Jusque là très peu analysé, le gaspillage alimentaire devient un sujet de préoccupation majeure pour nos sociétés modernes en raison de ses multiples impacts.
Le Gaspillage Alimentaire se définit comme le fait de jeter intentionnellement des aliments propres à la consommation. Il se réfère généralement au rejet et/ou à l’abandon délibéré de nourriture qui est encore adaptée à l’usage qui lui était prévu et parfaitement salubre.
Ce fléau atteint de nos jours des proportions assez alarmantes au niveau national, puisque les experts s'accordent sur les chiffres suivants :
- 20 Kg de nourriture jetés à la poubelle / ménage / an
- 500 €uros de dépenses / ménage / an
- Au niveau mondial, la situation s'avère encore plus catastrophique avec des chiffres qui atteignent :
- 1,3 milliards de tonnes de nourriture jetés à la poubelle / an
- 750 milliards €uros de dépenses / an
Des analyses simplistes
Les problématiques soulevées par le gaspillage alimentaire n'échappent hélas pas au recours habituel à des analyses simplistes. Ainsi, alors que l'on devrait procéder à une analyse méthodique des principales parties prenantes et identifier la chaîne de responsabilité, la tendance naturelle demeure d'incriminer la grande distribution et de lui faire endosser l'exclusive responsabilité de ce fléau.
Heureusement, toutes les assertions véhiculées ne résistent pas à un examen attentif des faits, lesquels permettent d'emblée de considérer que le Gaspillage Alimentaire est un problème qui concerne chaque maillon de la chaîne alimentaire, laquelle va du producteur au consommateur en passant par le législateur et le distributeur.
Face à leur incapacité à trouver des réponses efficaces à ce problème complexe, les pouvoirs publics ont succombé à la tentation de trouver un bouc émissaire commode. C'est ainsi que fut entretenue, par les autorités publiques, l'illusion que l'entière responsabilité du Gaspillage Alimentaire en France incombe aux distributeurs.
Ce faisant, les pouvoirs publics illustrent de facto leur profonde méconnaissance de la complexité de la situation, leur ignorance des multiples actions déjà engagés par les enseignes de la grande distribution et leur incapacité à suggérer des solutions efficientes.
Les attaques contre la grande distribution
Beaucoup observateurs peu au fait de la réalité des pratiques de la profession affirment que les enseignes de distribution alimentaires sont les principaux pourvoyeurs du Gaspillage Alimentaire. En guise d'arguments, ils incriminent :
- La mise à la benne des invendus des magasins
- Les excès du principe de précaution
- Les exigences et normes de commercialisation excessivement sélectives
La volonté d’action des distributeurs est entravée par les pouvoirs publics. Bien avant l'actuelle prise de conscience du phénomène, les enseignes de distribution ont activé deux leviers destinés à circonscrire, autant que faire se peut, le Gaspillage Alimentaire. C'est ainsi que les enseignes de distribution procèdent à la redistribution gratuite ou à prix promotionnels des denrées alimentaires potentiellement en surstock, non conformes du point de vue de leur calibre et de leur forme. Par ailleurs, les enseignes de distribution recourent à la redistribution des produits proches de leur date de péremption. Cette redistribution requiert, pour les distributeurs, une diminution substantielle du prix des produits alimentaires frais quand ils approchent de leur date limite de vente. Outre un aspect de réduction des stocks, cette démarche présente un avantage clair pour les consommateurs, notamment ceux à faible revenu, en leur permettant d'acquérir des denrées alimentaires à un prix bon marché.
De telles initiatives pourraient être rapidement généralisées et systématisées si les autorités publiques n'entravaient pas la démarche en proscrivant strictement la vente à perte de nourriture. Aussi stupéfiant que cela puisse paraître, les pouvoirs publics encouragent ainsi la mise à la benne de produits plutôt que leur commercialisation à faible prix aux consommateurs. En effet, la loi française proscrit et sanctionne sévèrement toute vente d'un produit à un prix inférieur à son prix de revient. Cette interdiction de "vente à perte" commence d'ailleurs à interpeller les autorités européennes, lesquelles déplorent à juste titre et de manière insistante cette situation. Les autorités européennes incitent, plus que jamais, les autorités françaises à changer la législation en vigueur.
Les feins au don de produits aux associations
Les principaux acteurs, dont les enseignes de distribution, ont entrepris de donner des produits alimentaires invendus aux associations. Cet élan se heurte cependant à une incompréhension et un flou juridique volontairement entretenus par les autorités administratives françaises. En effet, alors que les professionnels de la distribution demandent depuis fort longtemps que leur responsabilité s'arrête dés l'exécution du don et que le transfert de responsabilité se fasse au profit de l'association recevant les produits, les pouvoirs publics persistent à considérer que la responsabilité du donneur demeure engagée même une fois les produits donnés. Or, tant que subsistera le flou et que le législateur ne clarifiera pas les contours juridiques du don et les questions relatives à la logistique de transport de cette nourriture, les enseignes de distribution verront leur générosité freinée. Il faudrait absolument que la responsabilité des enseignes soit levée une fois la nourriture donnée, sinon, aussi scandaleuse et injuste qu'est la déperdition de nourriture, elles préféreront la jeter plutôt que d'être inquiétées par la justice. Cette réallocation des surplus et/ou des invendus aux acteurs sociaux (banques alimentaires, etc.) permettrait aux enseignes de distribution de réaffirmer leur dimension sociétale tout en limitant le glanage qui soulève des questions à la fois d'ordre éthique et technique. Elle constituerait une incitation forte à donner les produits consommables non commercialisables plutôt qu’à les jeter. L'urgence impose une intensification des partenariats entre distributeurs et acteurs associatifs dans un cadre juridique adapté et des niveaux de responsabilités clarifiées.
Les excès du principe de précaution
Contraintes par une réglementation de plus en plus exigeante et confrontées au principe de précaution, les enseignes sont amenées à mettre à la benne le moindre aliment susceptible de dépasser la date limite de consommation. C'est ainsi par exemple que les distributeurs, redoutant à la fois les salmonelles et la rupture de la chaîne du froid, font tout pour empêcher le "glanage" à la sauvette des produits jetés aux ordures, au point de verser de l'eau de javel dans les poubelles. Une telle gabegie n'est pourtant pas une fatalité puisqu'à titre d'exemple en Australie, une loi dédouane les distributeurs de toute responsabilité sanitaire lorsqu'ils donnent de la nourriture.
Par ailleurs, la réglementation impose aux distributeurs des contraintes excessives et sans réel fondement sanitaire en terme de DLC (dates limites de consommation) ou de DLUO (date limite d’utilisation optimale). D’après les autorités en charge de la normalisation, consommer des produits dont la DLC est dépassée comporterait des risques et le consommateur pourrait être malade. Cette assertion ne repose pourtant sur aucune donnée scientifiquement fondée alors qu'elle favorise très nettement le gaspillage. Des études officieuses effectuées sur la durée de vie des aliments, il résulte que ces produits peuvent, en général, être consommés sans risque, quelques jours après la date péremption. Là encore, les pouvoirs publics et les instances normatives doivent procéder aux indispensables clarifications et établir des critères uniformes et scientifiquement fondés par delà le principe de précaution érigé, dans notre société et de nos jours, en dogme.
Les principales enseignes de la grande distribution telles que Système U, Auchan, Carrefour et Leclerc sont par exemple intéressées par le logiciel innovant développé par "Eqosphère" pour mettre à disposition leurs surplus alimentaires au secteur associatif. Les associations telles que "Emmaüs", les "Resto du Cœur" ou la "Croix Rouge" pourront être informées à l’avance des quantités et types de produits à récupérer, permettant ainsi une meilleure redistribution. Une application smart phone a également été lancée cet été pour permettre aux ménages de participer à ce grand mouvement national anti-gaspillage.
Qui est responsable ?
Les études montrent qu’en France, le gaspillage et les pertes (alimentaire et liquide) sont dus :
- Au consommateur pour environs 64%,
- A la production industrielle (tout produit confondu) pour environs 27%,
- A la distribution et la vente (tous commerces et restaurants) pour environs 9%.
La fédération française des banques alimentaires (FFBA) estime à 600 000 tonnes les produits jetés par les grandes et moyennes surfaces en France par an (essentiellement des fruits, légumes et produits ultra-frais en fin de DLC), et considère qu’environ un tiers pourrait être récupéré. Des informations rassemblées, il ressort une estimation des pertes dans les enseignes de la grande distribution d’environ 2% en valeur. La grande distribution n'est pas la principale et encore moins la seule responsable du gaspillage alimentaire en France. Plus que jamais, les pouvoirs publics devraient impulser une dynamique de prise de conscience collective et impliquer toutes les parties prenantes et non rejeter la faute sur les seules enseigne de distributions.
Le Gaspillage Alimentaire se définit comme le fait de jeter intentionnellement des aliments propres à la consommation. Il se réfère généralement au rejet et/ou à l’abandon délibéré de nourriture qui est encore adaptée à l’usage qui lui était prévu et parfaitement salubre.
Ce fléau atteint de nos jours des proportions assez alarmantes au niveau national, puisque les experts s'accordent sur les chiffres suivants :
- 20 Kg de nourriture jetés à la poubelle / ménage / an
- 500 €uros de dépenses / ménage / an
- Au niveau mondial, la situation s'avère encore plus catastrophique avec des chiffres qui atteignent :
- 1,3 milliards de tonnes de nourriture jetés à la poubelle / an
- 750 milliards €uros de dépenses / an
Des analyses simplistes
Les problématiques soulevées par le gaspillage alimentaire n'échappent hélas pas au recours habituel à des analyses simplistes. Ainsi, alors que l'on devrait procéder à une analyse méthodique des principales parties prenantes et identifier la chaîne de responsabilité, la tendance naturelle demeure d'incriminer la grande distribution et de lui faire endosser l'exclusive responsabilité de ce fléau.
Heureusement, toutes les assertions véhiculées ne résistent pas à un examen attentif des faits, lesquels permettent d'emblée de considérer que le Gaspillage Alimentaire est un problème qui concerne chaque maillon de la chaîne alimentaire, laquelle va du producteur au consommateur en passant par le législateur et le distributeur.
Face à leur incapacité à trouver des réponses efficaces à ce problème complexe, les pouvoirs publics ont succombé à la tentation de trouver un bouc émissaire commode. C'est ainsi que fut entretenue, par les autorités publiques, l'illusion que l'entière responsabilité du Gaspillage Alimentaire en France incombe aux distributeurs.
Ce faisant, les pouvoirs publics illustrent de facto leur profonde méconnaissance de la complexité de la situation, leur ignorance des multiples actions déjà engagés par les enseignes de la grande distribution et leur incapacité à suggérer des solutions efficientes.
Les attaques contre la grande distribution
Beaucoup observateurs peu au fait de la réalité des pratiques de la profession affirment que les enseignes de distribution alimentaires sont les principaux pourvoyeurs du Gaspillage Alimentaire. En guise d'arguments, ils incriminent :
- La mise à la benne des invendus des magasins
- Les excès du principe de précaution
- Les exigences et normes de commercialisation excessivement sélectives
La volonté d’action des distributeurs est entravée par les pouvoirs publics. Bien avant l'actuelle prise de conscience du phénomène, les enseignes de distribution ont activé deux leviers destinés à circonscrire, autant que faire se peut, le Gaspillage Alimentaire. C'est ainsi que les enseignes de distribution procèdent à la redistribution gratuite ou à prix promotionnels des denrées alimentaires potentiellement en surstock, non conformes du point de vue de leur calibre et de leur forme. Par ailleurs, les enseignes de distribution recourent à la redistribution des produits proches de leur date de péremption. Cette redistribution requiert, pour les distributeurs, une diminution substantielle du prix des produits alimentaires frais quand ils approchent de leur date limite de vente. Outre un aspect de réduction des stocks, cette démarche présente un avantage clair pour les consommateurs, notamment ceux à faible revenu, en leur permettant d'acquérir des denrées alimentaires à un prix bon marché.
De telles initiatives pourraient être rapidement généralisées et systématisées si les autorités publiques n'entravaient pas la démarche en proscrivant strictement la vente à perte de nourriture. Aussi stupéfiant que cela puisse paraître, les pouvoirs publics encouragent ainsi la mise à la benne de produits plutôt que leur commercialisation à faible prix aux consommateurs. En effet, la loi française proscrit et sanctionne sévèrement toute vente d'un produit à un prix inférieur à son prix de revient. Cette interdiction de "vente à perte" commence d'ailleurs à interpeller les autorités européennes, lesquelles déplorent à juste titre et de manière insistante cette situation. Les autorités européennes incitent, plus que jamais, les autorités françaises à changer la législation en vigueur.
Les feins au don de produits aux associations
Les principaux acteurs, dont les enseignes de distribution, ont entrepris de donner des produits alimentaires invendus aux associations. Cet élan se heurte cependant à une incompréhension et un flou juridique volontairement entretenus par les autorités administratives françaises. En effet, alors que les professionnels de la distribution demandent depuis fort longtemps que leur responsabilité s'arrête dés l'exécution du don et que le transfert de responsabilité se fasse au profit de l'association recevant les produits, les pouvoirs publics persistent à considérer que la responsabilité du donneur demeure engagée même une fois les produits donnés. Or, tant que subsistera le flou et que le législateur ne clarifiera pas les contours juridiques du don et les questions relatives à la logistique de transport de cette nourriture, les enseignes de distribution verront leur générosité freinée. Il faudrait absolument que la responsabilité des enseignes soit levée une fois la nourriture donnée, sinon, aussi scandaleuse et injuste qu'est la déperdition de nourriture, elles préféreront la jeter plutôt que d'être inquiétées par la justice. Cette réallocation des surplus et/ou des invendus aux acteurs sociaux (banques alimentaires, etc.) permettrait aux enseignes de distribution de réaffirmer leur dimension sociétale tout en limitant le glanage qui soulève des questions à la fois d'ordre éthique et technique. Elle constituerait une incitation forte à donner les produits consommables non commercialisables plutôt qu’à les jeter. L'urgence impose une intensification des partenariats entre distributeurs et acteurs associatifs dans un cadre juridique adapté et des niveaux de responsabilités clarifiées.
Les excès du principe de précaution
Contraintes par une réglementation de plus en plus exigeante et confrontées au principe de précaution, les enseignes sont amenées à mettre à la benne le moindre aliment susceptible de dépasser la date limite de consommation. C'est ainsi par exemple que les distributeurs, redoutant à la fois les salmonelles et la rupture de la chaîne du froid, font tout pour empêcher le "glanage" à la sauvette des produits jetés aux ordures, au point de verser de l'eau de javel dans les poubelles. Une telle gabegie n'est pourtant pas une fatalité puisqu'à titre d'exemple en Australie, une loi dédouane les distributeurs de toute responsabilité sanitaire lorsqu'ils donnent de la nourriture.
Par ailleurs, la réglementation impose aux distributeurs des contraintes excessives et sans réel fondement sanitaire en terme de DLC (dates limites de consommation) ou de DLUO (date limite d’utilisation optimale). D’après les autorités en charge de la normalisation, consommer des produits dont la DLC est dépassée comporterait des risques et le consommateur pourrait être malade. Cette assertion ne repose pourtant sur aucune donnée scientifiquement fondée alors qu'elle favorise très nettement le gaspillage. Des études officieuses effectuées sur la durée de vie des aliments, il résulte que ces produits peuvent, en général, être consommés sans risque, quelques jours après la date péremption. Là encore, les pouvoirs publics et les instances normatives doivent procéder aux indispensables clarifications et établir des critères uniformes et scientifiquement fondés par delà le principe de précaution érigé, dans notre société et de nos jours, en dogme.
Les principales enseignes de la grande distribution telles que Système U, Auchan, Carrefour et Leclerc sont par exemple intéressées par le logiciel innovant développé par "Eqosphère" pour mettre à disposition leurs surplus alimentaires au secteur associatif. Les associations telles que "Emmaüs", les "Resto du Cœur" ou la "Croix Rouge" pourront être informées à l’avance des quantités et types de produits à récupérer, permettant ainsi une meilleure redistribution. Une application smart phone a également été lancée cet été pour permettre aux ménages de participer à ce grand mouvement national anti-gaspillage.
Qui est responsable ?
Les études montrent qu’en France, le gaspillage et les pertes (alimentaire et liquide) sont dus :
- Au consommateur pour environs 64%,
- A la production industrielle (tout produit confondu) pour environs 27%,
- A la distribution et la vente (tous commerces et restaurants) pour environs 9%.
La fédération française des banques alimentaires (FFBA) estime à 600 000 tonnes les produits jetés par les grandes et moyennes surfaces en France par an (essentiellement des fruits, légumes et produits ultra-frais en fin de DLC), et considère qu’environ un tiers pourrait être récupéré. Des informations rassemblées, il ressort une estimation des pertes dans les enseignes de la grande distribution d’environ 2% en valeur. La grande distribution n'est pas la principale et encore moins la seule responsable du gaspillage alimentaire en France. Plus que jamais, les pouvoirs publics devraient impulser une dynamique de prise de conscience collective et impliquer toutes les parties prenantes et non rejeter la faute sur les seules enseigne de distributions.