La déstabilisation informationnelle d’Euralis

Alors que le reste de ces activités restent en croissance sur 2012, Euralis enregistre des difficulté dans son pôle agroalimentaire qui l’ont obligée ces dernières années à restructurer une partie de son outil de production, et à réorganiser la structure dirigeante de ce pôle.
Or c’est précisément sur cette partie de son activité qu’une attaque informationnelle vient d’être lancée. Lors d’une émission de radio sur France Bleue Gascogne le 2 mai dernier, cinq anciens gaveurs ayant travaillé avec cette coopérative ont témoigné à charge contre Euralis. Ils accusent cette société de de ne pas respecter certaines conditions sanitaires obligatoires inscrites dans la base de données « qualité IGP Sud-Ouest » pour la production de foie gras. La société Euralis a porté plainte le 3 mai 2013 pour diffamation contre les cinq anciens producteurs de canard.

Une attaque à retardement
En premier lieu, les cinq anciens gaveurs, ayant porté plainte en justice pour les mêmes raisons il y a un an, ont été déboutés par le tribunal de Pau quelques jours avant cette émission sur France Bleue. Le parquet a indiqué après une enquête préliminaire, qu’aucun élément probant n’avait été retrouvé et que l’affaire avait été classée. Le principal détracteur, Philippe Lapaque, avait déjà fait parler de lui dès 2003 contre une branche d’Euralis (Grimaud-Monfort), pour les mêmes motifs qui l’avaient forcé à arrêter son activité de gavage, à la suite de quoi Euralis l’avait attaqué en justice pour des pertes d’exploitation. Ce procès gagné par la coopérative avait entraîné la fermeture de l’exploitation de Philippe Lapaque qui avait néanmoins gagné en appel en 2008. C’est au même moment que son combat est fortement relayé, non sur les critères économiques, mais sur les critères de défense des animaux par une association très active, l’association L214, qui milite sur l’arrêt de la consommation des animaux. Cette association est en relation avec le mouvement Vegan de David Olivier qui possède de forts soutiens d’associations d’autres pays, et a aussi une certaine résonance dans les médias français par sa principale porte-parole, Brigitte Gothière. Cette association L214 a d’ailleurs publié un communiqué de presse le lendemain de l’émission de France invitant les journalistes à regarder une enquête réalisée en 2008 et qui incriminait les marques Montfort, Rougié, Bizac et Pierre Champion, toutes détenues par Euralis.

Les contradictions internes d’Euralis
En toile de fond de cette affaire, on peut citer en 2012 le départ de nombreux cadres dirigeants de sa branche agroalimentaire, dont son ancien dirigeant des foies gras haut de gamme, Brieuc Fruchon passé chez Pomona. Cette société distribue certaines marques d’Euralis. Or Pomona affiche clairement une volonté de développement de ce pôle spécialisé qui distribue la marque de prestige d’Euralis, Rougié, et souhaite faire de la croissance interne et externe. Elle pourrait donc être très intéressée par le rachat de cette branche de l’activité d’Euralis en difficulté et néanmoins rentable en cas d’une restructuration réussie. Ce serait alors pour Pomona une occasion unique d’effectuer une concentration verticale d’une branche de son activité.
D’autre part, Euralis, via sa branche semences, a annoncé son retour dans les semences de maïs. Ce marché de plus de 25 milliards d’euro est très concurrentiel. L’arrivée d’Euralis peut  avoir des effets négatifs sur la vente des produits que ces concurrents tant européens qu’américains étaient jusqu’à présent les seuls à développer et à vendre. Il est sûr qu’un affaiblissement d’Euralis dans son activité sur le foie gras peut avoir des conséquences indirectes sur son projet de développement dans sa branche semences.