Le 5 mars dernier, en pleine fashion-week, Chanel est interpellé par Greenpeace devant l’entrée du Grand Palais pour n’avoir aucune transparence sur sa politique environnementale. Comment Chanel, fleuron de la haute couture et de la préservation de l’artisanat et des savoir-faire à la française, peut-il se retrouver, à l’instar des enseignes du prêt à porter H&M, C&A, Levi’s, Uniqlo, Zara ou du sport comme Nike, Adidas, Puma et Lacoste accusé d’utiliser à son tour des produits toxiques ? Une erreur de cible ?
La question des produits toxiques dans l’industrie textile
Dès le début des années 90, experts européens et ONG, comme Friends of Earth ou WWF, ont mené un travail d’analyse et de sensibilisationaux effets néfastes sur les organismes aquatiques et sur l’homme des éthoxylés du nonylphénol (NPE) utilisés notamment dans l’industrie textile.
Leur action aboutit en 2003 à l’adoption par le parlement européen d’une directive concernant la limitation de la mise sur le marché et de l’emploi de certaines substances et préparations dangereuses dont le NPE.
Les industries chimiques sont directement visées par ces campagnes. L’organisation Coordination contre les méfaits de Bayer (CBG) dénonce les pratiques de Bayer et fait pression sur le gouvernement pour la mise en œuvre de l’interdiction du NPE en Allemagne. Celle-ci sera mise en œuvre dès 2003.
En France, le décret d’application est adopté en 2005. Cette année-là, un rapport d’analyse de l’Institut National de l'Environnement industriel et des Risques (INERIS) démontre le faible niveau de production de NPE en France et une tendance affirmée de recul de sa consommation et de sa production en Europe du fait de la réglementation en place.
Depuis l’interdiction en Europe, très peu d’acteurs de l’industrie chimique ne s’expriment sur la question et le niveau de NPE dans l’eau ne baisse pas pour autant.
Les attaques des ONG
Experts et ONG, dont Greenpeace, relancent le sujet autour des effets néfastes des NPE non seulement sur l’environnement mais aussi sur la peau. L’ensemble de l’industrie textile mondiale est visée. Dans le rapport Dirty Laundry de 2011, Greenpeace révèle avoir détecté des traces de NPE sur les vêtements de 14 grandes marques, et étend son analyse à l’intégralité de la chaîne de production de ces enseignes, délocalisée pour la plupart en Asie, notamment en Chine.
Depuis, toutes les marques citées ont répondu et se sont engagées pour une meilleure transparence de leur politique environnementale : Levi’s, Nike, Adidas, Puma, Lacoste, Zara, Uniqlo, H&M…Les débats d’experts se poursuivent sur le taux de NPE acceptable dans l’industrie chimique. La Chine a renforcé ses mesures de restriction à l’importation de NPE, notamment en provenance d’Inde et de Taïwan. Et l’US Environnement Agency s’engage sur un plan de mise en œuvre de solutions alternatives aux NPE à horizon fin 2013.
En s’en prenant aujourd’hui exclusivement aux marques françaises et italiennes comme Chanel, Greenpeace ne s’inscrit-elle pas, au-delà de la poursuite d’une action à long terme sur l’industrie chimique, dans une démarche de mise à nu des stratégies industrielles des groupes européens, leaders incontestés de l’économie du luxe dans le monde? A quelles fins?
La question des produits toxiques dans l’industrie textile
Dès le début des années 90, experts européens et ONG, comme Friends of Earth ou WWF, ont mené un travail d’analyse et de sensibilisationaux effets néfastes sur les organismes aquatiques et sur l’homme des éthoxylés du nonylphénol (NPE) utilisés notamment dans l’industrie textile.
Leur action aboutit en 2003 à l’adoption par le parlement européen d’une directive concernant la limitation de la mise sur le marché et de l’emploi de certaines substances et préparations dangereuses dont le NPE.
Les industries chimiques sont directement visées par ces campagnes. L’organisation Coordination contre les méfaits de Bayer (CBG) dénonce les pratiques de Bayer et fait pression sur le gouvernement pour la mise en œuvre de l’interdiction du NPE en Allemagne. Celle-ci sera mise en œuvre dès 2003.
En France, le décret d’application est adopté en 2005. Cette année-là, un rapport d’analyse de l’Institut National de l'Environnement industriel et des Risques (INERIS) démontre le faible niveau de production de NPE en France et une tendance affirmée de recul de sa consommation et de sa production en Europe du fait de la réglementation en place.
Depuis l’interdiction en Europe, très peu d’acteurs de l’industrie chimique ne s’expriment sur la question et le niveau de NPE dans l’eau ne baisse pas pour autant.
Les attaques des ONG
Experts et ONG, dont Greenpeace, relancent le sujet autour des effets néfastes des NPE non seulement sur l’environnement mais aussi sur la peau. L’ensemble de l’industrie textile mondiale est visée. Dans le rapport Dirty Laundry de 2011, Greenpeace révèle avoir détecté des traces de NPE sur les vêtements de 14 grandes marques, et étend son analyse à l’intégralité de la chaîne de production de ces enseignes, délocalisée pour la plupart en Asie, notamment en Chine.
Depuis, toutes les marques citées ont répondu et se sont engagées pour une meilleure transparence de leur politique environnementale : Levi’s, Nike, Adidas, Puma, Lacoste, Zara, Uniqlo, H&M…Les débats d’experts se poursuivent sur le taux de NPE acceptable dans l’industrie chimique. La Chine a renforcé ses mesures de restriction à l’importation de NPE, notamment en provenance d’Inde et de Taïwan. Et l’US Environnement Agency s’engage sur un plan de mise en œuvre de solutions alternatives aux NPE à horizon fin 2013.
En s’en prenant aujourd’hui exclusivement aux marques françaises et italiennes comme Chanel, Greenpeace ne s’inscrit-elle pas, au-delà de la poursuite d’une action à long terme sur l’industrie chimique, dans une démarche de mise à nu des stratégies industrielles des groupes européens, leaders incontestés de l’économie du luxe dans le monde? A quelles fins?