La guerre de l’information contre WikiLeaks

Début 2011, la notion de complot contre WikiLeaks voit le jour après que les Anonymous aient piraté et publié sur le net des mails et des documents sensibles de la société de sécurité informatique HB Gary Federal. Cette action met en lumière des informations stratégiques qui visent à faire tomber WikiLeaks. Les mesures proposées comprennent sabotage, désinformation, dénigrement, campagne médiatique et pressions contre des journalistes, dont Glenn Greenwald, cité nominalement. Or les échanges de mails révèlent les liens de HB Gary Federal avec deux entreprises de renseignement américaines : Berico et Palantir. L’annonce antérieure par Julian Assange de la possession d’informations compromettantes sur Bank of America (BoA) avait provoqué la méfiance vis-à-vis de l’établissement et la baisse de la valeur en bourse de la plus grande banque américaine. Après que, dans le sillage de PayPal et Mastercard, la banque a  coupé ses transactions en faveur du site, les Anonymous ripostent contre le site HB Gary Federal. Son directeur, Aaron Barr, prétend avoir piraté le site des Anonymous à la suite de l’attaque.

Si le lien direct entre la Bank of America et HB Gary Federal n’est pas clairement établi, la première a fait appel au cabinet d’avocats Hunton& Williams, dont elle est l’un des clients. Or c’est ce dernier qui fait appel aux trois entreprises pour développer une stratégie offensive contre la « menace WikiLeaks ».Le cabinet a été conseillé à la BoA par le Département de Justice américain à qui elle demandait conseil. Département qui lance parallèlement une injonction à Twitter afin que le site de micro-blogginglui fournisse les informations qu’il détient sur le compte de Julian Assange et d’autres comptes liés. En outre, Hunton& Williams est également apparu lié à l’American Chamberof Commerce dans d’autres affaires de même nature. Quant à la proximité de Berico et Palantir avec le gouvernement américain, elle confirme l’implication du gouvernement américain dans cette stratégie de déstabilisation de WikiLeaks et la privatisation des actions de renseignements du pouvoir, notamment dénoncée par Glenn Greenwald.

Il y a un an, WikiLeaks avait pris ses distances par rapport aux attaques par déni de services des Anonymous, sans se prononcer pour ou contre. Dans ce vaste jeu de rôles autour de WikiLeaks, la difficile situation de l’entreprise et le changement de stratégie des « hacktivistes » de plus en plus médiatiques ont fait se rapprocher les deux acteurs. La toute récente affaire Stratfor semble consacrer cette alliance d’intérêts.