Qui s’oppose au repositionnement militaire du Japon ?

Avec l’Allemagne, le Japon est la seconde grande puissance vaincue à l’issue de la Deuxième Guerre mondiale. Après 1945, il confie sa sécurité aux États-Unis. Puis se dote, en 1947, d’une constitution pacifiste qui lui interdit le recours à la force armée lors de conflits interétatiques. La défense de son territoire durant la guerre froide justifiera cependant la création des FAD (forces d’autodéfense).

La revalorisation de l’appareil de défense japonais
Au début des années 1990, se pose la question de participer à des opérations internationales. Depuis, les FAD ont conduit des opérations de maintien de la paix, de lutte contre la piraterie et d’assistance humanitaire : Cambodge, Timor oriental, golfe Persique, Irak, Soudan, golfe d’Aden, océan Indien lors du tsunami.
Décembre 2013, le gouvernement d’Abe Shinzo annonce vouloir faire du Japon un contributeur « actif » à la paix internationale. Il souhaite donc élargir les possibilités d’emploi des FAD à une « autodéfense collective », permettant par exemple de légaliser la protection de réfugiés ou l’assistance à des forces alliées (comme un navire Américain frappé dans les eaux japonaises).
Ce 19 septembre, le Sénat japonais adopte définitivement les 11 lois sur la sécurité nationale, provoquant une scène de pugilat en plein hémicycle. Cette scène, étonnante dans un pays d’ordinaire policé et à forte cohésion sociale, traduit l’impact d’une campagne de contestation.
Malgré le fait qu’après l’accident de Fukushima, le professionnalisme et le dévouement des FAD ont renforcé son image (d’après un sondage récent, les FAD sont aujourd’hui l’institution qui inspire le plus confiance à l’opinion japonaise).

La tentative de déstabilisation du Premier Ministre Abe Shinzo
L’action du premier ministre subit pourtant l’attaque de plusieurs acteurs :


    1. - Le départ de la contestation a lieu sur le terrain sociétal au travers de manifestations. Au cœur de ces dernières, un mouvement contestataire étudiant, le SEALDs (Students Emergency Action for Liberal Democracy). Ces derniers ont utilisé lors de manifestations des véhicules du Zenzoren, organisation syndicale du Parti Communiste Japonais (le JCP), qui lui-même travaille avec le Parti Communiste Chinois (CPC) à la définition des futures relations Japon-Chine. On peut alors se demander qui a allumé la mèche de la contestation.



 


    1. - Sur le plan politique, le Parti démocrate (de centre gauche) et les autres formations de l’opposition, qui face à une coalition dominante au pouvoir étaient initialement indécis sur le projet de loi, s’y sont de plus en plus opposés, constatant le nombre croissant de manifestations reprises par voie de presse, notamment au travers de l’Asahi Shimbun, relais principal du pacifisme nippon depuis la seconde guerre mondiale,



 
    - Enfin, le terrain du web est occupé par les rivaux régionaux, Chine, Corée du Sud et Corée du Nord (l’Asie du Sud-Est étant plutôt favorable), au travers d’agences de presse officielles et d’associations civiles.

Ces acteurs ont choisi trois angles d’attaque :


    1. - Renvoyer aux crimes de guerre japonais durant les années 30/40 et au devoir de repentance,



 


    1. - Présenter l’usage classique de la majorité parlementaire comme un déni de démocratie,



 
    - Ouvrir la voie à la résurgence d’un nationalisme nippon et aux velléités d’expansion.

Notons que pour l’instant au Japon, à peine 11 % des jeunes seraient prêts à mourir pour leur pays, contre 71 % en Chine (et même 33 % en France).