Les enjeux informationnels de la transition énergétique

Les députés votaient le 10 octobre dernier l’article 1 du projet de loi sur la transition énergétique prévoyant notamment d’ici à 2025 une baisse de 25% du recours à l’énergie nucléaire. Un moment de bonne conscience collective ou, pour reprendre l’expression de la ministre de l’Ecologie, Ségolène Royal, un « grand moment parlementaire », gagné néanmoins au prix de l’évocation parcellaire et approximative de certaines réalités économiques et sociales. A l’heure de l’abandon de l’écotaxe, cette mesure est présentée comme génératrice d’emplois, facteur de réduction de la dépendance énergétique française et signe d’une prise en compte notable de l’empreinte écologique. En somme, un savoureux mélange de positivisme économique et de bonne conscience citoyenne qui, selon Manuel Valls, « fait honneur à notre pays ». Ce « moment fort du quinquennat » (Ségolène Royal) génèrera néanmoins une augmentation du coût de l’électricité de 30% dans les cinq prochaines années afin de permettre le démantèlement des centrales nucléaires et le développement des énergies renouvelables parmi lesquelles notamment, l’énergie éolienne et solaire.

Les énergies nouvelles ne gomment pas la pollution
Sans minimiser la problématique existante liée au recyclage des déchets radioactifs, ne cédons pas à l’angélisme dans l’appréhension des réalités de production et de recyclage des matériaux liés à la production d’énergie renouvelable. En effet, arrêtons-nous un instant sur les aimants qui rentrent dans la fabrication des éoliennes et impliquent une quantité importante de terres rares ; à titre d’exemple, la production des aimants constitutifs d’une éolienne de 3MW nécessite deux tonnes de terres rares. En août 2011, un rapport de l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA) relevait qu’une tonne de terres rares produisait environ 10 000m3 de gaz chargés d’acide hydrofluorique, d’acide sulfurique et de dioxyde de souffre, 75m3 d’eau usée d’acide et une tonne de résidus radioactifs. Présentant un faible potentiel de substitution (d’un élément par un autre), les terres rares ont également ceci de spécifique qu’elles engendrent une stérilisation des terres dédiées à leur extraction. Est-il encore besoin d’évoquer le polyester, le vinyle, l’époxy et le polyuréthane constitutifs des mâts d’acier des éoliennes ? Et que dire de la prise en compte du recyclage des panneaux solaires qui ont vocation à se répandre en France avec une telle mesure?

Quelle anticipation pour le recyclage ?
Si l’on ne peut nier que l’énergie solaire est une énergie propre, on ne doit pour autant minimiser l’impact environnemental du processus de fabrication et de traitement des matériaux en fin de vie. Ainsi, les éléments constitutifs des panneaux solaires tels que le tellure de cadmium, le plomb ou le silicium sont autant de composants qui nécessitent un recyclage adapté. La Chine et l’Inde ont largement développé leur système de production d’énergie solaire du fait d’un réseau électrique classique défaillant. Ces deux pays qui prévoient d’accroître encore leur capacité de production dans ce domaine d’ici à 2020 sont aujourd’hui confrontés à des problèmes écologiques majeurs, tant dans le processus de fabrication que dans celui du recyclage du plomb contenu dans les batteries des panneaux photovoltaïques. Si la mise en place de normes pourrait être de nature à circonscrire la problématique du recyclage du plomb contenu dans les batteries, l’anticipation du recyclage des autres composants doit être prise en compte dans un contexte de production massive de panneaux solaires et, plus globalement, dans celui du développement des énergies renouvelables en France mais également à l’international.