Nestlé et les eaux en bouteilles : mésinformation sur l’origine de Pure Life

Alors que depuis le 28 Juillet 2010, l’ONU a déclaré « l’accès à l’eau potable » comme un droit humain, le marché des eaux en bouteilles redouble d’efforts et use de méthodes bien peu éthiques pour vendre son or bleu.
En effet, les industriels des eaux en bouteilles n’hésitent pas à jouer sur la « mésinformation » pour valoriser leur produit face aux eaux de robinets. Par exemple, dans son site Nestlé Waters France, sans pour autant mentir au consommateur français, Nestlé met l’accent sur la « qualité très variable » des eaux de robinets et les « nombreux traitements » nécessaires pour rendre l’eau potable. Pour finir sa démonstration l’industriel nous renvoie vers un lien de l’ANSES (Agence nationale de la sécurité sanitaire) qui bien opportunément se trouve être un lien mort ; à l’internaute de se débrouiller pour retrouver l’information complète.
Pourtant Nestlé ferait bien de se garder de médire sur l’eau de robinet puisque depuis 1998, ses bouteilles « Pure Life » qui sont les plus vendues au monde se distinguent bel et bien de ses autres eaux (Perrier, Vittel…). « Pure Life » n’est ni une eau de sources, ni une eau minérale. L’eau de cette nouvelle génération d’eau en bouteille vient des eaux souterraines des quatre coins du monde, tout comme n’importe quelle eau du robinet. Le site français « Nestlé Waters » précise même qu’elle est embouteillée sur place « sans subir aucun traitement » et le site allemand qu’elle est « obtenue à partir de différentes sources ». Nestlé a trouvé la recette lui permettant de vendre à prix d’or ce dont l’accès est pourtant un « droit humain ».
Le documentaire Suisse « Bottled life » produit par DokLab et financé par l’Union européenne via son programme Média de Europ créativ a mis en lumière les méthodes de pompage peu conventionnelles de la marque. Cette dernière s’est d’ailleurs refusée à toute interview et, contrairement à ses autres sites internet nationaux, n’a pas mis en ligne la page concernant ses marques d’eaux en bouteilles sur le site www.nestle.ch.
Nestlé cible des pays où la loi ne précise pas la profondeur exploitable d’un terrain par son propriétaire ni ne limite la quantité d’eau prélevée dans les sous-sols. Ces « open-bar » lui permettent ainsi d’accroître considérablement ses ventes (5% de croissance organique annuelle). Le reportage « Bottled life » ainsi que les actions d’activistes américains mettent en lumière le procédé de Nestlé pour s’attirer la sympathie des décideurs politiques locaux et des riverains. Ciblant des communes reculées avec des terrains disponibles, la marque offre aux communes un confort qu’elles n’auraient pas les moyens de s’offrir : rénovation des écoles, infrastructures, parcs… Pendant la mise sous perfusion des riverains avec de réelles améliorations dans les communes, Nestlé leur prend leurs ressources souterraines.