La dimension géoéconomique de Taiwan

​ La République de Chine a été fondée en Chine continentale en 1912. Elle est battue par l’armée communiste de Mao Zedong qui proclame la création de la Chine Populaire en octobre 1949. Chiang Kaï-chek, le Président, son gouvernement et les adhérents du parti politique Kuomintang (KMT) se replient alors sur l’’île de Taïwan reprise au Japon 4 ans plus tôt.

Cette petite île de 36.000 km2 est en 1949 l’un des pays les plus pauvres du monde. Aujourd’hui, avec ses 23 millions d’habitants, Taïwan est devenue la 6ème économie en Asie et la 24ème économie mondiale. Avec un PIB de 474 milliards USD en 2012 soit un PIB/hab en parité de pouvoir d’achat de 38.500 USD, supérieur à celui de la France (35.520 USD), Taïwan compte parmi les économies les plus avancées.

Taïwan, la Corée du Sud, Hong-Kong, et Singapour sont les « 4 dragons asiatiques » qui se sont industrialisés de façon accélérée depuis 1950 et ont connu une croissance spectaculaire grâce au commerce extérieur.


La République de Chine a conservé une indépendance de fait mais Pékin n’a pas renoncée à réunifier Taïwan à la Chine Populaire. En plus d’une pression militaire croissante, la politique irrédentiste de Pékin a misé sur l’intégration économique en offrant des opportunités aux industriels qui ont alors délocalisé sur le continent.



Historique

Les années 40-50 correspondent à la période de reconstruction économique. Taïwan n’a pas de ressources naturelles, le gouvernement a développé l’agriculture et l’industrie. La priorité a été donnée au développement du textile et des industries électriques pour accroître l’agriculture et la production industrielle.

Dans les années 60-70 les exportations sont encouragées. Après les exportations des biens de consommation et textiles, ce sont les entreprises dans l’électromécanique et l’électricité qui connaissent la plus forte production.

À partir de 1979 mise en place des plans économiques décennaux pour augmenter la part de l’industrie dans l’économie, en développant des secteurs de haute technologie et à forte valeur ajoutée: technologie de l’information et de la communication (TIC), électronique, construction mécanique et transport.

Depuis 2000, les innovations et R&D sont les maîtres mots.

Des années 50 à aujourd’hui, l’économie de Taïwan a progressé en moyenne de 7,3% par an (de 1952 à 2012), en passant d’une économie agraire à une puissance mondiale dans les TIC. La politique industrielle a tenu une part importante dans cette progression : en 1950, les petites entreprises de moins de 10 personnes qui représentaient 90% du total ont chuté à 70%, laissant 25% aux moyennes entreprises, et 5% aux grandes dans les années 70.

Cette industrialisation est liée à la Chine continentale. En effet en 1960, le gouvernement Taïwanais a encouragé les exportations, mais également les investissements directs étrangers. Taïwan offre une main d’œuvre peu coûteuse et des conditions d’investissement préférentielles au moment ou l’environnement économique en Amérique Latine se dégrade. Les PME ont été les bénéficiaires des investissements étrangers à Taïwan et la croissance du secteur privé est dû à leur multiplication : elles sont devenues le premier employeur du pays faisant travailler 21,5% de la population active en 1961, mais 42,6% en 1981. Dans la même période, leur nombre est passé de 1.400 à 11.400.

Entre 1965 et 1984, au sein des exportations, la part des produits agricoles ou agro- alimentaires, est passée de 54% à 6,1% ; celle des produits industriels de 46% à 93,9%. Le PIB augmente en moyenne de 7,2% entre 1953 et 1962 et de 10,4% entre 1963 et 1972. Cette forte croissance se traduit par une augmentation du revenu par habitant qui passe de 132 USD en 1952 à 700 USD en 1975, malgré un doublement de la population (de 8,1 millions à 16,1 millions).

Plus de 70% du total des exportations industrielles sont assurés par les PME. En 1980, Taïwan est la 16ème puissance exportatrice mondiale ; le secteur des PME est bien l’acteur de la croissance taïwanaise. Le poids des PME a rendu l’économie de l’île fortement dépendante du marché mondial, des entreprises donneuses d’ordre américaines en particulier. En effet, les PME ont opéré dans le cadre du système dit OEM (Original Equipment and Manufacturer), fabricant des produits pour un client étranger qui le commercialise ensuite sous sa propre marque : cela a empêché le développement des marques taïwanaises. Mais les PME travaillant principalement pour les firmes américaines, les échanges extérieurs de l’île ont été déséquilibrés. En 74, plus d’1/3 des exportations étaient destinées aux États-Unis, 1/3 des importations venaient du Japon. Les échanges avec l’Europe représentaient moins de 15% du commerce extérieur.

En 1987, Taïwan autorise ses entreprises à investir sur le continent. Les entreprises ont investi massivement le marché chinois en profitant de l’absence de réglementation et en négociant des protections avec les bureaucraties locales, souvent par l’intermédiaire d’association de taishang1. Les PME, puis les grandes entreprises du secteur privé, les industries à faible valeur ajoutée, puis les industries de pointe du secteur tertiaire, voulaient demeurer concurrentielles sur le marché mondial, mais aussi s’implanter durablement sur le marché chinois. La délocalisation des PME opérant dans des secteurs peu capitalistiques – prêt à porter, chaussure, maroquinerie, jouet, mais aussi électro manager et poste radio – a été massive : en 1992, plus de 80% des 800 fabricants taïwanais de chaussures, avaient délocalisé leur production sur le contient. Ces PME ont continué à produire pour des donneurs d’ordre étrangers en appliquant le schéma dit des « 2 bouts à l’extérieur2 » : importer les équipements et matières premières, attirer les capitaux étrangers et exporter les produits transformés en Chine sur le marché mondial. Les commandent étaient traitées à Taïwan au siège de l’entreprise, qui importait les matériaux de l’île pour faire fabriquer les produits par de la main d’œuvre continentale. Les exportations se faisaient généralement via Hong Kong où se trouvait le compte sur lequel étaient virés les fonds, pour éviter le problème du rapatriement des profits.

L’industrie agro-alimentaire a été la première à conquérir le marché chinois, suivi par tous les autres secteurs. En 2004, la moitié des entreprises étrangères figurant parmi les 100 premières entreprises exportatrices de Chine étaient taïwanaises.

Les industries de main d’œuvre, de pointe, mais également le secteur tertiaire a investi en Chine (immobilier, hôtellerie, entreprises de consultance ou de relations publiques, enseignement privé...).

La répartition sectorielle des investissements en 2007 est la suivante : électronique 34,2%, chimie-plasturgie 11,5%, équipement électrique 9,9%, métallurgie 9,4%. Il s’agit des secteurs clés de l’industrie taïwanaise.

Mais c’est à partir de 1998 que les taishang ont investi massivement via des entreprises de l’ombre enregistrées dans des paradis fiscaux (Îles Caïman, Panama, Îles Vierges, Samoa et Bermudes). Cette pratique devenue courante surtout dans le secteur des technologies de l’information, permet aux entreprises d’échapper au fisc taïwanais en versant tout ou partie des profits et salaires sur les comptes dans les paradis fiscaux. En effet, faute d’un accord sur la double imposition, les particuliers et les entreprises sont imposables à Taïwan sur les revenus/bénéfices perçus en Chine.

La principale cause de délocalisation est la maximisation du profit par la réduction des coûts de production, et la conquête de nouvelles parts de marché.

En 2012, parmi les 51 industriels étrangers les plus fortunés de Chine, 26 étaient Taïwanais, venait ensuite les Hongkongais puis les Américains.

En Chine, les taishang ont un statut « d’entre deux », ni complétement étranger, ni complétement chinois. Ils vont profiter de ce statut qui leur accorde les avantages réservés aux étrangers, comme des réductions d’impôts ou la possibilité de rapatrier les bénéfices qu’ils tirent de leurs investissements, mais également profiter d’un « traitement citoyen3 », c’est-à-dire payer les biens et services au même titre que les chinois qu’il s’agisse des marchandises, billets d’avion ou de train, location d’un appartement. Ils ont même la possibilité de demander un passeport de la RPC ou de s’inscrire sur les listes électorales afin de participer aux élections locales. Mais la protection de l’investissement taïwanais en Chine repose surtout sur les relations personnelles, donc le clientélisme, c’est-à-dire la capacité pour les taishang de négocier avec les administrations locales qui bénéficient depuis le début des années 80 d’une large autonomie dans la gestion des ressources économiques. Les taishang ont donc sélectionné leurs implantions en fonction des faveurs « youhui4 » qu’ils ont obtenu des bureaucrates locaux : financement des prêts à faible taux d’intérêt, accès facilité et moins coûteux aux terrains et à l’approvisionnement en eau et électricité...

En délocalisant leurs entreprises sur le continent, les taishang ont reproduit le modèle relation patron-employé qui existait à Taïwan : système paternaliste mettant l’accent sur l’autorité, la hiérarchie, la discipline, et la soumission de toute ambition personnelle au profit du développement de l’entreprise.

La relation reliant Taïwan et la Chine continentale est une illustration du « circuit intégré asiatique », c’est-à-dire le partage de la production, suivant les avantages comparatifs de chaque pays reliés par des échanges intra-entreprises et intra-sociétés.

Depuis 1987, les entreprises taïwanaises ont investi entre 100 et 200 milliards USD. Taïwan est le premier investisseur en Chine continentale. Après les industries de main d’œuvre (vêtement, plastique), les investissements se sont développés dans les industries à contenu technologique. En stock, la Chine héberge 50% de l’investissement taïwanais à l’étranger.

En Chine, il y a 75.000 entreprises taïwanaises qui emploient 2 millions de taïwanais expatriés et 23 millions d’employés locaux, soit l’équivalent de la population de l’île.

La Chine est le premier partenaire commercial de Taïwan : 1er client (avec Hong-Kong, elle absorbe 40% des exportations taïwanaises) et 2ème fournisseur (avec 15% des importations taïwanaises). La Chine est aussi le 1er excédent bilatéral avec 40 milliards USD par an.

En termes de sources d’activité économique, la forte concentration de Taïwan sur des secteurs d’excellence, lui confère une grande influence. On estime que les entreprises à capitaux taïwanais contribuent à plus de la moitié des exportations de produits électroniques et à 25% des exportations chinoises. Tous secteurs confondus, 7 des 15 premières entreprises exportatrices chinoises en 2010 étaient taïwanaises.



État de l’économie taïwanaise

Après 2 années de croissance modeste (1,3% en 2012 et 2,13% en 2013), le PIB devrait progresser de 3% en 2014. La reprise aux États-Unis et en Europe devrait influer sur la croissance car ces marchés sont les destinations finales des exportations taïwanaises (via la Chine continentale notamment). L’économie de l’île s’améliore au rythme de la reprise mondiale. Le commerce extérieur reste, proportionnellement, le principal moteur de l’économie, surtout grâce au secteur électronique, qui est le plus grand bénéficiaire des investissements américains. En 2012, l’électronique et les produits TIC restent le 1er poste d’exportation taïwanais (99 milliards USD, soit 33% du total des exportations), en baisse significative (-4,6%) par rapport à 2011 en raison de la conjoncture européenne et américaine. Reflétant la spécialisation de l’île sur trois grandes industries (électronique, chimie, mécanique et métallurgie), le second poste d’exportation est la métallurgie (28 milliards USD en 2011, - 7%), suivi de la plasturgie (24 milliards USD, -4%). À titre d’exemple, Taïwan compte parmi les cinq premiers exportateurs de machines-outils. Les minerais et hydrocarbures constituent le premier poste d’importation (27,4% du total, en hausse de +8,5%). Étape sur la chaîne de valeur allant des pays plus avancés (Japon) aux pays à faible coût de main d’œuvre (Chine continentale, Vietnam, Indonésie, etc.), Taïwan importe en quantités importantes des équipements, matériaux et composants pour ses trois grandes industries : électronique (17,9 % des importations, en baisse de -6%), chimie (11,1 %, en baisse de -11,5%), métallurgie (8,5%, en baisse de -14,4%).

Le Japon reste le 1er fournisseur de Taïwan avec un montant d’importations japonaises de 47,6 milliards USD (en baisse de -8,8%), mais pourrait être prochainement dépassé par la Chine, sa part de marché continuant de baisser (17,6% en 2012, contre 18,5% en 2011). Le Japon est le 1er déficit commercial (-28 milliards USD) de Taïwan. Les États-Unis continuent de voir leur part de marché reculer (8,7% contre 10,1% en 2010). Celle de l’Union Européenne baisse également à 8,3% (22.5 milliards USD).

La relation commerciale avec la Chine continentale progresse : les exportations vers la Chine (+ Hong-Kong) ont progressées de 2,2% en 2013, mais elles ont tendance à se diversifier vers les pays émergents, notamment de l’Asie du Sud-Est. L’année 2013 a mis en évidence une sensibilité du commerce extérieur taïwanais à la conjoncture économique dans l’ASEAN (2ème partenaire commercial avec 87 milliards USD d’échanges en 2012 devant le Japon, les États-Unis et l’Union Européenne).

L’Asie représente 70% des clients et 54% des fournisseurs de Taïwan. Le système de production taïwanais passe par d’importants investissements dans la zone, en premier lieu en Chine continentale (estimés entre 100 et 200 milliards USD, en stock), mais aussi, de manière croissante, au Vietnam, en Indonésie et en Malaisie. Taïwan conserve les secteurs sensibles, à forte valeur ajoutée et nécessitant une maîtrise technologique. Les entreprises taïwanaises concentrent dans les pays à bas coût les activités intensives en main d’oeuvre. Un exemple connu est celui de la société Foxconn (Hon Hai), qui produit en Chine des ordinateurs et téléphones portables pour de grandes marques occidentales

L’appareil productif se caractérise par une forte capacité d’ajustement aux cycles économiques, d’où un excédent commercial structurel qui était en 2013 de 35,4 milliards USD (soit 7,2% du PIB), en progression de 15,2% par rapport à 2012. L’économie de Taïwan dépend surtout des exportations des TIC, qui sont responsables de 40,6% du total des exports ; ce qui représente 74% de son PIB en 2012. La part de marché mondiale de Taïwan dans les cartes mères et les notes book est de 95% si on inclut les produits fabriqués en Chine par les entreprises taïwanaises. Les exportations sont partagées entre les États-Unis, le Japon, la Chine et les pays de l’ASEAN. Entre 2000 et 2012, on note une baisse des exportations avec les États-Unis qui passent de 23,42% à 10,9%, alors que celles avec la Chine (Hong-Kong inclus) augmentent de 24,44% à 39,4%. De même, les exportations avec l’ASEAN 6 passent de 12,2% à 18,5%.



La politique industrielle

Taïwan est le leader dans l’industrie des semi-conducteurs avec des entreprises de rang mondial telles que Taïwan Semiconductor Manufacturing Corporation TSMC. La politique de « libéralisation et globalisation » a été primordiale : la libéralisation du marché a permis la réduction des coûts et la globalisation a permis eux entreprises de profiter des économies d’échelle malgré la taille de l’économie. L’île a maintenant quelques entreprises d’envergure internationale : Formosa Plastic, TSMC, Acer, Asus, BenQ, HTC, Evergreen et Taïwan Hong-Hai. Taïwan est le plus grand fournisseur au monde de puces informatiques et est le principal fabricant de panneaux d’affichage à cristaux liquides, mémoire informatique DRAM, équipement en réseau informatique, et est à la fois concepteur et fabricant en électronique du consommateur.

La compétitivité de Taïwan lui permet de gagner des parts de marché en Chine. Comme le note Thierry Apoteker, fondateur de TAC, un cabinet spécialisé dans l’évaluation des risques, « le commerce avec la Chine se réintensifie ». La Chine absorbe près de 40% des exportations de Taïwan, les flux en prévenance de l’île progressent de 22% alors que la moyenne des autres pays est de 6,5%. De même, les flux vers Taïwan progressent de 20%, contre 8% pour les échanges globaux. Le gouvernement consacre plus de 3% du PIB à la R&D et les 3⁄4 de ce pourcentage sont destinés aux entreprises, ce qui explique que l’électronique représente 1/3 de la valeur des exportations taïwanaises qui se classe au 4ème rang mondial au niveau de ce secteur. Taïwan a été classé en 2012 par l’OMC 17ème exportateur mondial et 18ème importateur.



Au niveau des finances

Le déficit budgétaire se résorbe depuis 2009, les coffres de la banque centrale abritent 416,9 milliards USD en janvier 2014. Ces réserves sont les 4èmes mondiales en valeur et permettent à Taïwan de traverser la crise financière sans risquer de perdre sa souveraineté. Seul bémol : l'île souffre d'un excès de crédits octroyés aux entreprises aussi bien qu'aux particuliers, excès qui pourrait fragiliser les banques en cas de retournement de conjoncture. De la même manière, outre la pression politique forte de Pékin, la Chine voisine agit comme un aimant. La présence à Shanghai des 500 plus grandes entreprises mondiales assèche l'île de ses talents. Cela accélère du même coup le vieillissement de la population. Celle-ci devrait connaître un pic en 2025 avec 23,7 millions de personnes avant d'entamer son déclin. En 2060, la population ne serait alors plus que de 18,92 millions pour une moyenne d'âge de 57,4 ans.



La politique extérieure : commerce et diplomatie

En octobre 1971, la République de Chine qui était soutenue par les États-Unis et le monde non communiste, doit laisser son siège à l’ONU à la Chine Populaire. Elle perd également son droit de veto au Conseil de Sécurité, et doit se retirer de toutes les organisations interétatiques. Cependant, la République de Chine maintient des bureaux culturels et de commerce dans plus de 60 pays, avec lesquels elle n’a pas de relations officielles pour représenter les intérêts taïwanais.

De fait, la diplomatie de Taïwan est essentiellement basée sur ses liens économiques. Elle peut se résumer en une phrase prononcée par le Président Ma Ying-Jeou5 : « D’un côté, nous cherchons à renforcer nos échanges avec la Chine, et de l’autre, nous travaillons à la conclusion d’accords de libre-échange avec d’autres partenaires commerciaux ».

En 1994, a été signé le plus important accord pour les relations économiques entre Taïwan et les États-Unis, le Trade and Investment Framework Agreement (TIFA). Suspendu en 2007 (dispute pour l’entrée de porc et de bœuf américain), cet accord a été repris en 2013. 5 autres FTAs6 ont été ratifiés : Panama en 2004, Guatemala en 2005, Nicaragua, Salvador et Honduras en 2008.
Les relations avec la Chine se sont amplifiées avec la mise en place de liaisons directes aériennes, maritimes et postales et la permission pour les touristes chinois de visiter l’île (+2,5 millions en 2012). Depuis 2008, Taïwan et la Chine ont signé 16 accords dont l’ECFA7 en 2010, qui a créé un cadre institutionnel – coopération financière, sécurité sanitaire, propriété intellectuelle – visant à normaliser leurs relations commerciales. Cette détente a aussi permis aux pays tiers de promouvoir échange et coopération avec Taïwan sans provoquer Pékin. C’est dans ce contexte que l’Union Européenne favorise l’entrée sans visa aux taïwanais, elle est suive par 80 états. Enfin la détente à attirer les capitaux internationaux ; les grandes entreprises peuvent investir à Taïwan et exploiter le marché chinois à partir de l’île.

En septembre 2011, Taïwan et le Japon signent le BIA8 qui permet la libéralisation des échanges en matière d’investissement.

En 2012, est signé un accord sur les investissements avec la Chine.

Toujours dans le domaine économique, en 2013, des accords sont signés avec la Nouvelle Zélande et Singapour.

Un accord sur les servies avec la Chine est un suspens depuis juin 2013.

Taitra, agence en charge du développement du commerce extérieur de Taïwan a organisé le 18 février 2014 le départ d’une mission pour la Tunisie, l’Égypte, le Burkina-Faso, et l’Ouganda. Il s’agit de la délégation commerciale 4 Afrique. Ces 4 pays représentent un marché de 150 millions de personnes. La délégation comprend les représentants d’une vingtaine d’entreprises, surtout des PME. Taïwan va également participer à la biennale au Burkina-Faso, Africallia 2014. En 2012, l’île avait été le seul pays d’Asie à participer à cet événement. Le continent africain est une cible prioritaire pour les entreprises taïwanaises car c’est là-bas que l’on enregistre les plus fortes croissances économiques dans le monde après l’Asie.
Plus largement, Taïwan est membre de la Banque Asiatique de Développement sous le nom de Taipei Chinoise, et du forum de Coopération Économique pour l’Asie Pacifique APEC. Il est également observateur à l’Organisation de coopération et de développement économiques OCDE.

En tant qu’économie indépendante, Taïwan est devenue en janvier 2002 membre de l’OMC « territoire douanier séparé de Taïwan, Penghu, Kinmen et Matsu », nom souvent raccourci en « Taipei Chinoise ».

D’ici la fin 2015, un accord de libre de libre-échange devrait être conclu dans le cadre de l’ASEAN (RCEP9) et Taïwan devrait rejoindre le Transpacific Partnership avant 2020 dans le cadre de l’APEC.



En conclusion

Taïwan est un pays qui, malgré des difficultés d’ordre géographique et politique, arrive à être un acteur important de la communauté internationale. Modèle de démocratie pour la région, l’île assure sa défense face à la menace chinoise en misant tout sur l’économie comme arme diplomatique. Paradoxalement, la Chine, bien qu’incontournable sur la scène politique au niveau mondial, base elle aussi très fortement sa diplomatie sur sa puissance économique.

A l’heure actuelle, bien que la politique du Président Ma semblait rapprocher fortement les deux rives du détroit de Taïwan, l’actualité montre que le chemin d’une réunification n’est ni simple, ni inéluctable. Avec l’accord sur la libéralisation des services entre Taïwan et Pékin, le Président Kuomintang pensait que les bénéfices économiques présentés permettraient sans effort l’adoption du texte par le Yuan Législatif10.

Néanmoins, l’occupation depuis plusieurs semaines, par les étudiants taïwanais du parlement à Taipei, symbolise le refus d’une partie de la population de brader la démocratie et les intérêts de l’île au libre- échange potentiellement dangereux pour la souveraineté de fait du pays. Pour certains taïwanais, ce genre d’accord créerait une dépendance trop forte à la Chine, et la crainte de se faire aspirer comme Hong-Kong et Macao est palpable. La Révolution des Tournesols est unique dans l’histoire de Taïwan, et les 500.000 manifestants dans les rues de la capitale montrent que la question des relations Taïwan-Chine reste plus que jamais au cœur des préoccupations des habitants, mettant en avant la nécessité pour l’île d’être une puissance géoéconomique afin de conserver le statu-quo cher à la majorité de la population.

Jean-Laurent FRANCESCHI

1 台商 tái shāng : hommes d’affaires de Taïwan
2 两头在外 liǎng tóu zài wài – Théorie de Zhao Ziyang
3 国民待遇 guó mín dài yù
4 优惠 yōu huì
5 马英九 Mǎ Yīng-Jiǔ – Membre du parti KMT, Président de la République de Chine depuis 2008
6 Free Trade Agreement 7 Economic Cooperation Framework Agreement 8 Bilateral Investment Agreement
9 Regional Comprehensive Economic Partnership