L'éclatement de l'affaire Snowden, en révélant le contenu du programme Prism, ce prolongement du système échelon d'écoutes téléphoniques développé par la NSA, semble avoir donné un coup d'arrêt, ne serait-ce que temporaire, au développement de Facebook, le leader américain des réseaux sociaux.
Après un développement exponentiel qui, en quelques années, avait positionné Facebook comme leader incontesté du domaine, le réseau social de Mark Zuckerberg a fini par culminer, en 2012, à 2,5 milliards d'éléments partagés chaque jour sur son réseau. Débordant du seul champ de sa vocation initiale (la sociabilisation par Internet) pour conquérir des parts de marché du secteur tertiaire, Facebook s'était imposé en Europe et Amérique latine comme vecteur de suivi du CAC 40, avec respectivement 32 millions et 23 millions d'utilisateurs sur ce seul segment.
La France, malgré un léger retard, n'a pas échappé à la contagion, et Facebook a même été utilisé par certains acteurs du monde de la presse pour doper les ventes d'un secteur en difficulté. Ainsi Le Figaro est-il parvenu à augmenter ses abonnements en obtenant 10% de lecteurs supplémentaires avec le développement d'un réseau de 500 000 "fans Facebook".
Suite aux révélations de l'ancien agent de la NSA, Richard Snowden, sur l'exploitation à grande échelle par les services américains des données circulant sur Internet et sur la collaboration active de grands acteurs de la toile, notamment Facebook, à ce programme, l'augmentation du nombre d'utilisateurs à connu un premier coup d'arrêt en 2013, avec la perte de 6 millions d'utilisateurs au seul mois de mars. Contrecoup intéressant, ce phénomène s'est accompagné de l'émergence d'une multitude d'acteurs proposant sur Internet des réseaux sociaux "locaux", tels que Maville.com, Voisineo, Convillial ou FamilyWall.
Ce phénomène, qui s'est souvent appuyé sur des réseaux participatifs relayés par des annonceurs locaux, est un bon exemple de réflexe collectif et s'est développé, en France, sur le terreau particulièrement favorable du souci partagé de la préservation de la vie privée. Il est surprenant, et regrettable, que les pouvoirs publics français n'aient pas accompagné ce mouvement. A minima, un effort de sensibilisation aurait été bienvenu pour alerter le grand public sur les risques liés à l'exposition numérique de sa vie privé ou à un usage professionnel des réseaux sociaux anglo-saxons. Au mieux, on aurait pu espérer la promotion de solutions alternatives, à l'échelle nationale ou européenne, susceptibles de prendre le relai derrière les initiatives locales et spontanées de résistance à la suprématie numérique des réseaux Facebook ou Tweeter.