Juste après l’opération de la DGSE en Somalie en janvier 2013, des photos de l’un des agents français morts durant l’assaut ont été diffusées par Internet. Ce procédé immoral est vieux comme la guerre : redonner vie à un cadavre (stratagème chinois). Il s’est toujours trouvé des adversaires, souvent dans une position d’infériorité, pour exploiter cet usage. Pourtant l’exemple somalien innove avec le média utilisé : Twitter. Ce média social est devenu en quelques années un élément indispensable des guerres de l’information et un complément dissuasif de plus en plus systématique dans les affrontements armés.
France24-4 février 2013). Cette utilisation fonctionne pour alerter, créer des centre d’intérêt (des buzzs) de la part de militants. Encore une fois cela n’est pas nouveau.
En revanche, l’utilisation par des adversaires de conflits armés des réseaux sociaux est récente. Outre l’exemple des Shebabs somalien face à la France, on peut noter d’autres cas. A la fin 2012 le conflit israélo-palestinien a vu émerger un nouveau champ de bataille sur Twitter ou Facebook sur lequel Tsahal et le Hamas combattaient (Gaza-Israël : la guerre 2.0). Autre exemple plus récent : l’intervention française au Mali. A peine la France avait elle entamé ses frappes et projeté des troupes au sol qu’un déversement de menaces a commencé à se produire sur les réseaux sociaux (Spams contre les médias et la diplomatie francaise).
Cette utilisation de moyens d’information va au delà de la simple communication. Il s’agit en l’espèce de véritables batailles de l’information qui participent à des conflits armés. Il y un but recherché derrière ces déclarations qui n’est pas le partage de l’information ou la confection d’une image médiatique. Le but est bien de produire un effet sur l’ennemi. Ces actions sont coordonnées, pensées et relèvent donc de stratégies. Les effets recherchés sur l’adversaire peuvent être variés mais veulent participer à sa défaite. En l’occurrence, à défaut d’obtenir des effets sur les moyens militaires adverses ou les décisions des dirigeants, le but est d’atteindre les opinions publiques pour influer indirectement. Elles sont vulnérables dans leur capacité à être résilientes face à ce genre d’attaques. Cette arme apparait alors comme dissuasive pour ceux qui l’utilisent.
Les réseaux sociaux sont désormais devenus de véritables champs de bataille au sein des guerres. Ils constituent un espace complémentaire sur lequel les Etats se trouvent souvent désarmés dans les conflits qui les opposent à des ennemis non étatiques. Qui plus est, ces actions offensives s’accompagnent souvent d’attaques informatiques simultanées comme en Israël (cyberoffensive d’Anonymous) ou en France (attaque des sites du Mindef). Plus que jamais, la conflictualité s’exprime sur plusieurs fronts dont le front informationnel. Cela montre que le cyberespace n’est pas seulement le lieu de l’interconnexion de moyens informatiques, mais surtout un espace où l’information transite et peut agir comme une arme de dissuasion, une arme quand même.
Morgan MARCHAL