Apple soupçonnée de pratique anticoncurrentielle

Depuis le 5 avril dernier, l’AppGratis, de l’éditeur iMediapp, n’apparaît plus dans les recherches de l’AppStore.
Cette application « made in France » qui existe depuis 2008, donne accès aux utilisateurs au téléchargement, tous les jours pendant 24h, d’une autre application payante, la plupart du temps. Cette société basée à Paris emploie quelque 45 salariés, de 12 nationalités différentes, et revendiquait, il y a déjà quelques semaines, 10 millions d’utilisateurs dans 30 pays du monde. Elle génère 1 million de dollars de chiffre d’affaires par mois.

Pourquoi  sortir la société française Appgratis de l’Appstore ?
Afin de justifier sa décision, Apple a invoqué les clauses 2.5 et 5.6 du règlement de l’AppStore. Pour la première clause, elle implique que « les applications qui affichent d'autres applications pour les vendre ou en faire la promotion d'une manière similaire ou pouvant porter confusion avec l'AppStore seront rejetées ». La deuxième clause détaille que « les applications ne peuvent pas utiliser les notifications “push” pour envoyer des publicités, des promotions ou du marketing direct d'aucune sorte ». Ce n’était pourtant pas le premier conflit de ce type entre les deux société. Et pourtant, avec ce même règlement, et alors qu’iMediapp entamait la dernière phase d’une levée de fonds, en décembre dernier, Apple avait validé la version iPad d’AppGratis. Grâce au feu vert de la pomme, iMediapp a réussi une levée de fonds de 10 millions d’euros, via le fonds Iris Capital (qui n’est autre qu’Orange et Publicis).

Que cache le revirement d’Apple ?
Il semblerait que la firme de Cupertino s’apprête à faire son grand ménage de printemps. Le retrait pur et simple de l’application n’est que la première pierre de l’édifice. Il apparaît que les contours de cette stratégie visent plus largement toutes les applications de découverte et de promotion qui enfreignent les 2 clauses. Une fois nettoyée de toute concurrence, la pomme préparerait l’arrivé d’un nouveau service de l’AppStore qui proposerait les mêmes services qu’AppGratis. En effet, Apple à racheté en 2012, Chomp, un éditeur spécialisé qui développe un moteur de recherche pour trouver un logiciel ou une application en particulier.

Une manœuvre anticoncurrentielle d’Apple ?
Derrière le voile de la vertu, cette décision cache un aspect « anti-concurrence » grave. Si cela se révélait, une fois que toutes les applications dites de « découverte » auront été supprimées de l’AppStore et remplacées par une application « maison », alors la pomme aura la main mise de part le fait que l’utilisateur s’enfermera un peu plus dans le système Apple et n’aura d’autre choix que les applications en liens avec la firme.
D’autre part cette affaire a pris une tournure politique au premier jour de l’affaire. Après l’annonce de ce retrait, la ministre déléguée en charge des PME, de l'Innovation et de l'Economie Numérique, Fleur Pellerin, s’est déplacé dans les bureaux de la start-up parisienne pour évoquer son mécontentement. Si AppGratis venait à disparaître, cela mettrait 45 salariés au chômage. Les leviers du gouvernement pour faire revenir Apple sur sa décision son très faible. A contrario, Apple pourrait se servir de cette faille afin de négocier un arrangement avec le gouvernement qui lui permettrait d’assoire encore un peu plus son modèle par le biais de partenariat avec notre Education Nationale. Gardons en mémoire qu’il y a peut de temps, et dans le but de remédier aux problèmes entre les acteurs des médias et Google, l’état avait conclu à la création d’un fonds de 60 millions d’euros, alimentés entièrement par Google pour aider la presse à passer au numérique. Le géant américain avait réussi d’une part à éviter une législation sur le sujet qui, aurait été sûrement plus contraignante pour lui, et d’autre part à garder la main mise sur ces activités.
La firme à la pomme est donc consciente qu’elle détient là, un moyen de pression sur notre gouvernement qui, utilisé à bon escient, pour s’avérer comme le début du déferlement d’Apple dans nos écoles.

Sources :

http://www.lefigaro.fr/hightech/2013/04/09/01007-20130409ARTFIG00324-apple-ejecte-l-appli-francaise-appgratis-de-son-app-store.php 09/04

http://obsession.nouvelobs.com/high-tech/20130411.OBS7677/appgratis-ce-que-cache-le-retrait-de-l-application-par-apple.html 11/04

http://www.lefigaro.fr/hightech/2013/04/11/01007-20130411ARTFIG00443-l-expulsion-d-appgratis-de-l-app-store-prend-une-tournure-politique.php 11/04

http://www.pcinpact.com/news/79022-appgratis-entretien-avec-antoine-buffet-president-fit-solutions.htm 12/04

http://www.lefigaro.fr/hightech/2013/04/18/01007-20130418ARTFIG00562-appgratis-notre-sortie-de-l-app-store-est-une-campagne-de-publicite-incroyable.php
18/04

http://www.zdnet.fr/actualites/premier-accord-cadre-effectif-pour-apple-avec-le-ministere-de-l-education-39155686.htm

http://www.infoguerre.fr/fichiers/Apple_education_2012.pdf