Guerre de l’information autour des attaques de requins à la Réunion

La recrudescence des attaques de requins à la Réunion (9 attaques en 2 ans) remet en lumière les différents acteurs gravitant autour de la préservation des espèces menacées d'une part et les tenants de l'activité touristique d'autre part représentée par une icône; le surfeur.  Peu de planches s'aventurent en mer sur les plages de la Réunion depuis les accidents de Juillet 2011, de plus, les plages sont fermées.
L'impact du surf sur le tissu économique et touristique est loin d'être négligeable. Depuis la prise de décision des autorités d'interdire à tout va au lieu d'accompagner et sécuriser, on a constaté une désertion de certains lieux comme Roches Noires et Boucan ce qui a pour conséquence la mise à mort de commerces qui en payent du coup le prix fort.
Au delà de cet aspect, d'autres enjeux se forment. Plusieurs acteurs se mobilisent, d'une part pour protéger les requins, et d'autre part pour protéger les utilisateurs de la mer. Parmi ceux ci on voit principalement 3 associations réunionnaises, Prévention Requin Réunion, (PRR), Océan Prévention Réunion (OPR), et les Irreverseables.
En face, les forces en présences sont représentées par des entités internationales comme Sea Shepherd Conservation Society (SSCS) et Shark Angels (SA). Ces structures revendiquant leurs "entrées à Strasbourg" ont aussi une audience auprès des pouvoirs publics français. En effet, Paul Watson, le président fondateur de SSCS a fait l'objet d'une demande d'extradition des autorités costaricaines pour des faits remontant à 2002, lorsqu'il était intervenu au large du Guatemala pour empêcher un navire costaricain de pratiquer la pêche au requin. Mme Leila Aichi, Sénatrice Europe Ecologie Les Verts de Paris, reconnaissant la légitimité du Combat de Paul Watson, s'est fendue d'une lettre au Ministre des Affaires Etrangères Laurent Fabius, le 23 mai 2012 lui demandant "d'intercéder en faveur de Paul Watson" auprès des autorités compétentes.
Les échanges peu orthodoxes fusent de part et d'autre, par groupes Facebook interposés sur des registres sexistes et insultants mais entre organisations de défense SSCS et SA, le torchon brûle aussi. SSCS a rompu toute collaboration avec SA au motif que cette dernière entretien un partenariat financier et publicitaire avec une marque réputée dans le domaine du matériel de plongée qui soutient plusieurs delphinariums ou les conditions de vie des mammifères marins sont exécrables.
Les pouvoirs publics, incités à réagir, ont dans un premier temps déclenché une chasse ponctuelle, avant de se raviser, déclenchant l'ire des associations réunionnaises. Dans un deuxième temps, une étude scientifique demandée le 29 septembre 2011, (programme CHARC) visant à mieux connaitre le comportement des requins croisant le long des cotes de la Réunion et ayant pour objectif de tracer le comportement des requins. Les premiers résultats présentés par Marc Soria, directeur du programme CHARC identifie des sites mais indique "la faible présence des requins le long des côtes".
D'une façon plus générale, les requins subissent à la fois surpêche et finning, pratique consistant à prélever les ailerons des requins vendus à prix d'or sur des marchés asiatiques. On estime aussi que les réserves marines et les fermes aquacoles comme celles créées à la Réunion attirent les requins qui ont peut-être tendance à se sédentariser et à croquer quelques surfeurs au passage. La création de ces zones protégées verrouille définitivement toute autre exploitation, les ONG américaines jouent sur cela.
En toile de fond de ce combat se déroule en ce moment le congrès de la CITES (Convention on International Trade in Endangered Species), du 3 au 14 mars 2013 à Bangkok ou, entre autres, sont abordés les problématiques relatives aux requins. Terrain de chasse des  grandes ONG américaines dont on connaît les grandes lignes du financement: le WWF est financé par le groupe Royal Dutch Shell.  Greenpeace est construit sur le même principe, étant soutenu par le groupe Rockfeller. Al Gore, le "spécialiste" du réchauffement climatique, est lié à Occidental Petroleum. Sous cet angle de vue, le schéma préservation des ressources marines/industrie pétrolière mériterait d’être creusé avec beaucoup plus de précision. Resterait à prouver le lien entre ces grandes ONG généralistes et les ONG spécialistes de la défense des requins (SSCS et SA).
Pour ces donateurs institutionnels, le don est un investissement au sens propre et figuré, incluant d'apparents cotés positifs mais aussi une face cachée. D'autres voies sont elles possibles? Des exemples existent : à Palau, un petit archipel du Pacifique on a su booster l’écotourisme de l’archipel en mettant en place un sanctuaire pour requins. Depuis, la plongée avec les squales représente 8 % du PIB, chaque animal rapportant 1,9 million de dollars au cours de son existence.