Manœuvres informationnelles autour du développement de bitcoin

Créé en 2009 par Satoshi Nakamota, le bitcoin est une monnaie virtuelle émise à partir de codes informatiques et échangée via des plateformes sur internet contre des devises réelles sans passer par le système bancaire. Présentée par ses concepteurs comme une alternative aux monnaies légales, elle fait débats dans de nombreux pays. En effet, alors que les autorités s’accordent aux risques liés à son développement, les réponses apportées divergent. Certains souhaitent-ils en tirer un avantage ?
Selon ses détracteurs, (la Banque de France, la BCE, le Tracfin, le GAFI, FinCEN, la Banque populaire de Chine, l’AMF Canada, le lobby de la finance internationale etc.), le bitcoin ne remplit pas les trois fonctions traditionnelles d’une monnaie (unité de compte, moyen de paiement, instrument de réserve), elle a un caractère spéculatif, elle permet l’anonymat et donc le risque de blanchiment et de financement de terrorisme.
De ce fait, certains pays ont pris des mesures hostiles pour freiner son développement comme : l’interdiction de toutes transactions en bitcoins par les banques en Chine, et l’interdiction totale en Russie et en Thaïlande. D’autres pays ont adopté une posture de régulateur avec pour objectif de taxer les gains comme en Allemagne qui l’a reconnue comme « monnaie privée » et le Japon comme une « marchandise » ou « chose ». En France, le sénat s’est saisi de la question et a organisé un débat en janvier 2014 avec les principaux acteurs de la sphère monétaire mais le statut du bitcoin reste à clarifier.
Le principal enjeu du bitcoin est de diminuer le coût de l’intermédiation bancaire. Selon le site spécialisé Bitpay.com plus de 30,000 commerces et organisations dans le monde s’y seraient convertis. Des sociétés comme Google, le fonds Andreessen Harowitz, Llyods et Monoprix s’y intéressent. Des guichets automatiques de bitcoin ont vu le jour dans certains pays. M. Murck de la fondation bitcoin aux Etats-Unis s’est inquiété lors d’une audition au sénat de l’émigration des sociétés avec leurs emplois et l’innovation vers des pays plus accueillants si l’administration demeurait inflexible. Depuis le lancement de son programme international, le bitcoin fondation soutien les initiatives locales comme la création de l’association bitcoin France.
Après être opposé à son développement (fermeture de Silk road site de vente des produits narcotiques, acceptant le bitcoin, interpellation de plusieurs personnes pour blanchiment d’argent), la position américaine a depuis évolué face à cette reconnaissance grandissante. Ainsi, l’administration fiscale l’associe comme un « actif » susceptible d'être soumis à l'impôt. La commission électorale fédérale, suggère d’autoriser les candidats aux élections fédérales de recevoir des dons en bitcoins. Le fond d’investissement Winklevoss bitcoin Trust a fait une demande d’introduction en bourse. La plateforme d’échange de bitcoin MtGox basée au Japon, victime d’un piratage, a demandé d’être placée sous la protection de la loi sur les faillites aux Etats-Unis.
L'arrivée de Bitcoin incite à réfléchir sur la question des échanges monétaires ainsi que le rôle des états et des banques en la matière. L’ancien directeur de la Fed, Ben Bernanke alors en poste, avait salué les potentiels du bitcoin. Selon lui, les innovations de ce type pouvaient comporter des risques liés à la fraude mais pouvaient aussi être prometteuses à long terme, en promouvant un système de paiement plus rapide, plus sécurisé et plus efficace. Jean-François Serval, co-auteur du livre « La monnaie virtuelle qui nous fait vivre », remarque que la monnaie que nous utilisons aujourd’hui est elle-même virtuelle.
Et si le bitcoin devait devenir une monnaie légale, le pays le plus avancé dans son intégration et technologie n’aurait-il pas un avantage comme fut à une époque, le stock d’or américain et le choix du dollar comme monnaie internationale ? Or ce pays pour l’instant, ce sont les Etats-Unis d’Amérique.