La contre-offensive médiatique de Nike

Est-ce un cas d’école de contre guerre d’usure ? Rappelez-vous les accusations formulées contre cette entreprise à cause du travail des enfants. Cette accusation a fait sensation dans les années 90. Nike était une des premières multinationales attaquées frontalement sur le terrain de l’information.
Nike est une société mondialement connue pour ses chaussures et articles de sport. Son emblématique PDG, Phil Knight, a lancé l’entreprise dans les années 60 pour la transformer en un des groupes les plus médiatiques grâce à des campagnes de publicité et la signature de contrats de représentation avec de athlètes de haut niveau. Toutefois, cette société représente-elle les cotés sombres du capitalisme sauvage se jouant des frontières politiques et fiscales ? Opprime-t-elle ses clients, fournisseurs et salariés ?
Durant son développement, Nike a été régulièrement critiqué pour son modèle économique peu regardant des droits du travail. En effet, Nike détiendrait peu de moyens de production, mais utiliserait un réseau de fournisseurs pour fabriquer ses chaussures à bas prix. Elle signerait des contrats à terme  avec des usines, progressivement appelées les « sweatshop » Nike.
De multiples de campagnes de presse mondiales lancés par des ONG tels que les « United Students Against Sweatshops », des médias de renom comme la BBC, des auteurs connus comme Naomi Klein dans son livre No Logo et Michael Moore dans ses documentaires ont dénoncé les pratiques salariales de Nike. Nike a été critiqué pour l'utilisation du travail des enfants au Cambodge et au Pakistan dans les usines des ses partenaires.  Un documentaire a montré des enfants travaillant dans de mauvaises conditions de travail dans une usine cambodgienne utilisé par Nike. Une enquête par la télévision australienne a dénoncé un des cas de travail forcé dans l'une des grandes usines de vêtements Nike.
Malgré ces scandales à répétition, Nike a pu continuer son développement en lançant  des campagnes de communication et créant des fondations pour le bien-être des employés. La société déclarerait régulièrement prendre des mesures correctives pour améliorer les conditions de travail. En 1997, la marque promouvait son code de conduite, garantissait la liberté syndicale et ouvrait un département sur les conditions de travail.
Phil Knight fit amende honorable et continua sa contre-offensive en étant reçu par Bill Clinton, en rejoignant un groupe d’entreprises « responsables » et insistant régulièrement sur les bienfaits économiques que Nike apporte aux pays fournisseurs. Il aurait sollicité des interviews où il démontre les rôles positifs de sa société. Pour couronner le tout, Nike annonça en 1998 à grand renfort de publicité un plan de « 6 promesses » pour améliorer les conditions de travail de ses employés et ceux de ses partenaires. A ce jour, malgré le fait que ce plan semblait occulter de réels problèmes,  il n’aurait toujours pas été tenu.
Pouvons-nous considérer la campagne médiatique de Nike comme un simple effort de relations publiques faisant partie du budget publicité ?
Nike semble avoir de ce fait étouffé la majeure partie des critiques grâce à sa puissance financière et ses relations de hauts niveaux. Les mauvaises conditions de travail des fournisseurs-partenaires pourraient continuer car il semblerait que Nike délocalise sa production en choisissant les pays les moins développés ayant les lois sociales les moins développées. Tel un essaim de cricket allant d’un pays à un autre, cette société semble profiter des conditions les plus avantageuses de production locales en ne tenant guère compte des droits fondamentaux des ouvriers.