Le débat sur la cyberguerre est lancé

Le 28 juin dernier, la Revue de Défense Nationale a organisé un colloque sur la cyberstratégie  au cours duquel le général d'armée Watin Augouard de la gendarmerie a exprimé son opposition à une vision offensive de la guerre de l’information. Le général de corps d'armée Marc Watin-Augouard, chef de l’inspection générale de la gendarmerie nationale, intervenait sur le sujet État et cyber. Cette position abrupte émanant d’un général est pour le moins contestable dans la mesure où l’étude des affrontements informationnels fait ressortir la prédominance de l’avantage à l’attaquant. Les raisons sont multiples. Citons les deux plus élémentaires : la difficulté à déterminer avec certitude la nature de l’agresseur d’autant plus si celui-ci cherche à leurrer et détourner l’attention sur un autre, ainsi que l’avantage quasi systématique à l’attaquant qui profite de l’effet de surprise ou de la très grande difficulté de remonter à la source de l’attaque pour contrer l’adversaire avec certitude. Il apparaît de plus en plus évident que le concept de cyber-guerre est trop restrictif au domaine du contenant. La question se pose sur la manière d'adopter plutôt une approche plus large en parlant de cyber-opérations multidimensionnelles.
Cette approche aurait le mérite d'englober un champ plus vaste d'action qui reflèterait l’emprise de la dimension réseau et contenant/contenu sur les champs politiques, militaires économiques et sociétaux. Les théâtres d’opération militaire (Liban, Gaza, Afghanistan,) ont fait ressortir la double dimension des cyber-opérations. Le fort (Israël, États-Unis) a intégré cette vision à leur manière de traiter l’adversaire plus faible mais très offensif notamment sur les questions de contenu (polémiques, propagande, opérations de déstabilisation). La France ne fera pas exception à la règle sur les affaires de sécurité nationale qu’elle aura à traiter. L’affaire Mérah est sur ce point déjà un cas d’école. Ce terroriste coupable d’un crime contre l’humanité (exécution d’enfants) a réussi à faire passer cet aspect essentiel au second plan de la couverture médiatique. On est au cœur du sujet de ce que les Britanniques ont défini,…il ya plus d’un demi siècle, sous le vocable de political warfare. Il s’agissait à l’époque d’affaiblir le soutien de la population allemande au régime nazi et de renforcer l’esprit de résistance dans l’Europe occupée. Dans un tout autre contexte, le combat contre les visions de conquête islamique en Europe (en frontal par le combat des idées et en toile de fond par la pression démographique) réactualise cette problématique qui a été enterrée depuis les moments tragiques de la guerre d’Algérie.