Le levier de l'aide au développement
Depuis sa création en 2000, la Fondation Bill & Melinda Gates est devenu un acteur incontournable de l'aide au développement. La fondation a pour objectif d'intervenir dans les domaines de l’éducation, par la fourniture d’ordinateurs dans les bibliothèques et en aidant les familles défavorisées dans la région du Nord-Ouest des États-Unis. Mais son plus important secteur d’intervention est celui de la santé mondiale, particulièrement à travers des programmes de vaccination et de développement dans les pays émergents.
Dotée d'un budget annuel d'environ 3 milliards de dollars, largement supérieur à celui de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l'UNICEF ou du PNUD, la fondation creuse son sillon depuis de nombreuses années à coup de slogans bien rodés et percutants, de contenus ciblés, de quelques infographies scénarisées avec quelques photos chocs, le tout agrémenté d'une touche d'humour et d'autodérision à l'américaine où « Bill fait le boulot !»
En termes de financement de programme, la puissance de la fondation est incontestable. Le travail d'influence de Bill Gates pour attirer les plus grandes fortunes a été payant puisqu'en 2006, Warren Buffet, 3ème fortune mondiale selon le classement Forbes), se rallie à la fondation Bill et Melinda Gates en apportant 37 milliard de dollars en actions.
Beaucoup glosent sur l'impact positif de cette implication, cependant la fondation Bill Gates, ne rend compte de ses actions à personne, ne justifie d'aucune responsabilité auprès d'instances nationales ou internationales. Elle jouit d'une totale liberté d'action qui lui permet finalement de renverser les rôles : de financeur, membre des bureaux organisations internationales de santé, elle oriente les actions de la plupart des initiatives comme le GAVI, le Global funds, et l'OMS, ce qui n'est pas sans conséquence sur la manière de concevoir les programmes d'aide au développement en matière de santé et de vaccination.
La fondation Bill Gates développe un lobbying agressif pour convaincre les Etats de participer aux différentes initiatives internationales d'aide au développement. Ainsi récemment lors de la visite de Bill Gates en France, le Président de la République, François Hollande, s'est engagé à soutenir le GAVI. Ainsi du grand manitou de l'informatique grand public, il est devenu le grand manitou de l'aide au développement, en étant le deuxième contributeur aux programmes de l'OMS (400 millions de dollars versés en 2011).
Les rapports ambigus avec l’industrie pharmaceutique
Des voies s'élèvent pour dénoncer un certain nombre de contradictions. En effet, la fondation possède des participations dans des entreprises dont les objectifs ne sont pas exactement philanthropiques (41 % des actifs de la fondation, soit 8,7 milliards de dollars). Le partenariat avec l'industrie pharmaceutique est une part de la stratégie des programmes de santé de la fondation.
Ainsi la fondation a investi dans neuf grandes compagnies pharmaceutiques dont Merck & Co. , Inc. Pfizer , Johnson & Johnson et d'autres, qui fabriquent la plupart des vaccins, médicaments contre le sida , et outils de diagnostic distribués auprès des populations pauvres. Une des premières enquêtes fouillées (Los Angeles Times, 2007) sur les investissements réalisés par la fondation, a dénoncé le cas des campagnes de vaccinations organisées dans le delta du Niger financées, notamment, par la Fondation Bill Gates ; celle-ci investissait parallèlement dans des entreprises comme Eni, Royal Dutch Shell, Exxon Mobil, Chevron et Total, compagnies désignées responsables de la pollution dans cette région.
Un autre exemple des relations « proches» que la fondation entretient avec les industries pharmaceutiques concerne la prévention antipaludique. Parmi la soixantaine de vaccins en développement, un seul semble prometteur : le "RTS, S" développé par le laboratoire GlaxoSmithKline (GSK). Ces recherches sont largement financées par la Fondation Bill et Melinda Gates par l'intermédiaire du PATH Malaria Vaccine Initiative (MVI). Testé chez plus de 15 000 enfants africains, il pourrait être commercialisé dès 2015. Mais cette approche dans laquelle la Fondation Gates et GSK ont investi respectivement 200 et 300 millions de dollars est-elle la plus pertinente scientifiquement ? En tout cas cela réduit de manière drastique la biodiversité des recherches en la matière.
Une soft offensive en faveur des OGM
Depuis quelques années, la fondation finance de nombreux projets (400 projets environ) liés à l'agriculture par l'intermédiaire de son programme « AGRA ». L'objectif de ce programme est de fournir des semences de meilleure qualité, de renforcer les rendements agricoles, d’améliorer la fertilité des sols et les installations de stockage, de moderniser les systèmes d’information sur les marchés, de renforcer les associations d’agriculteurs dans les pays pauvres.
Un des projets est le « Water Efficient Maize for Africa » (WEMA) lancé en 2008 avec 47 millions de dollars de fonds avancé par la fondation Bill Gates et Warren Buffet. En réalité, la fondation finance des ONG dans certains pays d'Afrique (Afrique du Sud, Ouganda, Mozambique notamment), qui achètent des semences OGM à Monsanto , entreprise dans laquelle la fondation a investit par ailleurs (plus de 27 million de dollars en achetant 500 000 actions). Monsanto fait équipe avec BASF, un autre géant de l'industrie, pour faire don de la technologie OGM et des transgènes de Maïs à WEMA qui distribue ces semences gratuitement aux petits agriculteurs. Et quand en Afrique, les OGM ne sont pas acceptés, la Fondation finance des activités de lobby pour imposer les OGM, avec l'aide d'anciens employés de Monsanto engagés dans la Fondation.
A de coup de formules et de dollars, Bill Gates impose une vision magique et technologique de la réduction de la pauvreté et de l'aide au développement, en tout cas cela ne réduira pas sa fortune.
Depuis sa création en 2000, la Fondation Bill & Melinda Gates est devenu un acteur incontournable de l'aide au développement. La fondation a pour objectif d'intervenir dans les domaines de l’éducation, par la fourniture d’ordinateurs dans les bibliothèques et en aidant les familles défavorisées dans la région du Nord-Ouest des États-Unis. Mais son plus important secteur d’intervention est celui de la santé mondiale, particulièrement à travers des programmes de vaccination et de développement dans les pays émergents.
Dotée d'un budget annuel d'environ 3 milliards de dollars, largement supérieur à celui de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l'UNICEF ou du PNUD, la fondation creuse son sillon depuis de nombreuses années à coup de slogans bien rodés et percutants, de contenus ciblés, de quelques infographies scénarisées avec quelques photos chocs, le tout agrémenté d'une touche d'humour et d'autodérision à l'américaine où « Bill fait le boulot !»
En termes de financement de programme, la puissance de la fondation est incontestable. Le travail d'influence de Bill Gates pour attirer les plus grandes fortunes a été payant puisqu'en 2006, Warren Buffet, 3ème fortune mondiale selon le classement Forbes), se rallie à la fondation Bill et Melinda Gates en apportant 37 milliard de dollars en actions.
Beaucoup glosent sur l'impact positif de cette implication, cependant la fondation Bill Gates, ne rend compte de ses actions à personne, ne justifie d'aucune responsabilité auprès d'instances nationales ou internationales. Elle jouit d'une totale liberté d'action qui lui permet finalement de renverser les rôles : de financeur, membre des bureaux organisations internationales de santé, elle oriente les actions de la plupart des initiatives comme le GAVI, le Global funds, et l'OMS, ce qui n'est pas sans conséquence sur la manière de concevoir les programmes d'aide au développement en matière de santé et de vaccination.
La fondation Bill Gates développe un lobbying agressif pour convaincre les Etats de participer aux différentes initiatives internationales d'aide au développement. Ainsi récemment lors de la visite de Bill Gates en France, le Président de la République, François Hollande, s'est engagé à soutenir le GAVI. Ainsi du grand manitou de l'informatique grand public, il est devenu le grand manitou de l'aide au développement, en étant le deuxième contributeur aux programmes de l'OMS (400 millions de dollars versés en 2011).
Les rapports ambigus avec l’industrie pharmaceutique
Des voies s'élèvent pour dénoncer un certain nombre de contradictions. En effet, la fondation possède des participations dans des entreprises dont les objectifs ne sont pas exactement philanthropiques (41 % des actifs de la fondation, soit 8,7 milliards de dollars). Le partenariat avec l'industrie pharmaceutique est une part de la stratégie des programmes de santé de la fondation.
Ainsi la fondation a investi dans neuf grandes compagnies pharmaceutiques dont Merck & Co. , Inc. Pfizer , Johnson & Johnson et d'autres, qui fabriquent la plupart des vaccins, médicaments contre le sida , et outils de diagnostic distribués auprès des populations pauvres. Une des premières enquêtes fouillées (Los Angeles Times, 2007) sur les investissements réalisés par la fondation, a dénoncé le cas des campagnes de vaccinations organisées dans le delta du Niger financées, notamment, par la Fondation Bill Gates ; celle-ci investissait parallèlement dans des entreprises comme Eni, Royal Dutch Shell, Exxon Mobil, Chevron et Total, compagnies désignées responsables de la pollution dans cette région.
Un autre exemple des relations « proches» que la fondation entretient avec les industries pharmaceutiques concerne la prévention antipaludique. Parmi la soixantaine de vaccins en développement, un seul semble prometteur : le "RTS, S" développé par le laboratoire GlaxoSmithKline (GSK). Ces recherches sont largement financées par la Fondation Bill et Melinda Gates par l'intermédiaire du PATH Malaria Vaccine Initiative (MVI). Testé chez plus de 15 000 enfants africains, il pourrait être commercialisé dès 2015. Mais cette approche dans laquelle la Fondation Gates et GSK ont investi respectivement 200 et 300 millions de dollars est-elle la plus pertinente scientifiquement ? En tout cas cela réduit de manière drastique la biodiversité des recherches en la matière.
Une soft offensive en faveur des OGM
Depuis quelques années, la fondation finance de nombreux projets (400 projets environ) liés à l'agriculture par l'intermédiaire de son programme « AGRA ». L'objectif de ce programme est de fournir des semences de meilleure qualité, de renforcer les rendements agricoles, d’améliorer la fertilité des sols et les installations de stockage, de moderniser les systèmes d’information sur les marchés, de renforcer les associations d’agriculteurs dans les pays pauvres.
Un des projets est le « Water Efficient Maize for Africa » (WEMA) lancé en 2008 avec 47 millions de dollars de fonds avancé par la fondation Bill Gates et Warren Buffet. En réalité, la fondation finance des ONG dans certains pays d'Afrique (Afrique du Sud, Ouganda, Mozambique notamment), qui achètent des semences OGM à Monsanto , entreprise dans laquelle la fondation a investit par ailleurs (plus de 27 million de dollars en achetant 500 000 actions). Monsanto fait équipe avec BASF, un autre géant de l'industrie, pour faire don de la technologie OGM et des transgènes de Maïs à WEMA qui distribue ces semences gratuitement aux petits agriculteurs. Et quand en Afrique, les OGM ne sont pas acceptés, la Fondation finance des activités de lobby pour imposer les OGM, avec l'aide d'anciens employés de Monsanto engagés dans la Fondation.
A de coup de formules et de dollars, Bill Gates impose une vision magique et technologique de la réduction de la pauvreté et de l'aide au développement, en tout cas cela ne réduira pas sa fortune.