Une entreprise allemande déstabilisée au Cameroun

L’entreprise allemande Giesecke und Drievent (G&D) a été récemment au centre de vives controverses au sujet du contrat relatif à la mise en place d’un fichier électoral biométrique au Cameroun. L’entreprise d’envergure familiale à sa création en 1852 par Hermann Giesecke et Alphonse Devrient fut d’abord spécialisée dans l’impression de billets de banque et la fourniture de papier de sécurité et des machines du même type. Grâce à  son ambition et à son dynamisme notamment dans le secteur de l’innovation, G&D a élargi son champ de compétence au domaine des cartes à puces, du paiement électronique, de  l’identification des personnes et de la sécurité sur internet. Elle a également mis au point des solutions spécifiques pour les technologies mobiles. Aujourd’hui cette entreprise occupe un rang admirable sur la scène européenne et même internationale du marché de la biométrie, tutoyant presque les géants traditionnels du domaine tels que le leader mondial de ce secteur, l’Américain Sophran Morpho sans oublier le franco américain Gemalto. En effet, si Gemalto a réalisé un chiffre d’affaires de 2 milliards d’Euros en 2011, G&D le talonne avec un chiffre d’affaires d’1,8 Milliards d’Euros en 2012, affichant une croissance sans cesse en hausse.
Par ailleurs, G&D  est parmi les entreprises européennes retenues pour le projet « Bio-Pass », projet relatif à l’établissement de la Carte d’Identité Européenne. Bien plus, en 2012, cette entreprise allemande a reçu le trophée Sésame en e-transactions, confirmant ainsi sa présence sur le marché de produits électroniques et biométriques à haute sécurité.
Seulement, cette ascension  sur l’échelle de la notoriété  devient de plus en plus difficile à gérer pour l’entreprise qui se trouve désormais confrontée à une kyrielle d’obstacles qui surgissent pour édulcorer sa réputation encore en construction.

Controverse autour de l’attribution du marché du fichier électoral camerounais
Le contrat entre Elections Cameroon (Elecam) et G&D a été paraphé le 18 avril 2012 à Yaoundé pour un montant de 7,8 Milliards de CFA. La conclusion de ce contrat a suscité au lendemain de sa signature, de nombreuses  et vives réactions dans lesquelles G&D a été accusée de corruption et favoritisme. Plusieurs  critiques ont inondé les médias, qualifiant l’attribution du contrat à cette entreprise allemande d’irrégulière et de non transparente. Dans certains des articles, G&D a tout simplement été décrite comme une entreprise qui ne pouvait pas être à la hauteur de la mission qui lui a été confiée.
En réalité, suite au lancement de l’appel d’offres relatif à ce marché, 05 entreprises étaient en lice. Il s’agit du canadien Code Inc, de l’allemand Safe If, du sud africain Waymak Info Tech, du franco américain Gemalto et d’un collectif d’ingénieurs camerounais ; Après une première sélection, seuls Code Inc et Safe If ont été retenues mais,  devaient franchir une ultime étape, : celle de la démonstration devant le jury d’attribution du marché. Lors de l’annonce de l’adjudicataire dudit contrat, l’opinion publique découvre qu’il s’agit de G&D, une entreprise allemande qui ne figurait pas parmi les soumissionnaires d’où le scandale et les réactions. Seulement, force est de constater qu’à regarder de près, la procédure d’attribution de ce contrat est bel et bien régulière et respecte les termes des articles 29 et 128 du code des marchés publics camerounais. En l’occurrence le calendrier électoral exigeant des brefs délais, il ne pouvait plus être question pour Elecam de lancer un nouvel appel d’offres d’où l’attribution de gré à gré de ce marché en raison de l’urgence du calendrier électoral. En tout état de cause, « cette compagnie est celle qui a satisfait aux exigences du cahier des charges lié à cette opération »  a, avoué M. Mohamadou Tanimou, Directeur Général d’Elections Cameroon.
Hormis l’accusation de corruption et de favoritisme, G&D a également été qualifiée de profane dans le domaine de la biométrie alors même que cette entreprise œuvre pour 50 gouvernements dans le monde. En l’occurrence,  G&D a réalisé la confection des cartes d’identité biométriques au Brésil, en Egypte, des passeports biométriques au Botswana, et  la sécurisation des permis de conduire dans les Baltiques.
Face aux multiples accusations et  réactions négatives, G&D s’est contenté de quelques timides sorties médiatiques, laissant le champ libre aux conjectures de toutes sortes. « Nous ferons le travail dans les délais »a déclaré Hans Kunz, Vice Président de G&D. Ce déficit de communication ne contribue pas à accroitre la notoriété de cette entreprise. Il est à craindre qu’à l’avenir, si G&D ne révise pas sa vision et sa stratégie de communication, son image risque d’être fortement entamée par des attaques similaires qui au fond ne sont pas fondées mais, semblent avoir comme seul objectif : déstabiliser G&D et freiner son élan.

Notes :
www.cameroon-info.net
www.cio-mag.com
www.newsebenehebdo.africanewstand.com