Le point sur la guerre de l’information concernant l’huile de palme

Depuis trois à quatre ans, ce n'est plus une simple volée de critiques, mais un véritable tir de barrage qui s'exerce à l'encontre de l'huile de palme. Ces critiques concernent l'huile de palme issue des plantations d'Asie du Sud-est  et des pays de la zone tropicale trouvent leur fondement, d'après leurs auteurs, sur l'impact négatif qu'aurait sa culture sur l'environnement et la santé.

De quoi s’agit-il ?
La première huile végétale mondiale est accusé de tous les maux dont principalement:
- Sur l'environnement tel que l'émission de gaz à effet de serre et la déforestation,
- Sur la santé comme sa saturation en acide gras et ses méfaits en termes de maladies cardiovasculaires
- sociaux avec notamment la déstructuration de la petite paysannerie, l'exploitation abusive des populations locales et l'expropriation galopante des terres.

Les études scientifiques démontrent que cette huile est très riche en vitamine A et en contient environ 15 fois plus que la carotte. Elle est par ailleurs l'une des huiles les plus consommées au monde loin,  devant l'huile de soja ou de tournesol. Ses qualités organoleptiques et son accessibilité tarifaires ont fortement contribué à son plébiscite les grands noms de l'industrie agro alimentaire qui ont multiplié son utilisation dans nombre de produits alimentaires industriels.
Selon ses détracteurs donc, l'huile de palme aurait des impacts sur la santé mais aussi pour les conséquences engendrées par sa culture intensive sur la biodiversité environnementale. Du côté santé, on accuse l'huile de palme d'augmenter les risques de maladies cardio-vasculaires et d'obésité à cause de sa forte concentration en acides gras. Ces deux descriptions, fausses ou simplistes, conduisent quasi automatiquement à un classement erroné, en termes de corps gras soit bons, soit mauvais pour la santé humaine, qui pourtant est plus menacée quotidiennement par le tabagisme, la consommation d’alcools, la consommation de sucres, de sodas, la consommation de viande grillées, fumées dont l’effet est bien supérieur.
Concernant ses impacts sur l'environnement, ce n'est guère plus glorieux. En effet, pour ses détracteurs,  la culture de l'huile de palme aurait des incidences considérables sur la biodiversité des pays producteurs. A leurs yeux, la plantation des palmiers à huile accélérerait la destruction des forets tropicales et favoriserait l'extinction des certaines espèces animales comme l'orang-outang.

Un discours de dénigrement contestable
En dépit du prestige dont jouissent les différents détracteurs de l'huile de palme et de leur notoriété, l'on observe néanmoins que rares sont les protagonistes et polémistes qui savent ce dont ils parlent vraiment. Des éléments de langage récurrents tels que: « polyinsaturés », « risque cardiovasculaire »… sont souvent répétés alors même que leur compréhension est loin d'être acquise.  C'est ainsi que divers protagonistes dans le champ des détracteurs de l'huile de palme croient que l’huile est faite d’acides gras, cela au seul motif que c'est cette information
qui figure sur les étiquetages. Quoi qu'il en soit, on serait naïf de ne pas voir, aussi, derrière la polémique de l’huile de palme, des raisons politico-économiques, avec notamment des manipulations protectionnistes fondées sur des clichés faciles à répéter. Plus que jamais, cette polémique est à analyse sous le prisme de l'inévitable bataille économique à la quelle se livrent les principaux pays. C'est ce qui explique les Espagnols ou les Italiens vantent excessivement les « vertus » de leur huile d’olive, tandis que d’autres groupes feront la promotion de telle ou telle culture oléagineuse nationale. C’est ainsi que les pays producteurs de soja du continent américain diabolisent l’huile de palme, comme le font également les pays producteurs de tournesol et de colza en Europe, et le Sénégal producteur d’arachide depuis la privatisation de la SONACOS.
Le changement de posture des ONG
Jusqu’alors les ONG tiraient à boulets rouges contre l’huile de palme conventionnelle, responsable de provoquer le défrichement de l’équivalent de 300 terrains de football chaque heure selon Greenpeace, et de décimer les orangs-outangs. Mais aujourd’hui, les accusations portent sur leur approvisionnement chez Daabon Organics, un producteur colombien qui produit de l’huile de palme biologique et qui serait, selon les détracteurs, lié par l’une de ses filiales à l’expulsion de 123 familles d’agriculteurs sur le terrain de Las Pavas, ainsi qu’à des dommages sur l’environnement. En France, le sujet a été soulevé récemment par Avenue Colombie et l’organisation professionnelle Minga.

Bannir l'huile de palme de l'alimentation ? Pas si simple ! Ni les principales ONG responsables des polémiques, ni les associations de consommateurs, ne semblent prêtes à franchir ce pas. D'abord parce que les produits de substitution, prétendument meilleurs pour la santé, font défaut sur le marché ou n'offrent pas les mêmes qualités organoleptiques. Ensuite, parce que les conséquences sur l'environnement d'autres cultures pourraient être tout aussi néfastes. Et si la véritable solution était dés lors:
- le recours à une huile de palme « certifiée » - la CSPO, trop peu connue
- l'amélioration volontaire du contenu de nos assiettes?

Autant dire que, malgré son défaut nutritionnel majeur un tel produit miracle ne se remplace pas aisément. La conclusion saute aux yeux : quelle que soit la manière d'aborder le problème, il faut réduire la consommation des matières grasses. De toutes les matières grasses.
Mais cette huile ne serait pas si mauvaise, en ce sens qu’elle ne contient pas les quantités impressionnantes de phythormones qu’on trouve dans le soja (l’équivalent d’une pilule contraceptive par litre !) ou l’acide érucique du colza.