Les non dits informationnels de la Deutsche Qualität

La solidité et la réputation de l’industrie automobile allemande sont établies depuis longtemps et ne sont plus à faire. Reconnue pour la fiabilité de ses voitures, l’Allemagne a axé sa démarche sur la qualité de ses produits et a su user du levier publicitaire pour conforter son image, notamment en France où l’on a tous en tête les publicités vantant la « deutsche qualität » d’Opel, la solidité de la Volkswagen et plus récemment, l’ex-mannequin Claudia Schiffer mettant en avant la nationalité allemande comme garant de la qualité.

Les véhicules allemands ont su allier puissance et sécurité avec des moteurs toujours plus performants que la concurrence. Mais qu’en est-il réellement ? Bien que les automobiles françaises soient généralement perçues comme inférieures, il semblerait à l’examen que la situation ne soit pas aussi mauvaise que cela.

Une enquête d'Automobile Magazine en 2012 a montré qu’en matière de fiabilité, les voitures françaises, notamment Renault, n’avaient rien à envier à leurs concurrentes allemandes ou japonaises. Une autre étude réalisée en 2012 par l’Automobile Club Allemand ADAC a fait un recensement de l’ensemble des incidents d’ordre technique entraînant une immobilisation des véhicules et en a tiré un classement de fiabilité globalement favorable aux voitures françaises. Dans le même temps, le spécialiste anglais de la garantie automobile, Warranty Direct publiait son enquête interne sur la fiabilité des moteurs : toutes les marques allemandes étaient en bas de classement à l’exception notable de Mercedes qui se classait 3ème sur un total de 36 constructeurs.

Et c’est justement chez le groupe Daimler AG, maison-mère de Mercedes, que Renault enchaîne les succès en y plaçant neuf de ses moteurs. Ainsi, la marque au losange a commencé dernièrement à livrer discrètement deux nouveaux moteurs diesel « R9 » destinés à la Mercedes classe C, à l’utilitaire Vito et aux Smart version deux et quatre places. Renault fournissait déjà à la firme de Stuttgart un autre petit moteur diesel « K9 » lequel équipait la Mercedes classe A avant d’être étendu sur les classes B, CLA, l’utilitaire Citan et le cross-over GLA. Au total, ces commandes représentent 4% des moteurs produits par le constructeur automobile français.

Ce partenariat entre Renault-Nissan et le groupe Daimler AG a débuté en avril 2010 à travers des échanges de participations croisées de 3,1% du capital et le lancement de plusieurs projets industriels. Depuis, cette collaboration s’est développée et le bilan s’est avéré fructueux pour les deux parties. Que faut-il en retenir ?
Les Allemands, qui développent des gros moteurs puissants mais polluants, ont fait appel au groupe français en raison des nouvelles normes environnementales qui doivent favoriser la mise au point de moteurs plus économes. Mais si le choix allemand d’embarquer sous le capot des petits moteurs français, dont Renault dispose du savoir-faire, répond par conséquent à des besoins spécifiques, cela démontre également la robustesse et la fiabilité des moteurs français qui ont passé les tests de qualité et ont été agréés par Mercedes.

Le groupe allemand évite des investissements de recherche et développement coûteux sur le segment de motorisation de petites voitures avec lequel il est peu familiarisé et la marque au losange vend son savoir-faire à un partenaire prestigieux.
Mais sur la reconnaissance de son ingénierie, Renault s'interdit de communiquer à son sujet afin de ne pas froisser Mercedes et ses clients dont certains pensent certainement acheter allemand alors qu’ils vont en réalité rouler français.

Ainsi, les automobiles allemandes vont continuer de bénéficier d’une image positive grâce aux moteurs français, le partenariat profitant certes à ces usines mais n’ayant pas vraiment de réelles retombées commerciales pour Renault.