Le financement du terrorisme islamiste

L'opacité et la désinformation pour brouiller les pistes


Malgré la documentation existante, le sujet du financement des groupes terroristes jihadistes (salafistes ou takfiri) est particulièrement délicat et complexe à éclaircir, pour au moins trois raisons :
- Les liens sont forcément occultés car tous les généreux donateurs tiennent à garder l’anonymat. Des transferts de fonds d’Al Qaïda au Yemen auraient transité par la place financière de Barhein… Avec des ressources pétrolières en baisse (plus qu’un seul puits exploité conjointement avec les Saoudiens) le petit royaume s’est diversifié dans la finance au milieu des années 80 en concurrençant Dubaï (cf. l’article du Crédit Suisse daté de 2010). Sur les 412 institutions financières enregistrées en 2010 sur la place financière de Barhein, moins d’une trentaine de banques considérées comme islamiques géraient près de trente milliards d’actifs financiers (cf. article du Figaro). Autant chercher une aiguille dans une botte de foin…
- Les circuits financiers évoluent en permanence car les intermédiaires (tant financiers que les organisations « caritatives et humanitaires ») sont régulièrement modifiés en fonction des contraintes de sécurité, des rapports d’intérêts et des changements d’alliance (notamment entre la CIA d’une part et les Etats du golfe et de la péninsule arabique (EAU, Arabie Saoudite, Yemen…) d’autre part ainsi qu’avec les frères musulmans (cf. les organisations + ou – caritatives qui émanent ou dépendent de l’organisation des frères musulmans, le Congrès Islamique Mondial, ou de la ligue islamique mondiale qui, elle, dépend des wahhabites d’Arabie Saoudite),
- Les modes de financement ont eux aussi évolué pour plus d’autonomie et d’opacité vers un « autofinancement » basé sur le développement d’activités criminelles (otages, trafic de drogue, trafic d’êtres humains, trafics d’organes, trafic d’armes…) à l’instar du financement des opérations spéciales de la CIA (une partie importante du transport de la drogue dans le monde serait assuré par la CIA… à l’exemple de la filière afghane d’opium base qui est chargé sur la base de l’ISAF à Kaboul sous la surveillance des GI’s dans les cargos de l’USAF et acheminé en Europe sur la base US de « l’OTAN » au Kosovo où les trafiquants kosovars et albanais viennent charger au cul des avions cargos…)

Contexte des rivalités géopolitiques aux Proche et Moyen Orients :


Depuis 2006 la CIA a fait appel aux services de généreux donateurs qataris pour le financement de DAESH (de 2006 à 2011+ ou – 30 Mds de $) via la plateforme financière de Dubai. Le Général Desporte, ancien directeur de l’Ecole de Guerre, a confirmé récemment que DAESH était né sous l’impulsion des Etats-Unis. Il est intéressant de rechercher les transferts opérés par des fonds souverains et vers des organisations humanitaires islamiques qui sont intervenues en Irak et en Syrie.  En février mars 2011 les Saoudiens dont les avoirs sont essentiellement déposés dans les banques de Barhein, sont directement intervenus pour « aider » la dynastie régnante à réprimer la révolte chiite et accessoirement sauver leurs avoirs. Après avoir soutenu l’alliance entre l’armée et les frères musulmans en Egypte, lorsqu’en juin 2013 les services de sécurité saoudiens découvrent le projet US-frères musulmans de déstabilisation de la famille saoud, ils favorisent le mouvement d’insurrection au Caire qui conduit à la destitution du Président égyptien Morsi mis en place par l’administration Obama et soutiennent le Général Sissi qui détiendrait des documents compromettant pour l’administration OBAMA. Il semble que ce projet de déstabilisation du pouvoir saoudien ait été envisagé par le président américain, empêtré dans sa promesse de campagne de lever le voile sur le fameux chapitre 28 de la commission d’enquête relatif au financement saoudien des attentats du 11 septembre. Depuis cette date, les relations entre Ryad et Washington ne sont plus au beau fixe.

Les vieilles méthodes sont toujours de rigueur


Enfin la dimension criminelle (trafic de drogue, trafic d’armes, trafic d’êtres humains voire d’organes, contrebande de matières premières…) a pris une place prépondérante dans « l’autofinancement » car la lutte contre le blanchiment d’argent et la traque financière des sources de financement a rendu beaucoup plus difficile le maquillage des virements « clandestins ». En fait les organisations clandestines reviennent aux anciennes méthodes pratiquées depuis longtemps et donc a fortiori la contrebande de pétrole, les trafics d’êtres humains voire d’organes et les prises d’otages en Syrie, en Irak comme au Sahel ou au Yémen constituent bien aujourd’hui des sources complémentaires d’autofinancement notamment pour DAESH. Dans le m^me ordre d’idées, il est aussi intéressant de visionner aussi cet interview d’un ancien dirigeant d’Al Qaida qui évoque le financement de DAESH en Irak et en Syrie
Il est évidemment commode de rayer d’un trait de plume l’ensemble de ces allégations au nom de la théorie du complot qui si elle est encore alimentée par de nombreux propos fantaisistes sur les récents attentats de Paris peut aussi à l’occasion être un excellent moyen de brouiller les cartes.