Les MOOC, une communication « pacifique » offensive…

Depuis la fin de la guerre froide, la suprématie économique s’impose comme l’enjeu prioritaire des grands Etats, principalement des Etats-Unis, première puissance mondiale. Le rayonnement culturel  leur est indispensable pour orienter la consommation globale, de Mac Donald pour l’alimentation à Google ou CNN pour l’information et la communication, de Boeing pour les transports aériens à Monsanto pour l’hégémonie agroalimentaire.
Dans ce défi de rayonnement culturel mondial, maîtriser l’énorme marché mondial de la formation devient aujourd’hui  l’enjeu absolu pour imposer un cadre et des références de formation et de savoir. Il s’agit de capter les cerveaux partout dans le monde, avec un double objectif, s’assurer une pensée et des réflexes orientées sur le modèle américain qui permettent une facile pénétration des produits et services américains, et aussi capter le plus possible de brevets en R&D pour le développement et la prééminence nationale.
Les MOOC, les « massive open online course », sont des cours en ligne ouvert à tous dans le monde, accessibles par internet.  Ces cours sont mis en ligne depuis 2011 par les grandes universités américaines, le M.I.T, Harvard, Stanford Duke et Princeton via des plateformes telles que Udacity, edX et Coursera. Coursera affiche déjà plus de 3,7 millions d’inscriptions. Ces plateformes ciblent principalement l’Inde pour son réservoir de cerveaux, et la Chine pour la pénétration de son marché.
Les universités des principaux pays rentrent dans la compétition face à l’hégémonie des majors nord-américains. Une concurrence internationale émerge entre les établissements d’enseignement supérieur renforcée par le classement mondial de ces établissements voulu par les organisations internationales, telle l’UNESCO. Cette compétition s’observe au niveau des établissements par le jeu des échanges d’étudiants et par l’attractivité qu’elles exercent en attirant des enseignants et chercheurs étrangers.
Cette internationalisation de l’enseignement et du savoir est mise en scène par une volonté politique des Etats. Aux Etats-Unis, le gouvernement fédéral affiche une volonté claire : Hilary Clinton, à l’audition de confirmation devant la commission des Affaire Étrangères du Sénat : " nous devons avoir recours à ce qui a été appelé 'le pouvoir de l'intelligence', l'ensemble des outils à notre disposition : diplomatiques, économiques, militaires, politiques, légaux, et culturels - il faut choisir le bon outil, ou la bonne combinaison d'outils, la mieux adaptée à chaque situation ".
Cette volonté affichée par H. Clinton est mise en œuvre par les organismes fédéraux américains, telle la National Science Foundation qui orchestre les subventions aux plateformes de diffusion et aux universités pour le financement des cours mais aussi par le canal d’organisations extérieures au gouvernement. Ainsi, le World Innovation Summit for Education,  organisé par la fondation du Qatar  présidé par Cheikha Moza Bint Nasser, mère de l‘émir du Qatar réunit pendant trois jours à Doha 1500 spécialistes de l’enseignement mondial et  responsables politiques. Le président de WISE, Abdulla Bin Ali Al-Thani, explique : "Nous souhaitons passer d'une économie fondée sur le pétrole à une économie fondée sur la connaissance". La Qatar Foundation est très proche de la Rand Corporation, think tank américain connu pour être l’ordonnateur de la stratégie nord-américaine. Les outils principalement promus par le WISE sont les MOOC proposés par les universités américaines.