Retour sur la polémique de la place de la francophonie en 2050

En Septembre 2013, deux analystes médias, Jérôme Bodin et Pavel Govciyan, toux deux de la banque d’investissement Natixis, présentent une étude interne et confidentielle aux groupes de communications Vivendi et Lagardère. Cette étude intitulée « La francophonie, une opportunité de marche majeure » « vendent » la langue française comme une opportunité de marche pour l’industrie des médias français. Ils reprennent les conclusions d’un rapport de l’Organisation Internationale de la Francophonie, où il est fait mention que le nombre de francophones dans le monde passerait  de 220 millions en 2012 à 700 millions en 2050. Ils en concluent que « le français pourrait être (en 2050) la langue la plus parlée dans le monde devant l’anglais et le mandarin ».
En Novembre 2013, ces deux mêmes analystes publient dans le journal Le Monde un article intitulé « la francophonie, avenir des médias français » où ils reprennent leur même conclusion que leurs études de marchés confidentielles pour les groupes de communications comme Vivendi et Lagardère et concluent sur un futur cycle de croissance forte avec la perspective de nouveaux marchés et la possibilité de rapprochement avec des groupes canadiens pour éventuellement contrer les investissements  en cours de groupes audiovisuels chinois.
Cette étude provoqua peu de réactions dans la presse francophone jusqu'à la publication par le magazine économique américain Forbes d’un article en mars 2013 intitulé : Want To Know The Language Of The Future? The Data Suggests It Could Be...French. Le magazine américain reprend les mêmes chiffres et conclusions de la place de la francophonie à l’horizon 2050 mais pose aussi des questions sur la méthodologie utilisée pour arriver à de tels chiffres. A partir de la publication de l’article du journal Forbes, nombres de sites d’informations, journaux et magazines français vont le reprendre en le citant.
Finalement fin mars 2013, un article de L’Express intitulé « Non, le français ne sera pas la langue la plus parlée en 2050 » revient sur les chiffres avancés par les analystes de Natixis et démontre les erreurs des chiffres de projection. Les journalistes de l’Express s’appuient cette fois sur les chiffres rectifiés par le responsable de l’observatoire de la langue française qui démontre que l’étude de Natixis contient deux erreurs majeures : avoir largement surestimé le nombre de francophones en 2050 en prenant en compte un locuteur français par habitant alors que ce n’est pas du tout le cas dans tous les pays francophones, et prévoir que le processus de scolarisation se poursuit dans les pays africains avec une pérennité de l’enseignement du français.
En revanche, le magazine Forbes comme le magazine l’Express ne prend pas en compte certains renversements de tendance à l’image de ce qui se passe aujourd’hui en Algérie où la pratique du français est relancée notamment par la recherche de l’obtention du bac français en plus du bac algérien.