La colonisation culturelle anglo-saxonne marque des points en France
Le mastère spécialisé Management des Risques Internationaux d’HEC va être interrompu après une douzaine d’années d’existence. C’est regrettable et on peut considérer que c’est aussi une défaite française dans la compétition de l’économie de la connaissance.
Ce mastère est un cas symbolique très démonstratif de la politique appliquée par cette grande école de commerce dans sa recherche de crédibilité dans le mode de classement impulsé par les grands ténors médiatiques (Financial Times) et éducatifs du monde anglo-saxon (grandes universités nord-américaines).
Ce système de colonisation culturelle a été remarquablement bien conçu puisqu’il se dissimule derrière un principe imparable en apparence : le recrutement d’enseignants qui publient dans des revues cotées. Le système de revues cotées est contrôlé par le monde éducatif anglo-saxon qui en a imposé ses critères de sélection dans un mouvement de réforme qui trouve ses origines aux lendemains de la seconde guerre mondiale lorsque l’Europe par son statut dominant du savoir et de l’édition scientifique dans le monde. La qualité des revues cotées est définie aujourd’hui en fonction de critères définis aux États-Unis. Les Américains se sont positionnés dans un premier temps dans les sciences exactes en faisant de la course aux prix Nobel un élément de valorisation de leur production de connaissance. Ils ont ensuite étendu cette démarche aux sciences humaines en passant par le chemin des matières enseignées dans les écoles de commerce puisqu’ils en labellisaient le savoir par le marketing, le management, et l’approche globale du business.
Le « parler anglais » a été le vecteur indirect logique de cette démarche de colonisation culturelle. HEC mais peut-être aussi à terme l’ESSEC et l’ESCP, si les directions de ces écoles se laissent prendre dans le même piège, s’enferment dans une logique monoculturelle : pour bien être noté par le système international sous influence anglo-saxonne, il faut être publié dans une revue cotée. Et donc écrire l’article en anglais car les revues cotées sont très majoritairement anglo-saxonnes. La plupart des auteurs français qui maîtrisent bien l’anglais à l’oral sont obligés quand même de se payer des frais de traduction à l’écrit pour éviter d’être pénalisés sur des fautes de tournure de langue. Cela aboutit à un recrutement très orienté à l’ « international ». C’est le cas à HEC où les professeurs recrutés sont de plus en plus choisis à partir de ce type de critères. Les Français deviennent donc progressivement minoritaires dans le corps enseignant.
On pourrait applaudir des deux mains en vantant un tel esprit d’ouverture. Mais cette stimulation est remise en cause par les résultats : le niveau d’enseignement n’est pas enrichi par cette démarche. Aux États-Unis, la qualité des articles publiés dans les revues cotées est souvent critiquable. La course à la parution pour ne pas être sorti du système (si on ne publie un nombre d’articles minimum dans des revues cotées, on peut être licencié) amène des universitaires à justifier leurs travaux par du quantitatif (recours à des dizaines d’étudiants qui sont sollicités pour créer une masse pertinente d’expérimentation en termes de statistiques) au détriment du qualitatif. L’autre côté négatif est la grille de lecture américaine qui efface l’originalité des approches des pays et des cultures non américaines.
Apprendre à penser dans une langue étrangère et ne plus recevoir d’enseignement dans sa langue nationale conduit à un processus colonisation culturelle. Les meilleurs diplômés d’HEC ne seront que les sous produits d’un système qui les contient à la périphérie des véritables centres de décision du monde anglo-saxon. Il faut être particulièrement stupide pour s’imaginer que les détenteurs des clés de ce processus vont la jouer à la régulière sur le principe que le meilleur gagne. Harvard, Stanford et consorts ne sont pas des enfants de cœur. Ils feront en sorte de rester les premiers et les autres seront dans le meilleur des cas des vassaux bien rémunérés mais moins bien qu’eux quand même.
Ce mastère est un cas symbolique très démonstratif de la politique appliquée par cette grande école de commerce dans sa recherche de crédibilité dans le mode de classement impulsé par les grands ténors médiatiques (Financial Times) et éducatifs du monde anglo-saxon (grandes universités nord-américaines).
Ce système de colonisation culturelle a été remarquablement bien conçu puisqu’il se dissimule derrière un principe imparable en apparence : le recrutement d’enseignants qui publient dans des revues cotées. Le système de revues cotées est contrôlé par le monde éducatif anglo-saxon qui en a imposé ses critères de sélection dans un mouvement de réforme qui trouve ses origines aux lendemains de la seconde guerre mondiale lorsque l’Europe par son statut dominant du savoir et de l’édition scientifique dans le monde. La qualité des revues cotées est définie aujourd’hui en fonction de critères définis aux États-Unis. Les Américains se sont positionnés dans un premier temps dans les sciences exactes en faisant de la course aux prix Nobel un élément de valorisation de leur production de connaissance. Ils ont ensuite étendu cette démarche aux sciences humaines en passant par le chemin des matières enseignées dans les écoles de commerce puisqu’ils en labellisaient le savoir par le marketing, le management, et l’approche globale du business.
Le « parler anglais » a été le vecteur indirect logique de cette démarche de colonisation culturelle. HEC mais peut-être aussi à terme l’ESSEC et l’ESCP, si les directions de ces écoles se laissent prendre dans le même piège, s’enferment dans une logique monoculturelle : pour bien être noté par le système international sous influence anglo-saxonne, il faut être publié dans une revue cotée. Et donc écrire l’article en anglais car les revues cotées sont très majoritairement anglo-saxonnes. La plupart des auteurs français qui maîtrisent bien l’anglais à l’oral sont obligés quand même de se payer des frais de traduction à l’écrit pour éviter d’être pénalisés sur des fautes de tournure de langue. Cela aboutit à un recrutement très orienté à l’ « international ». C’est le cas à HEC où les professeurs recrutés sont de plus en plus choisis à partir de ce type de critères. Les Français deviennent donc progressivement minoritaires dans le corps enseignant.
On pourrait applaudir des deux mains en vantant un tel esprit d’ouverture. Mais cette stimulation est remise en cause par les résultats : le niveau d’enseignement n’est pas enrichi par cette démarche. Aux États-Unis, la qualité des articles publiés dans les revues cotées est souvent critiquable. La course à la parution pour ne pas être sorti du système (si on ne publie un nombre d’articles minimum dans des revues cotées, on peut être licencié) amène des universitaires à justifier leurs travaux par du quantitatif (recours à des dizaines d’étudiants qui sont sollicités pour créer une masse pertinente d’expérimentation en termes de statistiques) au détriment du qualitatif. L’autre côté négatif est la grille de lecture américaine qui efface l’originalité des approches des pays et des cultures non américaines.
Apprendre à penser dans une langue étrangère et ne plus recevoir d’enseignement dans sa langue nationale conduit à un processus colonisation culturelle. Les meilleurs diplômés d’HEC ne seront que les sous produits d’un système qui les contient à la périphérie des véritables centres de décision du monde anglo-saxon. Il faut être particulièrement stupide pour s’imaginer que les détenteurs des clés de ce processus vont la jouer à la régulière sur le principe que le meilleur gagne. Harvard, Stanford et consorts ne sont pas des enfants de cœur. Ils feront en sorte de rester les premiers et les autres seront dans le meilleur des cas des vassaux bien rémunérés mais moins bien qu’eux quand même.