Virus Stuxnet : l’arroseur arrosé

L’Iran est soupçonné par la communauté internationale de développer un programme nucléaire dans le but de fabriquer la bombe nucléaire, et subit des sanctions internationales qui jusqu’à présent n’ont rien changé. Alors que les négociations s’enlisent, et que les spécialistes et diplomates de l’AIEA (Agence Internationale de l’Energie Atomique) n’arrivent pas à faire leurs contrôles dans les conditions voulues, les Etats-Unis et Israël ont initié depuis plusieurs années une série d’opérations secrètes. En 2006, George W. Bush a validé le programme « Olympique Games ». Ce programme, mené en collaboration avec Israël est destiné à agir contre les installations du programme nucléaire iranien. Ce programme a abouti en 2010 à au lancement d’une cyberattaque de grande envergure par le virus Stuxnet.  Une fois introduit dans les ordinateurs d’une centrale iranienne, ce virus avait pour but de ralentir ou d’accélérer les centrifugeuses afin de provoquer des surchauffes ou diminuer leur efficacité. Il semblerait, selon des experts, que suite à cette cyberattaque, l’Iran aurait perdu entre 10 et 15% de sa capacité d’enrichissement d’uranium au moment de l’attaque.
Après cette première cyberattaque, un tout nouveau virus a été découvert en mai 2012. Nommé Flame, celui-ci se révèle, hormis ses qualités de virus informatique destructeur, un véritable outil d’espionnage. À l’instar de Stuxnet qui se contentait de récupérer des informations avant de devenir agressif et saboter la production, Flame infecte les systèmes et commence des séries d’opérations tel que l’enregistrement audio, l’activation du mode Bluetooth pour identifier les appareils aux alentours. De plus, Stuxnet, agissant comme un virus, pouvait être détecté par l’utilisateur. Avec Flame, l’utilisateur ne se rend compte de rien et peut donc être activé, à l’insu de l’utilisateur.
À l’origine, le virus Stuxnet était destiné à perturber l’industrie nucléaire iranienne pour freiner l’Iran dans sa course à l’arme nucléaire. Ses concepteurs ont-ils mesuré les risques de dégâts collatéraux dans leur propre camp ? Le réseau informatique de la compagnie pétrolière américaine Chevron, a-t-il été menacé par la propagation de ce virus. C’est en tout cas ce que laisse entendre le porte-parole de cette compagnie américaine le 8 novembre dernier. La semaine dernière, le groupe français Air Liquide émettait de son côté un message qui se voulait rassurant à propos d’une éventuelle contamination de ses installations par Stuxnet.
À ce jour de multiples clones de Stuxnet ont vu le jour, comme Duqu. Et il en sera sûrement de même avec Flame. Cette prolifération est-elle maîtrisable sur le moyen/long terme ? Les États-Unis comme Israël n’ont pour l’instant pas donné de réponse à cette question.