribution de lunettes ». Dans les jours qui suivent, le Syndicat des Opticiens Entrepreneurs (SynOpE) publie un communiqué de presse apportant une réponse point par point aux « accusations » d’UFC-Que Choisir et le plus célèbre des opticiens Alain Afflelou intervient sur le sujet dans le 20 heures de TF1.

L’arroseur arrosé
Alain Afflelou a développé dès 1978 une stratégie commerciale agressive, en proposant « la moitié de votre monture à l'œil » et en 1999 il lance « Tchin-tchin », une deuxième paire de lunettes pour un euro de plus. Depuis ce concept est quasiment devenue la norme, et quasiment tous les réseaux ont une offre similaire. Or rien n’étant gratuit dans le monde économique, la 2ème paire est financée par la 1ère. Cela renforce l’idée que les marges des opticiens sont plus que confortable. Sentiment démultiplié par les communications agressives de certains réseaux basés sur le prix ; par exemple Général d’Optique, dans une de ses publicités montre des parents renoncer à leur vacances après avoir appris que leur adolescente est devenue myope.

Les ripostes
Plusieurs sites d’informations sur le secteur de l’optique sont apparus. Certains sont clairement identifiés comme étant gérés par les industriels - www.mavuemeslunettes.fr/ (Essilor)-, par les réseaux de distribution - voyonsplusclair.fr (Grand Optical), par des sociétés de presse - www.acuite.fr -, d’autre sont plus opaque quant à leur identité comme www.choisir-ses-lunettes.com.Nous assistons à beaucoup de mouvements informationnels autour de l’encadrement du remboursement des lunettes qui suscitent des interrogations :
  • Pourquoi le gouvernement occulte-t-il le faible remboursement de la sécurité sociale ?

  • Pourquoi les mutuelles qui ont vu leur résultat technique divisé par 3 entre 2011 et 2013 sont-elles peu loquaces sur le sujet ?

  • Essilor ne va-t-il pas se retrouver fragilisé sur son marché domestique ?

  • Comment va rebondir l’industrie lunettière française qui amorce un difficile retour ?