Le Cloud à la française, une imposture ?

​Le cloud computing peut être considéré comme une révolution numérique de par les perspectives de croissance annoncées (un marché en 2012 estimé à 65 milliard USD avec 15 à 20% de croissance par an jusqu’en 2020) mais aussi par son appropriation massive dans les milieux privé, public et également chez les particuliers. Ce marché est largement dominé par les acteurs américains qui occupent plus de 60% de part de marché. Seulement, même sans mentionner le risque de renseignement économique permis par le Patriot Act, les acteurs français l’utilisant sont dépendants de fournisseurs étrangers pour des données ou applications stockées dans le cloud.

 

Le cloud computing représente une évolution des systèmes d’information. Cette technologie est adaptée pour les grands groupes mais aussi pour les PME qui vont pouvoir s’offrir une très forte puissance de calcul à moindres coûts. Il va permettre des gains majeurs en termes de flexibilités des Systèmes d’Informations mais aussi permettre aux entreprises de se focaliser uniquement sur leur cœur de métier. Cependant, pour le moment, il existe encore des freins en termes de sécurité, de confidentialité, de réversibilité des données et de dépendances envers le fournisseur.

 

Cette évolution se traduit par un nouveau modèle économique et une chaîne de valeur ultra spécialisée garantissant des compétences pointues et spécialisés. Le cloud computing va également faire évoluer le rôle traditionnel de la DSI et nécessitera d’autres compétences pour appréhender le cloud dans l’entreprise. Malgré tout, les standards de sécurité n’étant pas encore clairement définis pour cette activité il est impératif de d’établir la criticité des données et des applications stockées dans le nuage. Le cloud devrait s’imposer comme nouvelle norme informatique à en croire les prévisions des différentes parties prenantes. Cela devrait se traduire, par de nouveaux emplois mais aussi une nouvelle dynamique industrielle à condition que les entreprises ou Etats ou l’Europe se lancent dans la construction de leurs propres infrastructures.

Un nouveau type de cloud a fait son apparition notamment en Europe, il s’agit du cloud souverain, où les infrastructures permettant de le faire fonctionner sont la propriété de l’Etat, non plus d’une entreprise privé. Cela peut permettre, comme c’est le cas au Royaume Uni ou en Allemagne, de moderniser le service public tout en dynamisant le tissu industriel local apportant croissance et emploi en temps de crise. Ces infrastructures souveraines permettent l’indépendance et la sécurité de données et applications stockées. Suivant une stratégie définie, ces clouds atteindront la taille critique nécessaire à la concurrence des fournisseurs déjà bien implantés sur le marché.

En France, contrairement à ces voisins allemand et britannique, le développement du cloud souverain se fait sans aucune vision stratégique. La Caisse des Dépôts a investi dans deux entités clairement concurrentes dont la rentabilité sera par nature discutable. Cette absence de stratégie ne permettra pas à l’Etat de moderniser ses infrastructures, passant à côté d’économies estimées à 5 milliards USD par nos voisins anglais. Enfin, ce manque de stratégie, en plus de ne pas dynamiser le tissu économique local, met les deux entreprises issues du cloud souverains à la merci d’une OPA.

De nombreux organismes européens et internationaux travaillent à la standardisation du cloud computing (réversibilité, sécurité, interopérabilité des données mais aussi les appellations). Sur un marché où les prévisions atteignent plusieurs centaines de milliards USD dans les années à venir, remporter la bataille des normes permettra de changer la donne ou de protéger son marché intérieur (Europe, France) des concurrents étrangers déjà bien développés et implantés.

 

Cette étude conduit à 10 recommandations stratégiques pour l’Etat français:

 

 


  • Etablir un plan stratégique du cloud en France ;

  • Mutualiser les forces des 2 fournisseurs de cloud français ;

  • Cartographier les groupes de travail sur les normes et participer à ces groupes de travail ;

  • Accélérer le déploiement des produits et services du cloud souverain ;

  • Effectuer une veille permanente pour repérer des startups ou entreprises permettant au cloud français de se différencier ;

  • Développer une communication plus agressive sur le risque de fuite de données ;

  • L’Etat se doit de développer des golden share concernant ces 2 entreprises ;

  • Développer l’emploi et la formation dans ce domaine ;

  • Partir à la conquête des marchés.




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