Le discours officiel des pays occidentaux répète à outrance que dans le conflit syrien, le Président russe Poutine a un rôle ambigu. Il soutiendrait le pouvoir en place et oublie de s’en prendre à DAESH pour ne lutter que contre les opposants à Bachar el-Asad. Force est de constater que les critiques lancées par les chancelleries occidentales n’ont pas un effet déterminant et cela malgré le relai des médias aux Etats-Unis et en Europe. Comment expliquer qu’en l’espace de quelques mois, la Russie occupe désormais la place de chevalier blanc à la place du monde occidental qui revendique le statut de défenseur de la démocratie et des Droits de l’homme ? La non lisibilité de la politique américaine résulte du grand écart de Washington qui s’est piégé par la volonté de renverser Assad et la nécessité de soutenir Al Qaida afin d’atteindre cet objectif… Mais il est clair que, dans ce dossier syrien, le chef du pouvoir exécutif russe, au-delà de son talent à exploiter une telle brèche, a démontré sa maîtrise de la communication et sa capacité à occuper un terrain médiatique mondial.
Une bataille informationnelle sur deux fronts
Il a d’abord fallu convaincre l’opinion publique russe de la légitimité de l’intervention et de la nécessaire protection des intérêts russes. Poutine dispose pour cela d’une presse nationale particulièrement docile et maîtrisée, avec notamment le groupe d’Etat VGTRK dont les chaînes Rossiya 1 et 2 (généralistes) et Rossiya 24 (information en continu) ont largement participé au retournement de l’opinion en faveur de l’intervention en Syrie.
Sur le modèle de ce qui s’était passé pour l’Ukraine, la Syrie est devenue le nouveau blockbuster de la propagande de ces chaines publiques qui vont jusqu’à utiliser la météo pour présenter les conditions idéales de bombardement.
Mais cette guerre de l’information vise également l’opinion internationale qu’il convient de convaincre de la légitimité et de la justesse de la position du président Poutine tout en mettant en évidence les incohérences ou les limites (donc le caractère partial) de la position des occidentaux. Pour se faire, depuis 2005, la chaîne RT (Russia Today) diffuse en plusieurs langues européennes et en arabe une version pro-russe de l’actualité internationale. Visiblement cela ne devait pas suffire. En décembre 2013, Poutine crée par décret un nouvel organe de communication destiné à l’international – ROSSIA SEGODNIA – qui regroupe la radio La voix de la Russie et l’ancienne agence de presse RIA Novosti (déjà propriétaire de la chaîne RT). L’ensemble est rebaptisé Sputnik (la radio, l’agence de presse et le site d’informations en ligne), vocable qui ne dissimule pas totalement l’idée de conquête qui a présidé à la mise en œuvre de ce plan de communication. Leurs parts d’audience sont déjà très importantes en Europe et aux USA.
De même, la Rossiyskaya Gazeta (maison d’édition à double statut : équivalent du journal officiel et organe de presse traditionnel) a financé le projet RBTH (Russia Behond The Headlines) qui "éclaire les évènements et phénomènes qui se produisent en Russie" en publiant des suppléments dans 29 journaux occidentaux dont Le Figaro et 22 sites d’information (le tout en 16 langues).
Les réseaux sociaux intronisés comme arme de contre information
Les réseaux sociaux ne sont pas oubliés. Facebook et Twitter notamment où les services diplomatiques russes n’hésitent pas à utiliser ces outils pour engager avec humour une joute avec David Cameron ou répondre sur le même ton aux "railleries" de la délégation canadienne à l’OTAN lors du conflit ukrainien. Tous les instruments sont en place pour convaincre la communauté internationale et orienter ses opinions publiques. A tel point que certains, comme de hauts responsables orthodoxes, finissent par soutenir l’action de Poutine en Syrie, ce qui a un fort impact en Europe et dans le monde chrétien culpabilisé de sa propre passivité face aux persécutions des chrétiens d’Orient. La réussite est quasiment assurée faute d’adversaires. Seules quelques déclarations faîtes à la presse des chefs d’Etat français et américains tentent de contredire Poutine sans même prendre la précaution d’être audibles de leur propre population. Les sites Sputnik ou RT prennent souvent le contrepied des dépêches d’agence occidentales, qui se laissent un peu trop facilement instrumentalisées par des officines proches à la fois de structures anglo-saxonnes et des groupes pro jihadistes comme l’Observatoire Syrien des Droits de l’homme (OSDH). Certains experts militaires français ont beau mettre en garde leurs lecteurs sur la fiabilité des informations diffusées sur ces sites russes, les médias occidentaux ont perdu une bonne partie de leur crédibilité à partir du moment où ils relayent des informations émanant de structures profilées sur le terrain des Droits de l’homme mais qui sont en réalité des structures de propagande déguisées.
Une bataille informationnelle sur deux fronts
Il a d’abord fallu convaincre l’opinion publique russe de la légitimité de l’intervention et de la nécessaire protection des intérêts russes. Poutine dispose pour cela d’une presse nationale particulièrement docile et maîtrisée, avec notamment le groupe d’Etat VGTRK dont les chaînes Rossiya 1 et 2 (généralistes) et Rossiya 24 (information en continu) ont largement participé au retournement de l’opinion en faveur de l’intervention en Syrie.
Sur le modèle de ce qui s’était passé pour l’Ukraine, la Syrie est devenue le nouveau blockbuster de la propagande de ces chaines publiques qui vont jusqu’à utiliser la météo pour présenter les conditions idéales de bombardement.
Mais cette guerre de l’information vise également l’opinion internationale qu’il convient de convaincre de la légitimité et de la justesse de la position du président Poutine tout en mettant en évidence les incohérences ou les limites (donc le caractère partial) de la position des occidentaux. Pour se faire, depuis 2005, la chaîne RT (Russia Today) diffuse en plusieurs langues européennes et en arabe une version pro-russe de l’actualité internationale. Visiblement cela ne devait pas suffire. En décembre 2013, Poutine crée par décret un nouvel organe de communication destiné à l’international – ROSSIA SEGODNIA – qui regroupe la radio La voix de la Russie et l’ancienne agence de presse RIA Novosti (déjà propriétaire de la chaîne RT). L’ensemble est rebaptisé Sputnik (la radio, l’agence de presse et le site d’informations en ligne), vocable qui ne dissimule pas totalement l’idée de conquête qui a présidé à la mise en œuvre de ce plan de communication. Leurs parts d’audience sont déjà très importantes en Europe et aux USA.
De même, la Rossiyskaya Gazeta (maison d’édition à double statut : équivalent du journal officiel et organe de presse traditionnel) a financé le projet RBTH (Russia Behond The Headlines) qui "éclaire les évènements et phénomènes qui se produisent en Russie" en publiant des suppléments dans 29 journaux occidentaux dont Le Figaro et 22 sites d’information (le tout en 16 langues).
Les réseaux sociaux intronisés comme arme de contre information
Les réseaux sociaux ne sont pas oubliés. Facebook et Twitter notamment où les services diplomatiques russes n’hésitent pas à utiliser ces outils pour engager avec humour une joute avec David Cameron ou répondre sur le même ton aux "railleries" de la délégation canadienne à l’OTAN lors du conflit ukrainien. Tous les instruments sont en place pour convaincre la communauté internationale et orienter ses opinions publiques. A tel point que certains, comme de hauts responsables orthodoxes, finissent par soutenir l’action de Poutine en Syrie, ce qui a un fort impact en Europe et dans le monde chrétien culpabilisé de sa propre passivité face aux persécutions des chrétiens d’Orient. La réussite est quasiment assurée faute d’adversaires. Seules quelques déclarations faîtes à la presse des chefs d’Etat français et américains tentent de contredire Poutine sans même prendre la précaution d’être audibles de leur propre population. Les sites Sputnik ou RT prennent souvent le contrepied des dépêches d’agence occidentales, qui se laissent un peu trop facilement instrumentalisées par des officines proches à la fois de structures anglo-saxonnes et des groupes pro jihadistes comme l’Observatoire Syrien des Droits de l’homme (OSDH). Certains experts militaires français ont beau mettre en garde leurs lecteurs sur la fiabilité des informations diffusées sur ces sites russes, les médias occidentaux ont perdu une bonne partie de leur crédibilité à partir du moment où ils relayent des informations émanant de structures profilées sur le terrain des Droits de l’homme mais qui sont en réalité des structures de propagande déguisées.