Naissance d’une école française du renseignement

l’Académie du Renseignement crée le 13 juillet 2010.
Nous reproduisons donc dans cet édito un extrait de l’intervention de Christian Harbulot qui est intervenu aux côtés de Claude Revel et de Claude Delesse dans une table ronde sur l’appréhension du renseignement par l’intelligence économique.

L'apport de l'intelligence économique au renseignement

L’intelligence économique va s’avérer un instrument d’analyse plus performant que le renseignement pour cerner la dimension globale de la puissance et surtout pour mettre à jour les processus d’accroissement de puissance du temps de paix. Ce constat découle de l’orientation des missions prioritaires attribuées au renseignement mais aussi à son mode de fonctionnement. La guerre froide a conditionné le renseignement à définir le cadre des ses missions prioritaires à partir d’une approche sécuritaire des rapports de force. La lutte contre le terrorisme a pérennisé cette vision de la menace. Il n’en a pas été de même pour, l’intelligence économique lors du lancement de cette démarche à la fin des années 80. L’IE a généré de nouvelles grilles de lecture permettant de cerner les mutations en cours telles que les nouvelles problématiques d’accroissement de puissance, l’impact de la croissance exponentielle des flux d’information par la création d’Internet, ainsi que l’évolution des organisations et des modes d’affrontement.

Cette vision multidimensionnelle du rôle de l’information a généré une relation à la fois fusionnelle et contradictoire entre le monde du renseignement et de la société de l’information. Elle est fusionnelle sous l’angle du contrôle. Les services de renseignement se sont parfaitement adaptés à l’univers des nouvelles technologies de l’information. En revanche, la société de l’information engendre une dynamique de confrontation qui est contradictoire avec la fonction originelle du monde du renseignement.  A la problématique du renseignement s’ajoute désormais la problématique conflictuelle de la société de l’information :
Si le renseignement  est avant tout une culture du secret, l’espace conflictuel de la société de l’information est une culture de l’ouvert dont le contenu recouvre l’ensemble des pratiques offensives destinées à déstabiliser un adversaire par la polémique ou le dénigrement. Les polémiques, les débats, les attaques informationnelles émanent principalement des sociétés civiles comme l’illustrent les campagnes d’ONG contre des entreprises ou les mouvements de protestation orchestrées par le biais des réseaux sociaux lors des « révolutions » arabes. S’il est évident que les techniques de manipulation, d’infiltration peuvent être utilisées par des services spéciaux (montages lors de la chute de Ceausescu, photos truquées lors de la guerre du Liban), les logiques de confrontation générées par la société de l’information ont atteint une taille critique. Le nombre croissant des acteurs et la diversité des débats dépassent les capacités de manœuvre classiques du monde du renseignement (désinformation, intoxication, rumeurs, propagande noire) lorsqu’il se met en position d’émetteur d’informations et de connaissances à des fins opérationnelles.

Problématique du renseignement :

  • Acquisition de l’information par tous les moyens.
  • Cloisonnement  (sources/traitants/analystes).
  • Secret, rétention ou règle du besoin d’en connaître.

Problématique conflictuelle de la société de l'information :

  • Diffusion de la connaissance par tous les moyens.
  • Décloisonnement (interopérabilité, résonance)
  • Art de la rhétorique, débat public.

Cette problématique conflictuelle propre à l’usage qui est fait de l’information aboutit à une différenciation au niveau des matrices :

Matrice  MICE

  • Money
  • Ideology
  • Compromise
  • Ego

Matrice DITE

  • Deontology
  • Integrity
  • Transparency
  • Ethic

Contrairement à la matrice MICE qui est fondée sur des pratiques immorales de manipulation de l’individu en usage dans le monde du renseignement, la matrice DITE est le produit des règles morales suscitées par la société de l’information.
Si le renseignement  est avant tout une culture du secret, l’espace conflictuel de la société de l’information est une culture de l’ouvert dont le contenu recouvre l’ensemble des pratiques offensives destinées à déstabiliser un adversaire par la polémique ou le dénigrement. Les polémiques, les débats, les attaques informationnelles émanent principalement des sociétés civiles comme l’illustrent les campagnes d’ONG contre des entreprises ou les mouvements de protestation orchestrées par le biais des réseaux sociaux lors des « révolutions » arabes. S’il est évident que les techniques de manipulation, d’infiltration peuvent être utilisées par des services spéciaux (montages lors de la chute de Ceausescu, photos truquées lors de la guerre du Liban), les logiques de confrontation générées par la société de l’information ont atteint une taille critique. Le nombre croissant des acteurs et la diversité des débats dépassent les capacités de manœuvre classiques du monde du renseignement (désinformation, intoxication, rumeurs, propagande noire) lorsqu’il se met en position d’émetteur d’informations et de connaissances à des fins opérationnelles.