La firme Gibson en accusation

Depuis 2009, Gibson a subi plusieurs attaques informationnelles sur la conception de ses instruments.
La célèbre marque étatsunienne de guitares est soupçonnée, par son gouvernement, d’utiliser des bois rares importés illégalement. Au titre du Laceyact (2008), les autorités fédérales ont mené plusieurs perquisitions dans les usines de la marque qui ont mis en évidence des lots de bois rares suspects.
C’est bien le cœur d’image de la marque du Tennessee qui est visé. Celle-ci  mise sur l’authenticité de produits haut de gamme, réalisés par des artisans confirmés, comme en témoignent les rééditions de modèles « classiques» ou la recherche de modèles anciens sur les forums spécialisés.
La dernière perquisition en date remonte à aout 2011. De nombreux matériaux ont été saisis, portant préjudice à la société. Les actions sont régulièrement relayées par des écologistes, par le biais d’articles et de pétitions. En janvier 2012, c’est une artiste malgache vivant à N.Y., Razia Saïd,   qui monte en première ligne, ciblant les utilisateurs de la marque, lors de la National Association of Musical Merchants. Soutenue par l’ONG Friends of the Earth, son message est également relayé par la préparation d’une tournée aux Etats Unis et en Europe.
Le président de Gibson, Henry Juszkiewicz, réagit ardemment en dénonçant des actions disproportionnées (notamment sur CNN) et affirme que les productions sont certifiées.
Il en appelle aux utilisateurs de la marque, en émettant un risque de confiscation des instruments aux douanes durant les tournées mondiales.
Enfin, Gibson se lie aux contradicteurs du LaceyAct, comme le groupe indonésien, AsiaPulp&Paper, le plus gros producteur de papier au monde. Ils sont soutenus indirectement par le Tea Party, et le démocrate Jon Cooper, qui militent également pour une réforme de la loi.
Avec une production de 700 pièces par jour, la firme n’est pourtant pas un acteur majeur de la déforestation. Aussi, ces régulières attaques informationnelles, visant le cœur d’image de la marque, peuvent laisser dubitatifs : n’y a-t-il pas des secteurs plus néfastes pour la préservation des forêts, et donc stratégiquement plus intéressants pour les structures écologistes à attaquer, que Gibson ?
L’enquête est en cours, mais l’image de l’entreprise est fortement touchée par les institutions fédérales de son propre pays. Au-delà de la marque, c’est un  produit culturel purement étatsunien qui est mis à mal, menaçant une industrie nationale historique, leader de son marché.

Brice PLANTAGENEST