Les guerres de l’information dans le prolongement de l’affaire Snowden

Les négociations péripéties liées à la demande d’asile politique d’Edward Snowden mettent à nu de manière très démonstrative le cynisme de la raison d’Etat. La Russie par le biais de son Président Vladimir Poutine tient des déclarations pour le moins surprenantes lorsqu’il évoque ses « partenaires américains » en toile de fond de cette affaire. Ce langage apaisant ne correspond pas au climat de tensions permanentes qui prévaut entre Moscou et Washington à cause notamment des opérations d’influence américaines menées sur le territoire russe par le biais d’ONG financées par des fondations d’outre Atlantique. Les pays européens sont eux aussi dans une posture pour le moins délicate, entre le soutien officieux à la Maison Blanche pour empêcher Snowden de d’aller se réfugier en Amérique Latine (cf. les péripéties de l’avion du Président équatorien) et les protestations ou demandes d’éclaircissement transmises au Département d’Etat. Pour ne pas perdre la face, les États-Unis doivent récupérer Snowden mais il leur faut préserver une image déjà très compromise par  les révélations sur leur système d’espionnage mondial. Le moindre dérapage peut s’avérer encore plus pénalisant.
Quoiqu’il en soit, l’affaire Snowden ouvre la voie à toute une série de guerre de l’information à venir touchant les domaines de l’économie de la connaissance, de l’éducation et de la culture sans oublier le débat récurrent sur libertés publiques. La première d’entre elles peut porter sur la protection des données personnelles à l’issue des négociations entre les États-Unis et l’Union Européenne. Les positions culturelles des deux parties sont a priori incompatibles sur la manière d’appréhender la notion de données personnelles. Tout recul ou compromis des négociateurs européens risque de valider la thèse de l’inféodation de l’Europe aux États-Unis avec les risques de dérapages électoraux que cette perception négative risque d’avoir en France et dans d’autres pays menacés par l’euroscepticisme.