Ecole de Guerre Economique qui a rappelé que les économies les plus compétitives présentaient la caractéristique commune d’être pilotées par une entente tacite des élites économiques et politiques sur les enjeux de la politique industrielle. Les chefs d’entreprise présents à cette table rebondirent sur ce point essentiel en interpelant le politique sur la nécessité de donner une vision à la France en termes de développement et de compétition.
Augustin Paluel-Marmont, co-fondateur et président de Michel et Augustin, a expliqué avec une extrême clarté ce qu’il attendait du politique dans sa définition d’une politique de puissance économique définie par une feuille de route rationnelle pointant des priorités échelonnées dans le temps sur des objectifs précis à atteindre. Ce jeune chef d’entreprise a déstabilisé Michèle Alliot-Marie qui mettait en avant l’unité nationale nécessaire pour une telle démarche mais qui ne savait pas lui répondre sur la méthode de gouvernance nécessaire pour aboutir à des résultats. Il ne s’agissait pas simplement de la dissonance de langage entre deux générations mais surtout de l’incompréhension du politique par rapport à ce qu’il serait logique d’exiger de lui pour se mettre dans la roue des économies de combat que sont les Etats-Unis, la Chine, le Japon, l’Allemagne et qui ne dissocient pas la finalité de l’intérêt privé de l’intérêt national.
L’appel à plus de présence des chefs d’entreprise dans le jeu politique fut contré par les propos de Stephan Brousse (membre du conseil d’administration de Medef International, PDG de Broussevergez) qui estimait que chacun devait rester à sa place. Rien n’est moins sûr. La surreprésentation des fonctionnaires à l’Assemblée Nationale et l’empreinte de la technostructure dans les cabinets ministériels constituent un blocage majeur. La fonction publique est déconnectée de la mondialisation des échanges et vit dans un mode de perception hexagonal, coupé de la perception des enjeux économiques et surtout incapables de se projeter dans la définition des choix industriels à prendre pour sauver le positionnement à long terme de la France.
La salle et les autres interventions de cette table ronde validèrent le sentiment qu’il fallait une autre vision pour gagner des marchés et créer des emplois. Une nouvelle génération de chefs d’entreprise serait-elle en train de comprendre qu’il faut changer de modèle ? Ce serait une très bonne nouvelle. En revanche, ni la haute administration, ni la classe politique ne sont prêts à un tel changement de posture mentale. Trop ancrés dans la préservation de leurs intérêts personnels et rétifs à toute forme de prise de risque, ces élites bureaucratiques se contentent de gérer les affaires courantes. Comme le rappelait Alliot-Marie lorsqu’elle dirigeait le Ministère des Affaires Etrangères, les ambassadeurs ne comprirent pas la suggestion qu’elle leur fit de faire un stage d’immersion pour comprendre la réalité des entreprises.
La nécessité d’inventer des réponses hors du système est désormais une évidence. L’appareil est incapable de se réformer pour se mettre en ordre de marche afin de relever les défis des nouvelles puissances économiques et se mettre au service de l’intérêt collectif pour nous permettre d’affronter les économies de combat.
Une idée a été émise lors de cette table ronde. Elle avait été déjà été lancée lors d’un colloque organisé par les junior entreprises au siège national du Medef en 2013 : créer un site de remontée d’information pour mettre en avant nos victoires commerciales, la réussite de nos PME, les domaines où nous sommes en avance y compris sur les Etats-Unis. Un tel site doit être le fruit d’une dynamique hors système et s’inscrire dans la dynamique d’action souhaité par des chefs d’entreprise de la trempe d’Augustin Paluel-Marmont.
L’équipe d’Infoguerre