Les limites des MOOCs

Les Massive Open Online Courses (MOOCS) sont de nouveaux outils d’apprentissage qui ont été créé Outre-Atlantique. Ces cours en ligne sont ouverts et massifs sur Internet permettent de suivre l’enseignement sans devoir se déplacer physiquement tout en connectant des milliers d’élèves à un seul professeur. Ils sont présentés comme une démocratisation de la formation qui a des répercussions dans certaines universités ou écoles prestigieuses d’enseignement supérieur françaises. Les Etats-Unis ont ainsi, dès 2011, lancé le phénomène des MOOCS à travers deux plate-formes principales : Udacity et Coursera. On recense deux types de MOOCS : les « xMOOCs », basés sur une approche traditionnelle de matières et d’enseignement et les « cMOOCs », qui reposent plus sur l’interaction et l’échange entre le professeur et l’élève.
Les MOOCS intégraient, à l’origine, des domaines de formations limitées (informatique, mathématique, programmation) correspondant au modèle d’apprentissage. Aujourd’hui, les matières sont variées comme l’histoire, la philosophie, le droit ou la santé. A ce jour, ce sont donc des centaines de cours qui sont proposés avec plus d’un million d’inscrits aux Etats-Unis.

Une démocratie de la connaissance sélective
Cependant, seuls 1 à 13% des inscrits en moyenne obtiendront, à la fin de leur formation, un certificat pouvant valoriser leur expérience professionnelle. Au niveau français, les promesses de François Hollande étaient claires : lancer un grand chantier du numérique. Le ministère de l’innovation et du numérique ainsi que celui de l’enseignement supérieur et de la recherche ont décidé de donner plus d’élans à cette transmission de connaissance.
France Université Numérique (FUN) héberge les MOOCs de différentes écoles et formations dans le but d’ouvrir les écoles, jusque là élitistes, à des profils plus classiques (CNAM, Sciences-Po, Université Panthéon-Assas Paris II, HEC, Polytechnique). Différentes actions ont été planifiées afin d’accorder une place plus importante au numérique, d’une part, dans l’enseignement supérieur, d’autre part, dans la formation des étudiants.
Le site FUN, ouvert au public depuis le 28 octobre 2013 et lancé le 16 janvier 2014, permet de se connecter à 25 MOOCs et compte déjà plus de 88 000 personnes inscrites.

Des interrogations pas toujours positives
Ce service, nouvellement implanté dans l’enseignement français, soulève plusieurs interrogations :

  • L’apprenant reste anonyme. Il reste donc dans une sphère virtuelle, ce qui limite fortement les échanges entre lui et les autres élèves et dénature les relations entre ces derniers ;



  • Le grand nombre d’élèves empêche considérablement un suivi pédagogique individuel et détériore le processus d’apprentissage de l’étudiant fragilisant, de fait, la transmission des connaissances ;



  • Les cours peuvent s’avérer longs et, dans certains cas, on remarque un manque au niveau de la mise à disposition des outils efficaces permettant l’interaction professeurs-élèves.


Le diplôme n’est pas reconnu par les entreprises même si, à l’inverse des MOOCs américains, on observe, quant à l’obtention du certificat un fort taux de réussite allant, par exemple, jusqu’à 66% des inscrits à l’Ecole Centrale de Lille.  Ce type de formation est particulièrement adapté pour des modules courts à destination des entreprises ou des formations linguistiques, type e-learning. Or, dans d’autres cas, elles s’avèrent plus difficiles à mettre en place et nécessitent un suivi régulier avec  des explications souvent personnalisées en fonction des besoins de l’élève. Le champ d’action se limite à la formation de professionnels voulant acquérir des connaissances et des compétences sur un thème donné et non à une formation semblable à un cursus traditionnel de type longues études.
En définitive, il conviendrait de réfléchir à l’amélioration de l’outil en tenant compte de ses failles plutôt que de plaquer directement un modèle américain ayant déjà démontré ses limites.