Le récent rapport Lauvergnon a identifié la problématique du Big Data comme une des sept ambitions pour la France en matière d’innovation. De multiples études issues tant de cabinets de consultance privés que d’organismes publics aboutissent à des conclusions similaires. La capacité à exploiter des données complexes et massives dans un monde de plus en plus soumis à l’imprévisible et à la complexité devient déterminante au niveau économique, social ou politique.
Si l’affaire Snowden a légitimement mis à l’agenda les questions du lieu et des conditions de stockage des données ainsi que la problématique du chiffrement des communications, une niche d’expertise particulière reste encore peu discutée : la capacité de visualiser ces données complexes et massives. Cependant, le pouvoir d’analyse, de communication et donc finalement d’influence offert par les outils et technologies sous-jacents risque d’être un jour déterminant. En effet, la visualisation de données est pertinente dans tout domaine d’activité et tout secteur industriel (enabling technology). De plus, contrairement à d’autres types de logiciels, les populations d’utilisateurs s’avèrent souvent stratégiques, qu’il s’agisse de décideurs économiques, d’hommes politiques ou du grand public. Activant des mécanismes cognitifs extrêmement efficaces, les représentations visuelles offrent un pouvoir de persuasion redoutable.
Dans la communauté informatique, deux associations professionnelles dominent : ACM et IEEE. Leur quartier général est basé aux Etats-Unis et elles disposent de bureaux locaux dans le monde entier. En matière de visualisation, la conférence internationale « Infovis », organisée par IEEE, est reconnue comme la plus prestigieuse. Pour la première fois depuis sa création en 1999, elle aura lieu en 2014 en Europe, à Paris. Toutes les éditions précédentes furent organisées aux Etats-Unis. Des conférences régionales, également supportées par IEEE, sont organisées en Europe et en Asie mais leur réputation n’atteint pas celle d’Infovis. Depuis l’émergence de cette thématique, les scientifiques et industriels basés aux Etats-Unis ont donc bénéficié d’un accès privilégié aux derniers travaux du domaine, au minimum grâce à une logistique plus légère. De plus, le journal scientifique TCVG, le plus réputé du domaine, est également publié par l’association IEEE.
Dans le monde économique, les analyses de marché des grands cabinets de consultance font souvent figure d’autorité, en particulier pour les grands comptes. Acteurs déterminants dans la transmission d’information entre professionnels, ils rédigent périodiquement des rapports sur les outils d’analyse de données (Data Analytics), catégorie qui inclut les logiciels de visualisation. A titre d’exemple, le cabinet américain Gartner a récemment publié le rapport “Magic Quadrant for Business Intelligence and Analytics Platforms”. Parmi les dix outils identifiés comme leaders du marché figurent neuf logiciels commercialisés par des sociétés américaines, cotées sur les marchés financiers américains (NYSE ou NASDAQ) ou non cotés mais détenues par des capitaux américains (p.ex. SAS,inc).
En une quinzaine d’années, les Etats-Unis se sont donc imposés comme la référence mondiale dans le domaine de la visualisation de données. Les principaux canaux de diffusion du savoir scientifique, les cabinets de conseil les plus connus et les éditeurs de logiciels les plus dynamiques et les mieux capitalisés sont en grande partie américains. Il faut avouer que l’Europe, bien que disposant d’un potentiel intellectuel comparable, peine à faire émerger des acteurs de niveau international dans ce domaine clé du Big Data.
Si l’affaire Snowden a légitimement mis à l’agenda les questions du lieu et des conditions de stockage des données ainsi que la problématique du chiffrement des communications, une niche d’expertise particulière reste encore peu discutée : la capacité de visualiser ces données complexes et massives. Cependant, le pouvoir d’analyse, de communication et donc finalement d’influence offert par les outils et technologies sous-jacents risque d’être un jour déterminant. En effet, la visualisation de données est pertinente dans tout domaine d’activité et tout secteur industriel (enabling technology). De plus, contrairement à d’autres types de logiciels, les populations d’utilisateurs s’avèrent souvent stratégiques, qu’il s’agisse de décideurs économiques, d’hommes politiques ou du grand public. Activant des mécanismes cognitifs extrêmement efficaces, les représentations visuelles offrent un pouvoir de persuasion redoutable.
Dans la communauté informatique, deux associations professionnelles dominent : ACM et IEEE. Leur quartier général est basé aux Etats-Unis et elles disposent de bureaux locaux dans le monde entier. En matière de visualisation, la conférence internationale « Infovis », organisée par IEEE, est reconnue comme la plus prestigieuse. Pour la première fois depuis sa création en 1999, elle aura lieu en 2014 en Europe, à Paris. Toutes les éditions précédentes furent organisées aux Etats-Unis. Des conférences régionales, également supportées par IEEE, sont organisées en Europe et en Asie mais leur réputation n’atteint pas celle d’Infovis. Depuis l’émergence de cette thématique, les scientifiques et industriels basés aux Etats-Unis ont donc bénéficié d’un accès privilégié aux derniers travaux du domaine, au minimum grâce à une logistique plus légère. De plus, le journal scientifique TCVG, le plus réputé du domaine, est également publié par l’association IEEE.
Dans le monde économique, les analyses de marché des grands cabinets de consultance font souvent figure d’autorité, en particulier pour les grands comptes. Acteurs déterminants dans la transmission d’information entre professionnels, ils rédigent périodiquement des rapports sur les outils d’analyse de données (Data Analytics), catégorie qui inclut les logiciels de visualisation. A titre d’exemple, le cabinet américain Gartner a récemment publié le rapport “Magic Quadrant for Business Intelligence and Analytics Platforms”. Parmi les dix outils identifiés comme leaders du marché figurent neuf logiciels commercialisés par des sociétés américaines, cotées sur les marchés financiers américains (NYSE ou NASDAQ) ou non cotés mais détenues par des capitaux américains (p.ex. SAS,inc).
En une quinzaine d’années, les Etats-Unis se sont donc imposés comme la référence mondiale dans le domaine de la visualisation de données. Les principaux canaux de diffusion du savoir scientifique, les cabinets de conseil les plus connus et les éditeurs de logiciels les plus dynamiques et les mieux capitalisés sont en grande partie américains. Il faut avouer que l’Europe, bien que disposant d’un potentiel intellectuel comparable, peine à faire émerger des acteurs de niveau international dans ce domaine clé du Big Data.