Huile de palme : la contre-attaque des producteurs

Les attaques incessantes d’organisations non gouvernementales contre l’industrie de l’huile de palme (1) ont été très mal reçues en Asie du Sud-est. Les deux principaux pays producteurs, la Malaisie et l’Indonésie représentent en effet près de 91% de la production mondiale d’huile de palme, et cette activité est considérée comme vitale pour leur économie. Une contre-attaque a donc été lancée, parfois de manière désordonnée et maladroite.
Le Malaysian Palm Oil Council a ainsi réfuté point par point les arguments des détracteurs de l’huile de palme (déforestation, perte de biodiversité, extinction d’espèces protégées), au travers d’une fondation pour la biodiversité, ainsi que d’un spot publicitaire très décrié. Dans un autre document, des recherches scientifiques sont exposées montrant que l’huile de palme n’est pas plus mauvaise pour la santé que l’huile d’olive. D’autres sites web, tel theoilpalm.org ou la « palm oil truth foundation » participent également à cette contre-offensive.

Des barrières douanières déguisées ?
Dans un autre registre, les producteurs se sont rapprochés de think tank occidentaux promoteurs du libéralisme, tel que le World Growth Institute (WGI), ou l’Adam Smith Institute (ASI). WGI a mené campagne en démontrant que l’industrie de l’huile de palme permettait l’amélioration du niveau de vie de millions de personnes en Malaisie et en Indonésie. Ces rapprochements tendent à démontrer que les attaques contre l’huile de palme et l’interdiction d’importer de l’huile non « développement durable » créent en fait une barrière douanière déguisée, et sont ainsi contraires au libre échange. La contre-attaque des pays producteurs d’huile de palme se fait donc aussi sur le terrain du droit international, notamment à l’OMC.
De nombreux sites web,  pour la plupart issus des pays d’Asie (par exemple d’Inde), s’émeuvent actuellement de cette guerre informationnelle menée part des ONG occidentales. L’impression que les « anciens » pays développés tentent de les empêcher de les rejoindre est très présente dans l’opinion asiatique. Des questions pertinentes sont posées: qui se trouve derrière ces attaques ? A qui profitent les obstacles mis à l’importation d’huile de palme ? Qui financent les ONG telles que le WWF ou Greenpeace ? Autant de questions que les défenseurs de la nature refusent de se poser en Europe. Mais en Asie du Sud-est, on n’hésite plus à mettre en cause les industries d’huile de soja, d’olive ou de colza, qui bénéficieraient du soutien de l’Union Européenne. Le début d’une nouvelle phase dans la guerre de l’information autour de l’huile de palme ?

1)    Voir les articles de Knowckers à ce sujet : Les guerres de l’information contre Nestlé et La guerre de l’information sur l’huile de palme.