Offensive informationnelle d'une ONG contre des pratiques d'élevage de poussins

L'ONG Mercy for animals diffuse en novembre 2011 une vidéo montrant la maltraitance de poussins et des poules au sein de la ferme Sparboe Egg, fournisseur d’œufs de tous les restaurants McDonald's de l'ouest américain. L'ONG défend les droits des animaux et encourage au végétarianisme, et n'en est pas à son premier coup. Son site internet recense les enquêtes qu'ils ont effectuées. Concernant McDonald's, le lien nous redirige vers un site appelé « macdonaldscruelty.com » (la cruauté de McDonald's). Ce site montre la vidéo prise en caméra cachée au sein de la ferme, et en suit un long pamphlet commentant et dénonçant le sort fait aux poules. Le site fait intervenir un « Docteur, spécialiste en recherche », expliquant les méfaits de l'élevage en batterie : l'argument scientifique justifiant le bon sens et la réalité de ce qu'on dénonce. De plus, l'autre idée mise en valeur par l'ONG est que les normes internationales notamment européennes interdisent l'élevage en batterie. La vidéo a rapidement été vue aux Etats Unis et à l'étranger grâce à internet, et la force de l'image a accompagné le processus menant au scandale.

Du côté de Cargill, le fournisseur en œufs en McDonald's, quatre employés sont licenciés et l'entreprise décide de mener une enquête interne. Ils affirment aussi avoir cessé de s'approvisionner à la ferme Sparboe. La vidéo a donc eu un impact immédiat sur l'entreprise, qui a dû déclarer avoir tenu compte des méfaits diffusés. C'est son image qui a été directement mise en cause, montrant que Cargill ne tient pas compte d'abord du bien-être des animaux, mais ajoutant l'idée que ces mauvais traitements peuvent se répercuter sur la qualité de l'aliment. Cargill est donc l’acteur le plus faible, et finalement le dommage collatéral de cette guerre d'information.

McDonald's a écrit un communiqué en réaction directe, étant réellement visée par cette campagne. Il a fallu réagir au plus vite car, on y sous-entend que l'entreprise soutient, tolère ces comportements inhumains, alors que celle-ci tente depuis des années de se donner une image plus sociale et plus proche des familles. Le géant du fast food va donc, à travers un communiqué de presse, exprimer qu'ils n'achèteront plus d'œufs de chez Sparboe. Ils ne démentent pas les faits démontrés par Mercy for animals, mais choisissent la posture choquée et dénonciatrice, en rappelant que la sûreté et l'hygiène, et les comportements humains sont des éléments primordiaux de leur politique. Ils usent aussi de l'argument scientifique, avec qui ils collaboreraient pour élaborer les meilleures pratiques concernant les poulets.

Mercy for animals apparaît donc comme grand vainqueur de cette guerre de l'information puisque l'ONG a fait reculer le géant de l'industrie agro-alimentaire. McDonald's n'est pas au premier scandale, et sera prêt à en affronter d'autres. Cela explique sûrement une réponse sur le ton de l'excuse. La grande compagnie aurait eu les moyens de tenter de déstabiliser Mercy for animals, mais elle va au contraire leur donner raison, d'autant plus que les images dénoncées sont chez un de leur sous-traitent, et non chez eux directement. L'image que tente de promouvoir McDonald's en terme de bon sens, d'une entreprise proche des consommateurs doit aussi dépendre de l'acceptation de ce genre de scandales, à condition que des mesures soient prises en conséquence, ce qu'ils ont démontré. Leur réaction a donc montré une certaine maturité, et est loin d'avoir tant terni l'image de McDonald's, tandis que les valeurs promues par Mercy for animals restent largement marginalisées.

Déborah Mandelbaum