Pourquoi Occupy Wall Street a échoué dans la tentative d’un Printemps occidental

Mouvement pacifiste d’une portée mondiale, fondé et organisé par des anarchistes  idéalistes, Occupy Wall Street (OWS) a pâti cruellement de son mode d’organisation et de l’absence d’objectif clairement et officiellement définie. Il aura de plus subi de plein fouet les pressions d’un système qui s’est défendu par la force lorsque cela s’est avéré nécessaire. Ces facteurs réunis malgré le soutien de nombreuses personnalités et de syndicats ont anéanti ce mouvement. La remarquable mobilisation d’OWS n’aura finalement rien changé. Occupy Wall Street aurait pu faire aboutir le printemps occidental s’il n’avait pas été un mouvement anarchique.
Imaginé en juin 2011 dans l’esprit des révolutions arabes par Kalle LASN, fondateur du journal canadien Adbuster, en collaboration avec Micah WHITE, un anarchiste de 29 ans, Occupy Wall Street avait pour objectif de dénoncer les dérives du capitaliste financier mondial. En septembre 2011, un millier de manifestants ont tout d’abord effectué un sit-in dans le parc Zuccotti, proche de Wall Street. Ensuite, plusieurs centaines d’entre eux s’y installèrent durant plusieurs semaines. Grâce aux réseaux sociaux, OWS a connu une croissance exponentielle en l’espace d’un mois en s’étendant dans plus de 100 villes aux États-Unis et plus de 1500 villes importantes dans près de 82 pays.
Par ailleurs, dans un contexte aussi tendu que celui des révolutions arabes qui ont surpris tous les gouvernants et face à l’ampleur d’une telle mobilisation sans leaders clairement identifiés, les forces de sécurité gouvernementales ont effectué une surveillance particulièrement pointue du mouvement Occupy Wall Street. Durant les deux mois d’occupation de la place Zuccotti, une répression policière sévère a eu lieu en réponse aux échauffourées et à la tentative des manifestants de fermer la bourse de New York. En effet, près de 700 arrestations ont été effectuées pour le seul mois d’octobre. Enfin, la dispersion forcée des manifestants, mi-novembre 2011, pour libérer la place Zuccotti, sonna la fin de la manifestation.
Plusieurs facteurs non exhaustifs expliquent la fragilité de ce mouvement. Tout d’abord, son organisation repose sur le principe de la démocratie directe participative et sur une hiérarchie « horizontale ». C’est là que le bât blesse. Cette structure très informelle met tous les acteurs au même niveau et impose que les décisions soient le fruit d’un consensus. Ce processus à l’inconvénient d’être particulièrement long et bloquant si les nombreux manifestants n’arrivent pas à trouver de terrain d’entente. Ce point particulier va d’ailleurs être amplifié par la charte que les organisateurs du mouvement ont intentionnellement rédigée sous un angle n’explicitant pas précisément la fin recherchée d’Occupy Wall Street. Celle-ci a été en effet écrite sous une forme assez consensuelle afin que le maximum de personnes y adhère et de ce fait, se mobilise. Le résultat ne se fera pas attendre. La mobilisation d’individus aux motivations et intentions aussi diverses que variées a été aussi massive que rapide. Ces différents facteurs réunis ont empêché les organisateurs de donner une nouvelle impulsion et orientation au mouvement lorsque cela s’est avéré nécessaire. Aujourd’hui, Occupy Wall Street continue, dans une moindre mesure, son activisme au profit des étudiants et des minorités. Les crises économiques qui secouent les nations sont loin d’être terminées et la résurgence d’un tel mouvement n’est donc pas à exclure.

Sources :
http://www.accuracy.org/release/two-years-later-what-happened-to-occupy-wall-street/
http://www.nycga.net/resources/documents/declaration/
http://occupywallst.org/about/
http://www.newyorker.com/magazine/2011/11/28/pre-occupied?currentPage=all
http://www.theguardian.com/cities/2014/jun/17/where-occupy-protesters-now-social-media
http://www.theguardian.com/money/2014/sep/17/occupy-activists-student-debt-corinthian-colleges