Réhabilitation de l’huile de palme en France : l’action informationnelle de la Malaisie

Depuis quelques années l’huile de palme soulève de nombreuses questions de société.Utilisée dans les industries agro-alimentaires, cosmétiques, chimiques mais également pour la production d’agro-carburant, cette huile végétale est accusée d’avoir des impacts négatifs sur la santé. En outre, sa culture favoriserait la déforestation, affecterait la biodiversité et aurait des conséquences sociales importantes. Les ONG se sont emparées du sujet et ont attaqué les acteurs de cette industrie dès les années 2000. En 2007 par exemple, les Amis de la terre dénoncent la prolifération de produits contenant de l’huile de palme et publient les résultats d’une enquête sur les produits contenant de l’huile de palme dans les supermarchés français. En 2010, Greenpeace accuse le groupe Nestlé, via une fausse publicité Kit Kat dont nous avons tous le souvenir, d’être responsable du massacre des orangs-outans. Parallèlement à cela; de multiples articles évoquent les méfaits pour la santé et notamment les risques accrus de développer des cancers.

Ces campagnes ont fortement marqué les esprits notamment en France
Face à ces problématiques, différentes marques dont Casino se sont engagées à cette époque dans une démarche en faveur du « sans huile de palme ».
Suite à ces attaques médiatiques déstabilisantes, la riposte ne se fait pas attendre en Malaisie, 2e producteur mondial d’huile de palme. Le Malaysian Palm Oil Council (MOPC) [Conseil malaisien pour l’huile de palme qui réunit planteurs et producteurs] multiplie alors les actions de communication notamment via des sites Internet (L’huile de palme et la santé, The Oil Palm, Human Faces of Palm Oil) et des études valorisant les bienfaits de l’huile de palme tant sur le plan de la santé que sur le plan social.
Le débat est relancé en France en 2012 avec une proposition d’amendement du projet de loi sur le financement de la Sécurité sociale visant à taxer les produits à base d'huile de palme (taxe Nutella). Cette proposition n’a pas été retenue, comme l’a assuré M. Ayrault lors d’un voyage officiel en Malaisie, mais met en exergue le rapport de méfiance des français avec l’huile de palme. Suite à cela, le groupe Ferrero a d’ailleurs créé des espaces sur les réseaux sociaux, publié une vidéo et fait une campagne presse afin de présenter le contenu du pot de Nutella et « dédramatiser » l’huile de palme.

La contre attaque malaisienne
Le MOPC, qui a bien compris la nécessité de rassurer, a organisé à Paris en octobre dernier une Conférence européenne sur l’huile de palme afin d’informer les acteurs du secteur sur les pratiques de certification, les qualités nutritionnelles, les politiques européennes d’étiquetage, les perceptions des consommateurs et les demandes des ONG. A cette occasion, la France a de nouveau été interpellée sur l’illégalité du label « sans huile de palme ».
Toujours dans une optique de transparence et pour répondre aux attaques récurrentes dénonçant des mécanismes de contrôle insuffisants notamment dans le cadre de la certification RSPO, la Malaisie va lancer un « label vert ». Le 2e producteur mondial, confronté, en plus de la guerre informationnelle, à la concurrence de la Côte d’Ivoire et du Nigeria joue la carte de l’excellence.
Parallèlement aux actions du MOPC, les producteurs locaux deviennent ambassadeurs de l’huile de palme, à l’image de la société United Plantations dirigée par Carl Nielsen, vitrine de l’huile de palme durable.
Concomitamment, en France, l’Alliance française pour une huile de palme durable, association d’entreprises françaises dont Ferrero, Nestlé et Unilever, œuvre pour le développement de l’utilisation de l’huile de palme durable. A noter, la consommation mondiale d’huile de palme ne cesse d’augmenter. 56 % provient de Malaisie.