L’Egypte à la recherche d’une nouvelle approche informationnelle de l’Islam

Depuis la chute de Moubarak le 11 février 2011, les troubles sociopolitiques et communautaires ont été particulièrement déstabilisantes pour l’économie égyptienne en crise. L’expérience islamiste qui a fait place à la période de troubles « révolutionnaires » a été traumatisante non seulement pour la communauté copte persécutée, mais aussi pour l’ensemble de la population divisée et appauvrie notamment par une chute brutale des revenus dans le secteur du tourisme, principale source de revenu de l’économie nationale avec l’exploitation du canal de suez. La reprise en main du pouvoir par les militaires semble porter ses fruits tant pour le retour à la sécurité qu’à l’unité nationale condition indispensable pour instaurer la paix social et la sortie de crise. Les obscurs groupuscules nomades salafistes qui sèment l’insécurité dans le Sinaï à l’image d’Ansar Bait al-Maqdis (les Partisans de Jérusalem) ont conduit à la fermeture du club Med en mars dernier à Taba et plus récemment à celle des derniers hôtels condamnant le tourisme dans cette région.
Patrie du monothéisme, les Egyptiens ont prouvé qu’ils connaissent de mieux en mieux leur patrimoine en termes de civilisation. Le Général Abdel Fattah Al Sissi a lancé un mouvement de réflexion sur la réforme du dogme (Al Aqida) hanbalisant actuel. La finalité d’une telle politique religieuse ne peut se comprendre que si l’on considère la volonté de rupture de la communauté musulmane égyptienne avec les fondements salafistes et l’idéologie des frères musulmans pour rétablir l’unité nationale. Le pouvoir militaire égyptien semble avoir compris que la vraie révolution sociale qui lui permettra d’asseoir un pouvoir démocratique, passe par une éducation du peuple sur les véritables fondements de l’islam pour conduire une courageuse réforme de son dogme (Al Aqida).
Si Internet est comme la langue d’Esope, le Web offre la possibilité de casser les barrières d’une culture trop traditionnelle et d’ouvrir les portes d’une connaissance plus universelle. Ainsi le fait que l’Islam des premiers temps puise ses racines dans la tradition judéo-nazaréenne n’a pas semblé étonner certains interlocuteurs musulmans qui font la différence entre les naçara (Judéo-nazaéreens, Ebionites, Elkasaïtes et autres traditions judéo-chrétiennes monothéistes) du coran et les mushrikun (chrétiens fidèles au dogme trinitaire imposé de force par Byzance dès le cinquième siècle dans ses provinces orientales). Il est de plus en plus admis que le livre sacré du Coran a été composé par plusieurs auteurs différents et même que sur ordre des Califes le contenu du Coran avait été modifié par des scribes rédacteurs. En revanche, le rôle primordial d’Abd Al Malik (646-705) reste négligé dans la constitution de la première recension du Coran pour unifier l’enseignement religieux sur la base de la tradition judéo-nazaréenne dans l’empire arabo-syriaque. Chez les docteurs de la foi sunnites, le rôle d’Al Hajjaj quant aux 11 modifications substantielles du texte originel de la recension coranique uthmanienne, anime une violente controverse. Rappelons pour mémoire que l’unité politico-religieuse entre Arabes du nord et du sud, mais aussi avec les Perses d’Irak, a permis au Melik Abd Al Malik 1er d’étendre son empire tant au porte de l’Inde qu’en Afrique du Nord.
Si les affrontements communautaires et les exactions subies par la communauté chrétienne copte ces dernières années ont laissé des traces qui peuvent faire douter certains de cette volonté de transformer en profondeur les mentalités, le retour à l’apaisement entre les communautés et la volonté d’instaurer un esprit de tolérance restent possibles.