Les moyens d’influence sur les territoires informationnels des réseaux sociaux

« Content is King » Bill Gates – 1996. Partant de ce postulat, serait-il possible à moyen terme de construire des territoires informationnels tellement puissants sur les médias sociaux que ces derniers seraient capable d’influencer le monde ?
La réponse est oui en créant une multitude de profils avec des données sociales orientées et une activité sur les réseaux sociaux participant à une stratégie de conquête définie.
Le principal relai étant GNIP. Discrète et peu exposée, cette entreprise fondée en 2008 par Eric Marcoullier et Jud Valeski, deux experts de la nouvelle économie, est très certainement la plus connectée des sociétés. Elle se définit d’ailleurs comme « The grand central station for the social web ». Rachetée cette année par Twitter, elle peut dans un proche avenir lui offrir une position dominante sur le secteur des médias sociaux. Son concept : archiver, consolider, analyser et revendre les données des réseaux sociaux.
GNIP se développe sur deux axes : Le premier est l’agrégation de plus en plus de sources de données. En moins de six ans, les plus gros acteurs des réseaux sociaux deviennent des partenaires de premiers plans en agrégeant leurs données sur la plateforme. Le deuxième est le développement des outils de traitement de l’information, recherche par filtres en accès dédiés, mesure d’influence… Les partenaires technologiques ne s’y trompent pas et ils sont de plus en plus nombreux à rechercher la certification qui leur permet d’accéder au Firehose (le graal de Gnip). Mais peu décrochent le droit d’entrée, le ticket se négociant à des prix faramineux.
Concernant les partenaires ils proposent à leurs clients finaux des services d’analyses des données : R&D, santé, finances, géolocalisation, relation client…Les promesses produits et services sont intéressantes : temps réel, influence, opinions… Tout peut être scoré et relayé.
Les applications ? En 2010, moins de deux ans après sa création, GNIP signe un contrat avec Twitter et la Library of Congress, pour archiver les tweets des utilisateurs comme matériel de recherche et d’étude de la société contemporaine. Pourquoi pas ? Rappelons seulement que la Library of Congress dirige la Federal Research Division. Cette division spécialisée dans l’analyse et le traitement de l’information conduit des recherches pour le compte d’entreprises privées et du gouvernement américain sur les évolutions sociales, les tendances politiques et autres domaines, se devant d’éclairer les choix des entreprises ou des politiques.
Plus récemment ce sont des entreprises d’aide à la décision sur les marchés financiers qui se positionnent sur l’utilisation de ces données. Un bon exemple est la société StockTwits. Connectée en temps réel à une communauté de traders et d’investisseurs, il est assez facile d’y faire passer une rumeur et d’impacter le cours d’une valeur boursière pendant quelques minutes sans forcément être un as de la finance
Un cas concret ? L’exemple du 8/12/2014, qui sur le NYSE a fait décrocher pendant quelques minutes l’action de Twitter avant qu’un rebond ne suive et que les investisseurs ne prennent une position attentiste jusqu’à la fermeture impactant à la baisse la valeur de 5.72%, est assez parlant.
On peut donc imaginer à terme pouvoir équiper et former des forces de frappes citoyennes, financières, politiques et d’autres sphères pour utiliser à bon ou à mauvais escients la force de l’intelligence sociale collective.