Iran: La realpolitik américaine, ou l’art de promouvoir ses intérêts stratégiques
L’Iran nucléaire mythe ou réalité ?
Après des décennies de confrontation, marquées à la fois par des pressions politiques multiformes, et un embargo économique soutenu, un espoir de règlement de l’enjeu principal affiché, à savoir le programme nucléaire de l’Iran semble se dessiner; ce dernier devant être confirmé à la fin du mois de Juin 2015.
Il convient de rappeler, que la confrontation a eu pour principaux protagonistes, d’un côté, les USA, en tant qu’acteur principal, lesquels ont satellisé autour d’eux leurs alliés traditionnels que sont Israël et les pays sunnites du Golf, et d’un autre côté, l’Iran, avec en renfort les populations chiites de la région, et les bons offices de la Russie et de la Chine, pour des raisons stratégiques et économiques.
Les enchères auxquelles nous avons assisté lors des négociations de Lausanne, sur la dénucléarisation de l’Iran, cachent en réalité des enjeux beaucoup plus subtils, que ceux qui ont été étalés sur la place publique.
Confrontation médiatique
Les protagonistes officiels et officieux qui sont le Groupe des 5+1, Israël, les pays sunnites du Golf et l’Iran, se sont livrés à une véritable guerre médiatique, dont l’enjeu n’est rien d’autre que le repositionnement de l’Iran comme acteur central de la géostratégie régionale, au détriment d’Israël et des Etats sunnites, qui se sont, ironie de l’histoire, retrouvés dans les mêmes tranchées. Le battage médiatique sur les dangers d’un Iran détenteur de l’arme nucléaire était en fait un moyen pour les Iraniens de vendre très chèrement la « dénucléarisation », en contrepartie non seulement de la levée de l’embargo, mais aussi de sa reconnaissance en tant que puissance régionale et d’allié stratégique, et pour Israël, de vendre très chèrement leur acceptation de l’accord.
A ce jeu, il faut reconnaitre que les Iraniens ont fait montre de d’avantage de subtilités, dans la distribution des rôles, entre l’aile réformiste menée par Rohani, qui prône la reconstitution de liens avec l’occident, et la normalisation, et les conservateurs incarnés par les Mollahs et les Pasdarans, plus enclins au jusqu’au-boutisme.
Les Israéliens, ont de leur côté étalé au grand jour leurs divergences d’opinions, entre d’une part l‘aile Ultra menée par Netanyahu, et celles de nombreux responsables politiques et anciens chefs des services secrets, pour lesquels « l’Iran nucléaire ne constitue pas la menace principale pour Israël », l’essentiel étant de préserver une relation très forte avec les Etats-Unis, mise à mal par l’intervention de Netanyahu au congrès Américain.
Ce dernier a essayé très maladroitement de peser sur les décisions stratégiques de l’administration américaine, en essayant d’exercer sur celles-ci des pressions notamment , sur un congrès majoritairement républicain, et en actionnant les relais d’influence aux Etats-Unis, que sont l’AIPAC , et les médias traditionnellement acquis à leur cause ( Wallstreet Journal, Fox news,…).
Il faut noter que l’essentiel des relais médiatiques américains, conscient de l’impopularité de cette tentative d’immixtion se sont bien gardés de s’engager dans ce débat. L’Administration américaine a quant à elle préféré se draper dans le principe de la séparation des pouvoirs, et dans la volonté féroce de la majorité de l’électorat américain à s’en tenir à cette règle.
Habilement, Le Président Obama, par un formidable raccourci, a fait apparaitre le discours de Netanyahu devant le congrès réuni, comme étant une atteinte à ses prérogatives constitutionnelles. Les Israéliens, ont également tenté de saborder à leur avantage les discussions de Lausanne, via la diplomatie française, acquise aux thèses du Likoud, mais qui ne pèse pas d’un grand poids, face au rouleau compresseur américain. En réalité, la position israélienne s’explique par le fait que Netanyahu, ne pouvait pas supporter l’émergence d’un contrepoids régional, qui ferait de l’ombre à la relation quasi filiale entre les Etats-Unis et Israël.
Repositionnement stratégique de l’Iran
Les Etats-Unis, quant à eux, sortis de la dépendance vis-à-vis du pétrole du moyen orient, voient l’Iran, comme un allié géostratégique majeur capable de contrôler la région du Caucase, historiquement et géographiquement liée à l’Iran, et ce partant de rompre la continuité de l’arc communiste URSS /Chine, que les Etats-Unis craignent voir se reconstituer. En substance, les Etats-Unis avec le consentement de l’Iran, ont amené l’opinion publique internationale sur le terrain de la dénucléarisation, grâce à une couverture médiatique orientée, alors que les enjeux véritables étaient ailleurs.
On ne peut qu’être admiratif devant le brio d’une telle stratégie, lorsque l’on sait que dans les 5+1, il y avait la Russie et la Chine. Les autres grands perdants dans l’histoire sont les sunnites, le royaume wahhabite en particulier, ainsi que la Turquie, qui semble disposer d’un autre agenda dans la région. La stratégie adoptée dans le cas Iran, reliée au réchauffement en cours avec Cuba, renseigne sur le pragmatisme de la diplomatie américaine, et sur ses capacités à transcender des conflits apparaissant jusque là insurmontables.
Après des décennies de confrontation, marquées à la fois par des pressions politiques multiformes, et un embargo économique soutenu, un espoir de règlement de l’enjeu principal affiché, à savoir le programme nucléaire de l’Iran semble se dessiner; ce dernier devant être confirmé à la fin du mois de Juin 2015.
Il convient de rappeler, que la confrontation a eu pour principaux protagonistes, d’un côté, les USA, en tant qu’acteur principal, lesquels ont satellisé autour d’eux leurs alliés traditionnels que sont Israël et les pays sunnites du Golf, et d’un autre côté, l’Iran, avec en renfort les populations chiites de la région, et les bons offices de la Russie et de la Chine, pour des raisons stratégiques et économiques.
Les enchères auxquelles nous avons assisté lors des négociations de Lausanne, sur la dénucléarisation de l’Iran, cachent en réalité des enjeux beaucoup plus subtils, que ceux qui ont été étalés sur la place publique.
Confrontation médiatique
Les protagonistes officiels et officieux qui sont le Groupe des 5+1, Israël, les pays sunnites du Golf et l’Iran, se sont livrés à une véritable guerre médiatique, dont l’enjeu n’est rien d’autre que le repositionnement de l’Iran comme acteur central de la géostratégie régionale, au détriment d’Israël et des Etats sunnites, qui se sont, ironie de l’histoire, retrouvés dans les mêmes tranchées. Le battage médiatique sur les dangers d’un Iran détenteur de l’arme nucléaire était en fait un moyen pour les Iraniens de vendre très chèrement la « dénucléarisation », en contrepartie non seulement de la levée de l’embargo, mais aussi de sa reconnaissance en tant que puissance régionale et d’allié stratégique, et pour Israël, de vendre très chèrement leur acceptation de l’accord.
A ce jeu, il faut reconnaitre que les Iraniens ont fait montre de d’avantage de subtilités, dans la distribution des rôles, entre l’aile réformiste menée par Rohani, qui prône la reconstitution de liens avec l’occident, et la normalisation, et les conservateurs incarnés par les Mollahs et les Pasdarans, plus enclins au jusqu’au-boutisme.
Les Israéliens, ont de leur côté étalé au grand jour leurs divergences d’opinions, entre d’une part l‘aile Ultra menée par Netanyahu, et celles de nombreux responsables politiques et anciens chefs des services secrets, pour lesquels « l’Iran nucléaire ne constitue pas la menace principale pour Israël », l’essentiel étant de préserver une relation très forte avec les Etats-Unis, mise à mal par l’intervention de Netanyahu au congrès Américain.
Ce dernier a essayé très maladroitement de peser sur les décisions stratégiques de l’administration américaine, en essayant d’exercer sur celles-ci des pressions notamment , sur un congrès majoritairement républicain, et en actionnant les relais d’influence aux Etats-Unis, que sont l’AIPAC , et les médias traditionnellement acquis à leur cause ( Wallstreet Journal, Fox news,…).
Il faut noter que l’essentiel des relais médiatiques américains, conscient de l’impopularité de cette tentative d’immixtion se sont bien gardés de s’engager dans ce débat. L’Administration américaine a quant à elle préféré se draper dans le principe de la séparation des pouvoirs, et dans la volonté féroce de la majorité de l’électorat américain à s’en tenir à cette règle.
Habilement, Le Président Obama, par un formidable raccourci, a fait apparaitre le discours de Netanyahu devant le congrès réuni, comme étant une atteinte à ses prérogatives constitutionnelles. Les Israéliens, ont également tenté de saborder à leur avantage les discussions de Lausanne, via la diplomatie française, acquise aux thèses du Likoud, mais qui ne pèse pas d’un grand poids, face au rouleau compresseur américain. En réalité, la position israélienne s’explique par le fait que Netanyahu, ne pouvait pas supporter l’émergence d’un contrepoids régional, qui ferait de l’ombre à la relation quasi filiale entre les Etats-Unis et Israël.
Repositionnement stratégique de l’Iran
Les Etats-Unis, quant à eux, sortis de la dépendance vis-à-vis du pétrole du moyen orient, voient l’Iran, comme un allié géostratégique majeur capable de contrôler la région du Caucase, historiquement et géographiquement liée à l’Iran, et ce partant de rompre la continuité de l’arc communiste URSS /Chine, que les Etats-Unis craignent voir se reconstituer. En substance, les Etats-Unis avec le consentement de l’Iran, ont amené l’opinion publique internationale sur le terrain de la dénucléarisation, grâce à une couverture médiatique orientée, alors que les enjeux véritables étaient ailleurs.
On ne peut qu’être admiratif devant le brio d’une telle stratégie, lorsque l’on sait que dans les 5+1, il y avait la Russie et la Chine. Les autres grands perdants dans l’histoire sont les sunnites, le royaume wahhabite en particulier, ainsi que la Turquie, qui semble disposer d’un autre agenda dans la région. La stratégie adoptée dans le cas Iran, reliée au réchauffement en cours avec Cuba, renseigne sur le pragmatisme de la diplomatie américaine, et sur ses capacités à transcender des conflits apparaissant jusque là insurmontables.