La crise de la culture d’entreprise de PSA

Est-il bien raisonnable que l'État français signe un chèque en blanc de sept milliards d'euros au groupe PSA, alors que celui-ci mène une politique à l'efficacité discutable ? Les deux dernières berlines du groupe PSA, la C5 et la 508, n'arrivent toujours pas à rivaliser avec leurs cousines allemandes. Ainsi, deux ans après leur sortie, les ventes espérées par le groupe PSA ne sont pas au rendez-vous. De plus, dans ce contexte, le groupe est dans une démarche de rétention de l'information très forte à tous les niveaux pour éviter toute divulgation de failles ou défaillances, qui commence par ses slogans publicitaires en fort décalage avec la réalité. Il semble évident que PSA a pris le parti de défausser sa responsabilité sur les usagers de ses véhicules.
« Distinguez-vous » grâce à la C5. Mais lors d'une comparaison à travers 5 critères (la sécurité, le coût de l’entretien, l'émission de CO2, la consommation et la décote) entre la C5 et la Passat, par exemple, les résultats ne mettent pas en lumière les caractéristiques par lesquelles le conducteur peut se distinguer.
« Quality Time ». Grâce à la Peugeot 508, les jeunes cadres dynamiques auront du mal à obtenir ce moment de qualité après une journée harassante. La Peugeot 508 est bruyante, des vibrations se font ressentir, des problèmes électroniques apparaissent quand on souhaite être joignable et écouter de la musique ; enfin, l'aérodynamisme du coffre laisse à désirer. En effet, lors de son ouverture en cas de pluie, le coffre et la personne qui l'ouvre se font arroser.
Cependant, tous ces désagréments pourraient apparaître comme anodins si nous n'avions pas trouvé un problème majeur qui touche à la sécurité routière. Notre vigilance pourrait s'endormir en consultant seulement le site de la DGCCRF. En effet, on n'y trouve qu'un seul rappel de véhicule en 2011 pour "Non-conformité d'usinage de la culasse pouvant entraîner fuite huile moteur". Correctif : Contrôle identification culasse et échange. Mais la 508 est équipée du même moteur que BMW, le THP, qui comporte un grave problème de sécurité, à tel point que BMW a rappelé ses voitures présentant ce symptôme de décalage de la distribution sur le bloc moteur EP6 (publication d’une note technique : SI M 11 02 07).
Les symptômes seraient une perte de puissance liée à un décalage de la distribution, ou des claquements importants à froid liés à la détente de la chaîne de distribution. Ils interviennent autour de 30 à 50 000 km et peuvent conduire à une casse moteur. Par temps froid, le poussoir de tendeur de distribution ne s'amorce pas. La distribution détendue et déréglée, produisant parfois du bruit en raison du décalage possible, entraîne la percussion des têtes de soupapes sur les pistons. La pièce incriminée est le poussoir hydraulique : deux orifices seraient trop petits. Ainsi, lorsque l'huile est froide, la viscosité n'autorise pas un bon passage, et de ce fait le poussoir ne s'ouvre pas, faisant apparaître un bruit comparable au diesel.
Le remplacement du kit complet de distribution est impératif pour résoudre le problème, mais PSA n'a rien dit et n'a fait aucun rappel concernant les 28 000 véhicules vendus en 2011. Pourquoi un tel mutisme sur des problèmes aussi graves ?
Selon Monsieur Philippe Varin – PDG du groupe - « PSA est un groupe responsable et se comporte comme tel. Il prend sans tarder les mesures courageuses qui s'imposent en affrontant la réalité telle qu'elle est, sans chercher à la fuir ni sans chercher à la minimiser » (Intervention Assemblée Nationale, 14 décembre 2011, séance de 10 heures CR 22). La suppression des équipes de soutien à la R&D dans les usines est une mesure supplémentaire qui menace la qualité sur le long terme. "L’analyse qualité qui était faite en amont se fera désormais en bout de chaine, et là, on ne pourra pas retoucher".