Parmi les multiples champs d’affrontement générés par la crise de l’Ukraine, la question du gaz de schiste occupe une place plutôt secondaire, mais caractérisée par une guerre informationnelle virulente entre les Etats-Unis et la Russie.
Le 26 mars 2014, lors de sa visite à Bruxelles le président Barack Obama incitait les Européens à réduire leur dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie, en diminuant leurs importations en gaz naturel russe (soit environ 30% du total des importations de gaz européennes) et en optant pour une politique d’importation massive de gaz de schiste américain.
Au passage, l’argument de l’indépendance énergétique européenne était mobilisé pour promouvoir et soutenir l’adoption rapide du Traité Transatlantique en cours de négociation entre les États-Unis et l’Europe.
La guerre de l’information russe contre le gaz de schiste
La partie russe n’avait pas attendu cette déclaration hostile américaine, pour organiser une guerre informationnelle coordonnée contre le gaz de schiste américain, depuis au moins 2012, mobilisant plusieurs acteurs différents exploitant des registres d’argumentation complémentaires.
Ainsi, la chaîne d’informations RT (Russia Today), fer de lance de la Russie en matière de d’influence et de guerre de l’information, attaque régulièrement, de manière critique et polémique, le gaz de schiste en général et l’industrie américaine du gaz de schiste en particulier. Différents angles d’attaques sont utilisés : certains classiques exploitent la polémique bien établie des nombreux dégâts environnementaux constatés aux Etats Unis (pollution générée par les techniques de fracturation , risques sismiques accrus etc.), d’autres plus originaux s’attachent à mettre en lumière les graves faiblesses du modèle économique de ce secteur ou encore la faible fiabilité des statistiques officielles américaines en matière de réserves énergétiques.
William Engdhal est l’un des nombreux experts occidents « dissidents » à intervenir sur RT sur différents sujets polémiques (énergie, OGM, mondialisation ….) et en particulier sur le gaz de schiste qu’il hésite pas à qualifier de vaste bulle financière frauduleuse . II intervient régulièrement sur le même thème sur un autre site, New Eastern Outlook, émanation de L’Institut d’études orientales de l’académie des sciences de Russie. S’appuyant sur les données économiques et financières émanant de l’industrie américaine du gaz de schiste et de nombreuses critiques poussées d’experts américains (géologues, analystes financiers, acteurs industriels) , il en dresse un tableau accablant voire apocalyptique.
Il décrit ainsi un secteur caractérisé par une surestimation générale des réserves de gaz facilitée par une législation laxiste, des taux de déclin extrêmement rapide des gisements exploités (avec statistiquement une chute de production des puits de 60% au bout d’un an d’exploitation) obligeant les entreprises du secteur à une fuite perpétuelle en avant pour forer de nouveaux puits afin préserver leur survie et leur valorisation boursière, des pertes financières colossales en raison de coûts d’investissement élevés et de prix de marché du gaz effondrés, un surendettement préoccupant pour l’ensemble des acteurs frôlant la quasi faillite pour certains, le tout prenant place au sein d'une bulle financière orchestrée par Wall Street …
Les actions américaines
Dans le camp américain, le PDG du géant américain Conoco Phillipps est monté récemment au créneau pour affirmer que la révolution du gaz de schiste n'en était encore qu'à ces débuts et que les critiques se trompaient au motif que dans le futur les avancées technologiques permettront de compenser la difficulté croissante de l’extraction.
La polémique entre Etats-Unis et Russie se déploie parallèlement sur le plan diplomatique et politique. Ainsi le 13 mai 2014, La Voie de la Russie et Russia Today épinglaient la nomination de Hunter Biden, fils du vice-président américain Joe Biden, au conseil d'administration de Burisma Holdings principale société gazière ukrainienne disposant de droits d'exploitation d'importants gisements de gaz de schiste dans l'est de l'Ukraine. Etaient dénoncés à la fois le conflit d'intérêt et la volonté des États-Unis de prendre le contrôle des réserves gazières ukrainiennes pour affaiblir la position de la Russie en tant que fournisseur privilégié de l'Europe. En réponse le porte -parole de la Maison Blanche, réfutait tout conflit d'intérêt dans cette nomination affirmant que "Hunter Biden et les autres membres de la famille Biden sont des citoyens ordinaires, où ils travaillent ne reflète pas une approbation de l'administration, du vice-président ou du président". Cette brève passe d'armes tournait à l'avantage de la Russie, de nombreux sites ou blogs reprenant l'information et tournant en dérision l'argumentaire américain.
Dans une perspective plus stratégique et de plus long terme, une place importante est aussi accordée dans ces mêmes médias russes aux prises de position ou aux interviews des plus hauts représentants de l'industrie gazière et de l'état russe qui visent à la fois à banaliser ou à dénigrer la vague du gaz de schiste aux Etats-Unis et à rappeler et à défendre les atouts énergétiques de la Russie vis-à-vis de l'Europe. De son côté, la Russie n'hésite pas à revendiquer également un rôle de premier plan, dans un avenir lointain il est vrai, dans l'exploitation des importantes réserves gaz et de pétrole de schiste dont elle dispose.
Le 26 mars 2014, lors de sa visite à Bruxelles le président Barack Obama incitait les Européens à réduire leur dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie, en diminuant leurs importations en gaz naturel russe (soit environ 30% du total des importations de gaz européennes) et en optant pour une politique d’importation massive de gaz de schiste américain.
Au passage, l’argument de l’indépendance énergétique européenne était mobilisé pour promouvoir et soutenir l’adoption rapide du Traité Transatlantique en cours de négociation entre les États-Unis et l’Europe.
La guerre de l’information russe contre le gaz de schiste
La partie russe n’avait pas attendu cette déclaration hostile américaine, pour organiser une guerre informationnelle coordonnée contre le gaz de schiste américain, depuis au moins 2012, mobilisant plusieurs acteurs différents exploitant des registres d’argumentation complémentaires.
Ainsi, la chaîne d’informations RT (Russia Today), fer de lance de la Russie en matière de d’influence et de guerre de l’information, attaque régulièrement, de manière critique et polémique, le gaz de schiste en général et l’industrie américaine du gaz de schiste en particulier. Différents angles d’attaques sont utilisés : certains classiques exploitent la polémique bien établie des nombreux dégâts environnementaux constatés aux Etats Unis (pollution générée par les techniques de fracturation , risques sismiques accrus etc.), d’autres plus originaux s’attachent à mettre en lumière les graves faiblesses du modèle économique de ce secteur ou encore la faible fiabilité des statistiques officielles américaines en matière de réserves énergétiques.
William Engdhal est l’un des nombreux experts occidents « dissidents » à intervenir sur RT sur différents sujets polémiques (énergie, OGM, mondialisation ….) et en particulier sur le gaz de schiste qu’il hésite pas à qualifier de vaste bulle financière frauduleuse . II intervient régulièrement sur le même thème sur un autre site, New Eastern Outlook, émanation de L’Institut d’études orientales de l’académie des sciences de Russie. S’appuyant sur les données économiques et financières émanant de l’industrie américaine du gaz de schiste et de nombreuses critiques poussées d’experts américains (géologues, analystes financiers, acteurs industriels) , il en dresse un tableau accablant voire apocalyptique.
Il décrit ainsi un secteur caractérisé par une surestimation générale des réserves de gaz facilitée par une législation laxiste, des taux de déclin extrêmement rapide des gisements exploités (avec statistiquement une chute de production des puits de 60% au bout d’un an d’exploitation) obligeant les entreprises du secteur à une fuite perpétuelle en avant pour forer de nouveaux puits afin préserver leur survie et leur valorisation boursière, des pertes financières colossales en raison de coûts d’investissement élevés et de prix de marché du gaz effondrés, un surendettement préoccupant pour l’ensemble des acteurs frôlant la quasi faillite pour certains, le tout prenant place au sein d'une bulle financière orchestrée par Wall Street …
Les actions américaines
Dans le camp américain, le PDG du géant américain Conoco Phillipps est monté récemment au créneau pour affirmer que la révolution du gaz de schiste n'en était encore qu'à ces débuts et que les critiques se trompaient au motif que dans le futur les avancées technologiques permettront de compenser la difficulté croissante de l’extraction.
La polémique entre Etats-Unis et Russie se déploie parallèlement sur le plan diplomatique et politique. Ainsi le 13 mai 2014, La Voie de la Russie et Russia Today épinglaient la nomination de Hunter Biden, fils du vice-président américain Joe Biden, au conseil d'administration de Burisma Holdings principale société gazière ukrainienne disposant de droits d'exploitation d'importants gisements de gaz de schiste dans l'est de l'Ukraine. Etaient dénoncés à la fois le conflit d'intérêt et la volonté des États-Unis de prendre le contrôle des réserves gazières ukrainiennes pour affaiblir la position de la Russie en tant que fournisseur privilégié de l'Europe. En réponse le porte -parole de la Maison Blanche, réfutait tout conflit d'intérêt dans cette nomination affirmant que "Hunter Biden et les autres membres de la famille Biden sont des citoyens ordinaires, où ils travaillent ne reflète pas une approbation de l'administration, du vice-président ou du président". Cette brève passe d'armes tournait à l'avantage de la Russie, de nombreux sites ou blogs reprenant l'information et tournant en dérision l'argumentaire américain.
Dans une perspective plus stratégique et de plus long terme, une place importante est aussi accordée dans ces mêmes médias russes aux prises de position ou aux interviews des plus hauts représentants de l'industrie gazière et de l'état russe qui visent à la fois à banaliser ou à dénigrer la vague du gaz de schiste aux Etats-Unis et à rappeler et à défendre les atouts énergétiques de la Russie vis-à-vis de l'Europe. De son côté, la Russie n'hésite pas à revendiquer également un rôle de premier plan, dans un avenir lointain il est vrai, dans l'exploitation des importantes réserves gaz et de pétrole de schiste dont elle dispose.