Connaissez-vous la cicadelle? Cet insecte est pourtant à l’origine d’une âpre polémique dans le monde viticole français. Il est en effet le vecteur de la flavescence dorée, maladie de la vigne pour laquelle il n’existe aucun traitement curatif connu. Dans un pays où le vin fait partie intégrante de la culture nationale et représente des intérêts économiques substantiels, il n’est pas surprenant qu’une guerre de l’information soit déclenchée sur cette problématique.
Le 7 juin 2013, un arrêté du préfet de la Côte d’Or (Bourgogne) impose un traitement par insecticide sur les parcelles de vigne dans les zones susceptibles d’être contaminées par la flavescence dorée. Dans les attendus de cet arrêté préfectoral, il est fait néanmoins fait explicitement mention de l’existence d’un produit phytosanitaire utilisable en agriculture biologique. De plus, l’arrêté impose un traitement à l’eau chaude, technique reconnue comme efficace pour lutter contre la propagation de la maladie lors de la replantation ou du greffage.
Si la majorité des viticulteurs obtempèrent, une réaction contre l’usage de pesticides est initiée par certains d’entre eux au nom du respect de l’environnement. Emmanuel Giboulot, viticulteur bourguignon, en devient la figure emblématique suite à sa convocation au tribunal de Dijon pour non-respect de l’arrêté préfectoral. Cultivant ses vignes en biodynamie, il refuse le traitement par pesticides et met plutôt en avant la surveillance des parcelles et l’arrachage des ceps dès l’apparition des premiers signes de maladie.
Le refus des pesticides
Une page Facebook et deux pétitions seront lancées sur Internet pour le défendre. Si la première ne recueillera que 60.000 signatures, la seconde organisée par l’Institut pour la Protection de la Santé Naturelle (IPSN) aura beaucoup plus de succès et sera signée par plus de 500.000 personnes. Malgré cette médiatisation, Emmanuel Giboulot fut condamné le 24 février 2014 à une amende par le tribunal de Dijon. Cependant, comme l’analyse le site « Les 5 du vin », ces initiatives ont peut-être conduit à un jugement relativement clément pour E. Giboulot. Ceci au prix d’une possible désinformation. En effet, l’IPSN prône des techniques de lutte réfutées par certaines organisations de la filière viticole.
Les associations se revendiquant de la défense de l’environnement sont elles aussi divisées comme l’illustrent le soutien apporté à E. Giboulot par la Confédération des Groupements des Agrobiologistes de Bourgogne (CGAB) et la mise en garde diffusée par le SEDARB (Service d'Eco-Développement Agrobiologique et Rural de Bourgogne). L’incohérence est proche puisqu’un lien vers le document de soutien du CGAB est présent sur le portail de la Bio en Bourgone, lui-même soutenu officiellement par le SEDARB.
L’effet boomerang de la polémique
Sur le portail sectoriel vitisphere.com, David Amblevert, président de la Fédération Française des Pépiniéristes Viticoles rejoint les opposants à E. Giboulot et met en garde contre le danger pour toute la filière viticole de ne pas traiter les vignes. Défendant l’intérêt de ses pairs, il précise que malgré son efficacité contre la flavescence dorée, le traitement par eau chaude peut causer un taux de non-reprise atteignant 100%. Mauvaise nouvelle pour un pépiniériste dont le métier consiste à vendre des plants de vigne et non du vin contenant potentiellement des résidus de pesticides.
En janvier 2014, l’affaire connaît un retentissement international. Le New York Times (NYT) publie un article sur l’affaire Giboulot dans lequel il pointe l’incohérence de la France dont le Ministère de l’Agriculture supporte la filière de production bio (« organic wine industry ») mais dont la Justice poursuit un viticulteur qui refuse d’utiliser des pesticides. Rappelant que la France est le premier utilisateur de pesticides en Europe, il poursuit en référençant une étude qui a montré que 90% des vins français contenait des pesticides. Simplifiant à l’extrême la complexité du dossier, le New York Times termine en qualifiant la législation française concernée de « bad policy » et en insistant sur la mauvaise publicité causée aux vins français par cette affaire. Nous nous devons de rappeler que l’industrie vinicole constitue un acteur économique d’importance dans certains Etats Américains, tels que la Californie.
La carence des arguments scientifiques
Cet article fut relayé et même traduit par le site « Veille au grain ». Cette association a pour but officiel de défendre le droit de produire, transformer et consommer sans OGM ni pesticides. Bien qu’elle revendique d’évaluer, créer et relayer l’information concernant l’agriculture, il est surprenant qu’elle fasse l’écho d’un article aussi simplificateur que celui du NYT. Le 20 février 2014, Le site web Reporterre.net titrait : « En procès pour avoir refusé … de polluer ! ». Il référence entre autres l’association « Veille au grain » pour expliquer que les pesticides recommandés pour traiter la flavescence dorée sont soit toxiques soit inefficaces. L’impartialité de l’équipe de site peut toutefois être mise en doute sur la base de ses propres affirmations : « Reporterre est en empathie avec les mouvements écologiste, altermondialiste, et alternatif ». Sans disposer des connaissances scientifiques permettant de trancher la question de la pertinence du traitement de la flavescence dorée par pesticides, nous ne pouvons néanmoins que constater la partialité évidente de la plupart des acteurs qui se sont prononcés sur la question. Comment dès lors l’observateur non averti peut-il se construire un avis objectif sur un sujet aussi culturellement sensible et économiquement important en France que le vin ?
Le 7 juin 2013, un arrêté du préfet de la Côte d’Or (Bourgogne) impose un traitement par insecticide sur les parcelles de vigne dans les zones susceptibles d’être contaminées par la flavescence dorée. Dans les attendus de cet arrêté préfectoral, il est fait néanmoins fait explicitement mention de l’existence d’un produit phytosanitaire utilisable en agriculture biologique. De plus, l’arrêté impose un traitement à l’eau chaude, technique reconnue comme efficace pour lutter contre la propagation de la maladie lors de la replantation ou du greffage.
Si la majorité des viticulteurs obtempèrent, une réaction contre l’usage de pesticides est initiée par certains d’entre eux au nom du respect de l’environnement. Emmanuel Giboulot, viticulteur bourguignon, en devient la figure emblématique suite à sa convocation au tribunal de Dijon pour non-respect de l’arrêté préfectoral. Cultivant ses vignes en biodynamie, il refuse le traitement par pesticides et met plutôt en avant la surveillance des parcelles et l’arrachage des ceps dès l’apparition des premiers signes de maladie.
Le refus des pesticides
Une page Facebook et deux pétitions seront lancées sur Internet pour le défendre. Si la première ne recueillera que 60.000 signatures, la seconde organisée par l’Institut pour la Protection de la Santé Naturelle (IPSN) aura beaucoup plus de succès et sera signée par plus de 500.000 personnes. Malgré cette médiatisation, Emmanuel Giboulot fut condamné le 24 février 2014 à une amende par le tribunal de Dijon. Cependant, comme l’analyse le site « Les 5 du vin », ces initiatives ont peut-être conduit à un jugement relativement clément pour E. Giboulot. Ceci au prix d’une possible désinformation. En effet, l’IPSN prône des techniques de lutte réfutées par certaines organisations de la filière viticole.
Les associations se revendiquant de la défense de l’environnement sont elles aussi divisées comme l’illustrent le soutien apporté à E. Giboulot par la Confédération des Groupements des Agrobiologistes de Bourgogne (CGAB) et la mise en garde diffusée par le SEDARB (Service d'Eco-Développement Agrobiologique et Rural de Bourgogne). L’incohérence est proche puisqu’un lien vers le document de soutien du CGAB est présent sur le portail de la Bio en Bourgone, lui-même soutenu officiellement par le SEDARB.
L’effet boomerang de la polémique
Sur le portail sectoriel vitisphere.com, David Amblevert, président de la Fédération Française des Pépiniéristes Viticoles rejoint les opposants à E. Giboulot et met en garde contre le danger pour toute la filière viticole de ne pas traiter les vignes. Défendant l’intérêt de ses pairs, il précise que malgré son efficacité contre la flavescence dorée, le traitement par eau chaude peut causer un taux de non-reprise atteignant 100%. Mauvaise nouvelle pour un pépiniériste dont le métier consiste à vendre des plants de vigne et non du vin contenant potentiellement des résidus de pesticides.
En janvier 2014, l’affaire connaît un retentissement international. Le New York Times (NYT) publie un article sur l’affaire Giboulot dans lequel il pointe l’incohérence de la France dont le Ministère de l’Agriculture supporte la filière de production bio (« organic wine industry ») mais dont la Justice poursuit un viticulteur qui refuse d’utiliser des pesticides. Rappelant que la France est le premier utilisateur de pesticides en Europe, il poursuit en référençant une étude qui a montré que 90% des vins français contenait des pesticides. Simplifiant à l’extrême la complexité du dossier, le New York Times termine en qualifiant la législation française concernée de « bad policy » et en insistant sur la mauvaise publicité causée aux vins français par cette affaire. Nous nous devons de rappeler que l’industrie vinicole constitue un acteur économique d’importance dans certains Etats Américains, tels que la Californie.
La carence des arguments scientifiques
Cet article fut relayé et même traduit par le site « Veille au grain ». Cette association a pour but officiel de défendre le droit de produire, transformer et consommer sans OGM ni pesticides. Bien qu’elle revendique d’évaluer, créer et relayer l’information concernant l’agriculture, il est surprenant qu’elle fasse l’écho d’un article aussi simplificateur que celui du NYT. Le 20 février 2014, Le site web Reporterre.net titrait : « En procès pour avoir refusé … de polluer ! ». Il référence entre autres l’association « Veille au grain » pour expliquer que les pesticides recommandés pour traiter la flavescence dorée sont soit toxiques soit inefficaces. L’impartialité de l’équipe de site peut toutefois être mise en doute sur la base de ses propres affirmations : « Reporterre est en empathie avec les mouvements écologiste, altermondialiste, et alternatif ». Sans disposer des connaissances scientifiques permettant de trancher la question de la pertinence du traitement de la flavescence dorée par pesticides, nous ne pouvons néanmoins que constater la partialité évidente de la plupart des acteurs qui se sont prononcés sur la question. Comment dès lors l’observateur non averti peut-il se construire un avis objectif sur un sujet aussi culturellement sensible et économiquement important en France que le vin ?