La levée de l’embargo américain met-elle fin à la guerre de l’information entre les anticastristes et les procastristes
La levée de l’embargo économique contre Cuba est un sujet majeur en termes de guerre de l’information. Effectivement, nous avons d’une part les arguments qui plaident pour une future économie florissante et d’autre part une guerre idéologique qui reste encore très violente.
Les germes d’un conflit informationnel futur
L’annonce du rapprochement des deux blocs a fait réagir l’ensemble de la population cubaine et plus particulièrement la diaspora regroupée de façon massive en Floride. Cette population de 1,5 million, à forte tendance républicaine, par l’intermédiaire de mécanismes d’influence diverses, notamment une influence politique directe sur les choix de Washington, exerce une force de lobbying fort au niveau du congrès. Effectivement, le congrès constitue un obstacle majeur à la levée de l’embargo, en tenant compte de la majorité républicaine, ayant le contrôle du Sénat et la majorité à la Chambre des représentants. Des actions sont organisées parmi les partisans du blocus, ciblant directement les « faiseurs de lois » (Lawmakers) en envoyant les Young Leaders à Washington, également en communiquant via les réseaux sociaux afin de diffuser des informations de sensibilisation sur la liberté du peuple cubain et leur souhait de voir émerger une « démocratie » à la place du régime actuel. Somme toute, nous avons là une offensive informationnelle et idéologique mettant en exergue un peuple opprimé pour légitimer l’action d’affaiblir le pouvoir en place, dans la continuité de ce qui a été fait durant les 50 dernières années, en insistant sur le fait que la levée de l’embargo ne fera que renforcer le pouvoir sur place et donc réduire la place des droits de l’homme à Cuba. Cette volonté de déstabilisation du pouvoir a pu également se voir, dans le passé, avec la loi de Torricelli, précisant qu’un « budget est alloué au financement d’une opposition interne à Cuba » à la section 1705, favorisant ainsi les influences idéologiques par l’intermédiaire de la transmission radiale, télévisée, etc.
Aligné sur cette pratique, le cas le plus célèbre reste la mise en place du réseau social Zunzuneo en 2009, de manière détournée, par l’USAID (U.S. Agency for International Development) et l’entreprise privée Creative Associates International, un réseau social semblable à Twitter, qui selon l’agence de presse Associated Press, a été secrètement financé par les Etats-Unis afin de déstabiliser le partie communiste cubain. En effet, l’objectif a été d’avoir le maximum d’utilisateurs pour le réseau social (40.000 usagers avant son interdiction par le pouvoir cubain), afin de recueillir les informations personnelles des utilisateurs et connaitre leurs orientations politiques, puis à terme déverser des contenus politiques ayant pour but d’influencer une partie de la population cubaine. En parallèle des actions d’influence numérique, une autre action d’opposition est également observable visant la société civile, et cela prendra tout son sens au sommet des Amériques à Panama, promettant une couverture médiatique de taille, où des activistes populaires tels que des journalistes, des blogueurs, des représentants des droits de l’Homme et des artistes viendront remplir les rangs pour promouvoir les droits de l’homme à Cuba.
Les forces qui cherchent à temporiser
Dans la vague inverse, nous avons le poids de la communauté internationale et plus particulièrement de la CELAC (Community of Latin American and Caribbean States) qui est contre la volonté des Etats-Unis d’inclure Cuba dans la liste des pays qui soutiennent le terrorisme. La communauté avoisinante est en faveur de Cuba en ce qui concerne la protection de son indépendance politique ou du moins de sa souveraineté politique. Cet appui est très positif pour Cuba et le retrait de la liste rentre d’ailleurs dans les conditions que le président cubain impose avant la levée de l’embargo. Pour l’Union Européenne, le rapprochement avec Cuba est également un sujet d’une grande importance, étant le premier partenaire commercial de Cuba. Officiellement les droits de l’homme restent au cœur du mandat de la Commission européenne mais « derrière les portes closes on n’aborde pas ou peu les dossiers qui fâchent », confie un membre de l’équipe de Federica Mogherini. Selon lui, la stratégie de la chef de la diplomatie européenne vise d’abord à normaliser la relation pour mieux peser, ensuite, sur le processus de démocratisation de l’île. Il s’agit là d’une information capitale sachant qu’elle souligne que le processus de rapprochement, qui prend la forme de liens économiques, entraîne avec elle une volonté de normalisation idéologique également. D’ailleurs, il est tout à fait compréhensible que suite à l’ouverture des portes, et donc à l’exposition aux différentes influences, l’augmentation des mouvements d’oppositions fragilisera de façon certaine le régime en place. Mais dans la configuration actuelle de l’économie cubaine, le régime de Raul Castro, malgré les possibilités de déstabilisation future, a besoin d’un renfort économique pour relancer Cuba et améliorer les infrastructures sur place, ce qui explique les apparitions médiatiques du président Cubain avec les plus grandes puissances du monde, exprimant une volonté forte de réintroduction dans l’échiquier économique mondial.
Cependant, la volonté de maintenir une politique idéologique équivalente reste un socle sur lequel le Président cubain s’accroche, notamment dans le fait de montrer de façon claire dans la presse sa position à l’encontre des Etats-Unis, apportant son vif soutien pour le Venezuela (après l'annonce par Washington de sanctions contre de hauts responsables vénézuéliens) et en même temps, en continuant à maintenir ses rapports quasiment fraternels avec la Russie dans des perspectives de collaboration future, sur les problématiques d’énergie par exemple. D’un autre côté, pour confirmer la volonté de Washington, le président Barack Obama, annonce ses premières actions de rapprochement telles que l’ouverture d’une ambassade américaine à la Havane, ce qui affirme sans hésitation sa volonté d’avancer dans ce sens.
Sources:
www.granma.cu/idiomas/frances/notre-amerique/8mayo-celac.html
www.lemoci.com/ue-cuba-bruxelles-et-la-havane-veulent-sceller-leur-rapprochement-dici-fin-2015/#sthash.N2MpbChn.dpuf
www.theguardian.com/world/2014/apr/03/white-house-cuban-twitter-zunzuneo-covert
www.huffingtonpost.com/sarah-stephens/usaids-twitter-trojan-hor_b_5142166.html
http://miamiherald.typepad.com/nakedpolitics/2015/03/us-cuba-democracy-pac-sending-young-leaders-to-dc-to-fight-new-policy.html
www.lemoci.com/ue-cuba-bruxelles-et-la-havane-veulent-sceller-leur-rapprochement-dici-fin-2015/
www.lemonde.fr/ameriques/article/2015/03/16/tensions-avec-les-etats-unis-le-president-du-venezuela-obtient-des-pouvoirs-speciaux_4593942_3222.html
Les germes d’un conflit informationnel futur
L’annonce du rapprochement des deux blocs a fait réagir l’ensemble de la population cubaine et plus particulièrement la diaspora regroupée de façon massive en Floride. Cette population de 1,5 million, à forte tendance républicaine, par l’intermédiaire de mécanismes d’influence diverses, notamment une influence politique directe sur les choix de Washington, exerce une force de lobbying fort au niveau du congrès. Effectivement, le congrès constitue un obstacle majeur à la levée de l’embargo, en tenant compte de la majorité républicaine, ayant le contrôle du Sénat et la majorité à la Chambre des représentants. Des actions sont organisées parmi les partisans du blocus, ciblant directement les « faiseurs de lois » (Lawmakers) en envoyant les Young Leaders à Washington, également en communiquant via les réseaux sociaux afin de diffuser des informations de sensibilisation sur la liberté du peuple cubain et leur souhait de voir émerger une « démocratie » à la place du régime actuel. Somme toute, nous avons là une offensive informationnelle et idéologique mettant en exergue un peuple opprimé pour légitimer l’action d’affaiblir le pouvoir en place, dans la continuité de ce qui a été fait durant les 50 dernières années, en insistant sur le fait que la levée de l’embargo ne fera que renforcer le pouvoir sur place et donc réduire la place des droits de l’homme à Cuba. Cette volonté de déstabilisation du pouvoir a pu également se voir, dans le passé, avec la loi de Torricelli, précisant qu’un « budget est alloué au financement d’une opposition interne à Cuba » à la section 1705, favorisant ainsi les influences idéologiques par l’intermédiaire de la transmission radiale, télévisée, etc.
Aligné sur cette pratique, le cas le plus célèbre reste la mise en place du réseau social Zunzuneo en 2009, de manière détournée, par l’USAID (U.S. Agency for International Development) et l’entreprise privée Creative Associates International, un réseau social semblable à Twitter, qui selon l’agence de presse Associated Press, a été secrètement financé par les Etats-Unis afin de déstabiliser le partie communiste cubain. En effet, l’objectif a été d’avoir le maximum d’utilisateurs pour le réseau social (40.000 usagers avant son interdiction par le pouvoir cubain), afin de recueillir les informations personnelles des utilisateurs et connaitre leurs orientations politiques, puis à terme déverser des contenus politiques ayant pour but d’influencer une partie de la population cubaine. En parallèle des actions d’influence numérique, une autre action d’opposition est également observable visant la société civile, et cela prendra tout son sens au sommet des Amériques à Panama, promettant une couverture médiatique de taille, où des activistes populaires tels que des journalistes, des blogueurs, des représentants des droits de l’Homme et des artistes viendront remplir les rangs pour promouvoir les droits de l’homme à Cuba.
Les forces qui cherchent à temporiser
Dans la vague inverse, nous avons le poids de la communauté internationale et plus particulièrement de la CELAC (Community of Latin American and Caribbean States) qui est contre la volonté des Etats-Unis d’inclure Cuba dans la liste des pays qui soutiennent le terrorisme. La communauté avoisinante est en faveur de Cuba en ce qui concerne la protection de son indépendance politique ou du moins de sa souveraineté politique. Cet appui est très positif pour Cuba et le retrait de la liste rentre d’ailleurs dans les conditions que le président cubain impose avant la levée de l’embargo. Pour l’Union Européenne, le rapprochement avec Cuba est également un sujet d’une grande importance, étant le premier partenaire commercial de Cuba. Officiellement les droits de l’homme restent au cœur du mandat de la Commission européenne mais « derrière les portes closes on n’aborde pas ou peu les dossiers qui fâchent », confie un membre de l’équipe de Federica Mogherini. Selon lui, la stratégie de la chef de la diplomatie européenne vise d’abord à normaliser la relation pour mieux peser, ensuite, sur le processus de démocratisation de l’île. Il s’agit là d’une information capitale sachant qu’elle souligne que le processus de rapprochement, qui prend la forme de liens économiques, entraîne avec elle une volonté de normalisation idéologique également. D’ailleurs, il est tout à fait compréhensible que suite à l’ouverture des portes, et donc à l’exposition aux différentes influences, l’augmentation des mouvements d’oppositions fragilisera de façon certaine le régime en place. Mais dans la configuration actuelle de l’économie cubaine, le régime de Raul Castro, malgré les possibilités de déstabilisation future, a besoin d’un renfort économique pour relancer Cuba et améliorer les infrastructures sur place, ce qui explique les apparitions médiatiques du président Cubain avec les plus grandes puissances du monde, exprimant une volonté forte de réintroduction dans l’échiquier économique mondial.
Cependant, la volonté de maintenir une politique idéologique équivalente reste un socle sur lequel le Président cubain s’accroche, notamment dans le fait de montrer de façon claire dans la presse sa position à l’encontre des Etats-Unis, apportant son vif soutien pour le Venezuela (après l'annonce par Washington de sanctions contre de hauts responsables vénézuéliens) et en même temps, en continuant à maintenir ses rapports quasiment fraternels avec la Russie dans des perspectives de collaboration future, sur les problématiques d’énergie par exemple. D’un autre côté, pour confirmer la volonté de Washington, le président Barack Obama, annonce ses premières actions de rapprochement telles que l’ouverture d’une ambassade américaine à la Havane, ce qui affirme sans hésitation sa volonté d’avancer dans ce sens.
Sources:
www.granma.cu/idiomas/frances/notre-amerique/8mayo-celac.html
www.lemoci.com/ue-cuba-bruxelles-et-la-havane-veulent-sceller-leur-rapprochement-dici-fin-2015/#sthash.N2MpbChn.dpuf
www.theguardian.com/world/2014/apr/03/white-house-cuban-twitter-zunzuneo-covert
www.huffingtonpost.com/sarah-stephens/usaids-twitter-trojan-hor_b_5142166.html
http://miamiherald.typepad.com/nakedpolitics/2015/03/us-cuba-democracy-pac-sending-young-leaders-to-dc-to-fight-new-policy.html
www.lemoci.com/ue-cuba-bruxelles-et-la-havane-veulent-sceller-leur-rapprochement-dici-fin-2015/
www.lemonde.fr/ameriques/article/2015/03/16/tensions-avec-les-etats-unis-le-president-du-venezuela-obtient-des-pouvoirs-speciaux_4593942_3222.html