Les retombées des accords sino-africains

L’intérêt de la Chine pour le continent africain et cette relation de la Chine avec l’Afrique font l’objet de nombreux débats, notamment de la part des pays occidentaux. Ceux-ci ont parfois une attitude paradoxale vis-à-vis de la Chine en Afrique dans le sens où même s’ils ont besoin de la croissance chinoise, il leur arrive de contester l’approvisionnement de la Chine en matières premières africaines, nécessaires à cette croissance.
Le constat est sans appel, la Chine est devenue un partenaire majeur de l’Afrique, ce qui oblige les pays occidentaux à se mobiliser, à signer d’avantage de partenariats s’ils veulent conserver leur place et répondre aux besoins des peuples du continent émergent. Au cours des dix dernières années, six des dix pays présentant la plus forte croissance étaient africains, et le continent dans son ensemble a connu une croissance supérieure à celle de l’Asie, Japon compris, durant la première décennie du XXIe siècle, du fait de l’expansion démographique et économique.
Le recul de l’influence de la France en Afrique est antérieur et est lié dans une moindre mesure à l’arrivée des pays émergents, en particulier la Chine sur le marché africain. Au-delà du handicap constitué par son histoire postcoloniale, cette perte d’influence s’explique aussi, par la baisse des budgets consacrés à l’Afrique, par la forte réduction du nombre de coopérants techniques comme des résidents français présents sur le continent, ces quinze dernières années. Parallèlement, de nombreux investisseurs français se sont retirés d’un continent qui semblait largement condamné à l’instabilité, à la crise et à la pauvreté, au point que l’Afrique subsaharienne ne représente aujourd’hui plus que 3 % du commerce extérieur français
La Chine, présente précocement sur le continent dans une perspective de solidarité prolétarienne, a gagné des sympathies qui expliquent que son intervention d’aujourd’hui, guidée par une stratégie industrielle strictement chinoise, soit la bienvenue. La Chine semble aborder l’Afrique avec réalisme et pragmatisme à travers la négociation des avantages, la conciliation des intérêts, et l’organisation des échanges. Grâce aux relations économiques qu’elle a développées avec l’Afrique, la Chine contribue, à sa manière, au décollage du continent.
Bien que la Chine semble être un partenaire stratégique de taille pour l’Afrique, quelques questions subsistent. La première raison est de savoir si les intérêts de l’Afrique constituent réellement un enjeu dans les négociations entre ces deux parties et si l’approche actuelle est gagnante pour l’Afrique. Cette dans cette perspective que notre étude aura pour objectif de répondre à toutes ces questions à travers la problématique suivante : Le développement des pays africains est-il susceptible de se réaliser en coopération avec la Chine plus qu’il ne l’a été avec la France?
Pour répondre à cette question, notre analyse s’articule autour de trois grandes parties. Une première partie qui abordera la question de l’héritage coloniale de la France en Afrique, une deuxième partie qui abordera les enjeux et les intérêts réciproques de la Chine et l’Afrique, et enfin une troisième partie qui présentera le bilan de la présence chinoise en Afrique et la manière dont elle s’y est prise pour s’imposer face aux anciennes puissances coloniales.

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