Le développement de la société de l'information et plus précisément du monde immatériel soulève de nombreux débats comme la question du transhumanisme ou la volonté affichée par les initiateurs de Google de "vaincre la mort" grâce au progrès de la technologie. Ces questions sont légitimes dans la mesure où elles interpellent les êtres humains dans ce qu'ils ont de plus essentiel : le rapport à la vie et leur liberté de choisir la définition de leur existence. L'innovation technologique est d'une certaine manière prise en otage par ces déclarations intempestives. Il est donc logique que l'on y accorde une certaine attention, ne serait-ce que pour évaluer leur impact dans nos sociétés et avoir un niveau de vigilance à la hauteur des problèmes soulevés par ces visions énoncées par certains leaders de firmes positionnées aux Etats-Unis.
Etre vigilant ne veut pas dire se transformer en marchand de peur. C’est la tendance prise par une mouvance autour du site pièces et main d’œuvre, qui tire ses racines du gauchisme maoïste. La ville de Grenoble a occupé une place particulière dans l’activisme des années 70 au cours desquelles les pratiques contestataires y ont parfois été très violentes. Cette base militante s’est maintenue en activité au cours de ces quarante dernières années, en se rajeunissant et en changeant de positionnement idéologique. Ayant échoué dans leur démarche révolutionnaire initiée notamment sous la houlette de la Gauche Prolétarienne, cette mouvance s’est regroupée durant une période transitoire autour d’un journal Vérité Rhones Alpes puis s’est diluée tout en maintenant pour quelques-uns d’entre eux une liaison d’ordre amical. L’activisme militant s’est recomposé par la suite autour de plusieurs sites pièces et main d’œuvre, le postillon et les renseignements généreux. Ces différents sites ont développé localement un activisme plus ou moins virulent selon les sujets traités.
Cet activisme a construit sa légitimité sur la dénonciation d’actes de corruption (cf. l’affaire Carignon). Ce positionnement de lanceur d’alerte sur les questions de défense de la morale publique lui a donné l'accès au terrain politique, par le biais du militantisme écologiste. Mais la dynamique militante s’est mise à déraper lorsque certains membres de cette mouvance se sont autoproclamés les défenseurs de l’être humain contre le techno-totalitarisme. On aurait pu trouver logique que ces héritiers indirects de la lutte contre l’impérialisme américain traquent les éventuels professeurs Folamour de la recherche neuronale qui travaillent notamment pour le Pentagone. Mais le cette mouvance post-gauchiste a préféré s’attaquer à des cibles plus faciles au niveau local. Ces militants cherchent depuis plusieurs années à saboter des recherches menées dans les nanotechnologies et dans le domaine médical. Leur agressivité informationnelle a incité récemment Jean Peyrelevade à rédiger une tribune dans les Echos pour interpeller les verts et notamment Eric Piolle, le maire écologiste, sur la campagne menée par la mouvance de pièces et main d’œuvre contre le laboratoire Clinatec. Jean Peyrelevade rappelle à ce propos que Clinatec « est une plate-forme multimodale associant le CEA, le centre hospitalier universitaire, l’université Joseph-Fournier et l’Inserm. Cas unique au monde, le laboratoire est autorisé à mener des essais cliniques et dispose donc d’une équipe soignante et d’un bloc chirurgical. Que font les médecins, les ingénieurs, les physiciens réunis sur un même site ? Le centre est dédié aux maladies cérébrales et neurodégénératives (Parkinson, Alzheimer…). Il utilise pour les traiter les ressources conjuguées des nanotechnologies et de l’électronique ».
"Les lanceurs d’alerte" passent de la lutte morale à une version francisée de la théorie du complot. Leurs éléments de langage contiennent les ingrédients classiques de la parano bien pensante: « Le but revendiqué, officiel, de Clinatec, est de « nous mettre des nanos dans la tête ». En clair, des implants cérébraux. Pour être encore plus clair, le programme Clinatec travaille depuis 2006 dans une quasi clandestinité à l’interface cerveau-machine, à l’intrusion du pouvoir médical et politique dans notre for intérieur (espionnage, détection des intentions, décryptage des sentiments, reconnaissance de la « pensée »). L’interface primate-machine et, déjà, homme-machine, ouvre la porte, elle, au pilotage des rats, des macaques, des hommes – bref, à la production de robots humains, de « cyborgs » si vous voulez, « d’organismes cybernétiques ».
Il est plus facile de tenter de diaboliser la recherche médicale française que de s’attaquer aux déviances possibles des intérêts militaires américains. Pour résumer en des termes beaucoup moins policés que M. Peyrelevade, le sens de cette campagne de dénigrement, voilà ce qu’on pourrait dire : « Le courage de nos lanceurs d’alerte grenoblois s’arrête là où ils pourraient s’attirer de vrais emmerdes ». Est-il utile de rappeler que les services de sécurité américains manquent d’humour dans ce domaine. Les combattants grenoblois contre le technototalitarisme préfèrent jouer sur un terrain sans risque. Il leur est plus facile de perturber des réunions publiques en jouant sur le fait que les scientifiques et les start-up françaises de la nanotechnologie ne sont pas préparés à faire face à ce genre d’agitation, coupée/collée de la belle époque de l’activisme soixante-huitard. Les pouvoirs publics devenus très tolérants depuis les années 70 acceptent sans broncher la mise en ligne de reportages sur le domicile privé de certains dirigeants du CEA. Ce ciblage informationnel est présenté de manière bon enfant. Quelle menace pourrait présenter ces journalistes militants si attentifs à la défense de la cause du peuple savoyard ?
La question soulevée par ce genre de pratiques est plus sérieuse qu’il n’y parait. Il existe aujourd’hui dans la société civile plusieurs types de lanceurs d’alerte :
La polémique sur la finalité des recherches neuronales dans une optique de recherche de puissance est un véritable sujet qui ne doit pas être mené dans l’esprit d’une théorie du complot. Pour l’instant, la mouvance Pièces et main d’œuvre a choisi la facilité de la dérision et du discours sur la peur au risque de se perdre dans la démagogie.
Etre vigilant ne veut pas dire se transformer en marchand de peur. C’est la tendance prise par une mouvance autour du site pièces et main d’œuvre, qui tire ses racines du gauchisme maoïste. La ville de Grenoble a occupé une place particulière dans l’activisme des années 70 au cours desquelles les pratiques contestataires y ont parfois été très violentes. Cette base militante s’est maintenue en activité au cours de ces quarante dernières années, en se rajeunissant et en changeant de positionnement idéologique. Ayant échoué dans leur démarche révolutionnaire initiée notamment sous la houlette de la Gauche Prolétarienne, cette mouvance s’est regroupée durant une période transitoire autour d’un journal Vérité Rhones Alpes puis s’est diluée tout en maintenant pour quelques-uns d’entre eux une liaison d’ordre amical. L’activisme militant s’est recomposé par la suite autour de plusieurs sites pièces et main d’œuvre, le postillon et les renseignements généreux. Ces différents sites ont développé localement un activisme plus ou moins virulent selon les sujets traités.
Cet activisme a construit sa légitimité sur la dénonciation d’actes de corruption (cf. l’affaire Carignon). Ce positionnement de lanceur d’alerte sur les questions de défense de la morale publique lui a donné l'accès au terrain politique, par le biais du militantisme écologiste. Mais la dynamique militante s’est mise à déraper lorsque certains membres de cette mouvance se sont autoproclamés les défenseurs de l’être humain contre le techno-totalitarisme. On aurait pu trouver logique que ces héritiers indirects de la lutte contre l’impérialisme américain traquent les éventuels professeurs Folamour de la recherche neuronale qui travaillent notamment pour le Pentagone. Mais le cette mouvance post-gauchiste a préféré s’attaquer à des cibles plus faciles au niveau local. Ces militants cherchent depuis plusieurs années à saboter des recherches menées dans les nanotechnologies et dans le domaine médical. Leur agressivité informationnelle a incité récemment Jean Peyrelevade à rédiger une tribune dans les Echos pour interpeller les verts et notamment Eric Piolle, le maire écologiste, sur la campagne menée par la mouvance de pièces et main d’œuvre contre le laboratoire Clinatec. Jean Peyrelevade rappelle à ce propos que Clinatec « est une plate-forme multimodale associant le CEA, le centre hospitalier universitaire, l’université Joseph-Fournier et l’Inserm. Cas unique au monde, le laboratoire est autorisé à mener des essais cliniques et dispose donc d’une équipe soignante et d’un bloc chirurgical. Que font les médecins, les ingénieurs, les physiciens réunis sur un même site ? Le centre est dédié aux maladies cérébrales et neurodégénératives (Parkinson, Alzheimer…). Il utilise pour les traiter les ressources conjuguées des nanotechnologies et de l’électronique ».
"Les lanceurs d’alerte" passent de la lutte morale à une version francisée de la théorie du complot. Leurs éléments de langage contiennent les ingrédients classiques de la parano bien pensante: « Le but revendiqué, officiel, de Clinatec, est de « nous mettre des nanos dans la tête ». En clair, des implants cérébraux. Pour être encore plus clair, le programme Clinatec travaille depuis 2006 dans une quasi clandestinité à l’interface cerveau-machine, à l’intrusion du pouvoir médical et politique dans notre for intérieur (espionnage, détection des intentions, décryptage des sentiments, reconnaissance de la « pensée »). L’interface primate-machine et, déjà, homme-machine, ouvre la porte, elle, au pilotage des rats, des macaques, des hommes – bref, à la production de robots humains, de « cyborgs » si vous voulez, « d’organismes cybernétiques ».
Il est plus facile de tenter de diaboliser la recherche médicale française que de s’attaquer aux déviances possibles des intérêts militaires américains. Pour résumer en des termes beaucoup moins policés que M. Peyrelevade, le sens de cette campagne de dénigrement, voilà ce qu’on pourrait dire : « Le courage de nos lanceurs d’alerte grenoblois s’arrête là où ils pourraient s’attirer de vrais emmerdes ». Est-il utile de rappeler que les services de sécurité américains manquent d’humour dans ce domaine. Les combattants grenoblois contre le technototalitarisme préfèrent jouer sur un terrain sans risque. Il leur est plus facile de perturber des réunions publiques en jouant sur le fait que les scientifiques et les start-up françaises de la nanotechnologie ne sont pas préparés à faire face à ce genre d’agitation, coupée/collée de la belle époque de l’activisme soixante-huitard. Les pouvoirs publics devenus très tolérants depuis les années 70 acceptent sans broncher la mise en ligne de reportages sur le domicile privé de certains dirigeants du CEA. Ce ciblage informationnel est présenté de manière bon enfant. Quelle menace pourrait présenter ces journalistes militants si attentifs à la défense de la cause du peuple savoyard ?
La question soulevée par ce genre de pratiques est plus sérieuse qu’il n’y parait. Il existe aujourd’hui dans la société civile plusieurs types de lanceurs d’alerte :
- Ceux qui ont une utilité démontrée (cf. l’affaire du sang contaminé ou du médiator),
- Ceux qui défendent un engagement politique, culturel ou religieux et qui en assument les risques (cf. Edward Snowden).
- Ceux qui se créent des rentes de situation informationnelle en cultivant une certaine forme d’esprit subversif qui tourne en boucle dans des discussions entre amis.
La polémique sur la finalité des recherches neuronales dans une optique de recherche de puissance est un véritable sujet qui ne doit pas être mené dans l’esprit d’une théorie du complot. Pour l’instant, la mouvance Pièces et main d’œuvre a choisi la facilité de la dérision et du discours sur la peur au risque de se perdre dans la démagogie.