La France abandonne-t-elle sa souveraineté dans le stockage d’informations ?

Le gouvernement français privilégie une fois de plus le court terme et la politique du pire. La quête incessante d’argent pour combler le déficit de l’Etat amène le politique à abandonner toute vision lucide des enjeux pour se rabattre sur des solutions purement budgétaires. L’affaire Snowden a pourtant servi d’avertissement sur la nécessité absolue de protéger le stockage de la connaissance pour éviter des pertes de savoir et surtout de marchés, donc d’activités et d’emplois. Le ministère de l’Economie et des Finances a démontré une fois de qu’il n’était pas capable de dépasser une vision ancienne de notre dynamique de puissance. Les hauts fonctionnaires de Bercy ont intégré depuis des décennies le fait que l’approvisionnement en uranium de nos centrales nucléaires est un enjeu de puissance majeur. A contrario, ils n’ont toujours pas compris que la maîtrise sécuritaire de nos flux de connaissances est une condition sine qua non pour assurer le développement de nos entreprises dans le monde immatériel en émergence. La question du stockage des données, c’est-à-dire le cloud, est donc pour Bercy un non sujet stratégique. Selon Les Echos, sur les 150 millions d’euros que l’Etat prévoyait d’investir dans le Cloud souverain, moins de la moitié a été injectée et le solde ira à d’autres projets.
L’effort annoncé précédemment était pourtant déjà minime compte tenu de l’importance du problème. L’Etat entendait assurer à la France dans l'économie du Cloud, au nom notamment de "la souveraineté de nos pays". Les projets Cloudwatt et Numergy montraient déjà l’incapacité des parties prenantes françaises à constituer une démarche de taille critique pour faire face aux initiatives très « impéralistes » de nos alliés américains dans ce domaine qu’ils considèrent comme vital pour s’assurer non seulement le leadership sur le marché mondial de l’information mais aussi en termes de préservation de leurs intérêts de puissance. Espérons qu’Orange dont le PDG, Stéphane Richard a pris ma mesure géostratégique du problème, joue de son rôle d’opérateur historique pour relancer une solution française du cloud. Actionnaire de Cloudwatt, cherche à acquérir 100% du capital du fournisseur Cloud, rachetant ainsi les parts de la CDC (33,3%) et de Thales (22,2%).