Contre-attaque informationnelle des éleveurs de brebis basques AOP face aux industriels laitiers
Les éleveurs de brebis de la Coopérative laitière du Pays basque (CLPB) ont encore déversé près de 8000 litres de lait, soit l’équivalent d’une journée de production de perdue. C’était le 19 février dernier à l’entrée de l’aéroport de Biarritz, sous un panneau affichant “Bienvenue en territoire Ossau-Iraty”, pour alerter l’opinion et les pouvoirs publics sur le bras de fer qui les oppose aux leaders mondiaux de la transformation du lait : Lactalis, Bongrain, MLC, Andros et Agour.
A l’été 2011 ces industriels ont décidé de réduire leurs approvisionnements auprès de la CLPB de 3 à 1,1 millions de litres de lait pour la campagne 2012. Ils préfèrent importer du lait d’Espagne, plus de 8 millions de litres pour un coût de 0,72 à 0,75 euros le litre, contre 1,05 euro pour le lait de la coopérative. Les paysans locaux sont alors obligés de jeter près d’1,9 millions de litres, ce qui représente autant de revenus en moins et la mort de leur petite exploitation.
Les bergeries basques produisent du lait sur l’aire d’appellation Ossau-Iraty dans le respect d’un strict cahier des charges pour élaborer des fromages de brebis au lait cru qui bénéficient de l’AOP Ossau-Iraty. Au contraire, les fromages de marque, P’tit Basque, Istara de Lactalis, Etorki de Bongrain, Capitoul de MLC, Onetik d’Andros, et Agour, sont fabriqués à partir de laits massivement importés d’Espagne, plus souvent pasteurisés ou thermisés que crus pour augmenter la durée de conservation. Dans le but de booster leurs ventes, ces transformateurs n’hésitent pas à tromper le consommateur à coup de publicités affichant le terroir basque et ses symboles, tels le béret et le panier d'osier, pour habiller leur produit d’authenticité.
Tandis que les industriels s’apprêtent à remporter la guerre économique, les éleveurs déclenchent une guerre de l’information. Le site Reporterre.net révèle début 2012 que la publicité du P’tit Basque – Istara de Lactalis a été tournée en Slovénie. L’information est reprise par Sud Ouest, Europe1, Atlantico, LePost, et Arrêt sur images qui décrypte chaque plan de la vidéo du making off de 2009. Lactalis n’a pas démenti. Le making off a depuis été retiré de Youtube.
Le site Fromages Basques – Tout un fromage !, cette vidéo de Pixso, la presse régionale et TF1 se font l’écho de la polémique : « si "le P’tit Basque" se pare du nom Istara, marque de fromage faite avec du lait AOC Ossau Iraty, lui-même n’a en fait rien d’AOC. Ce genre d’arnaque se multiplie localement, avec les mêmes noms (Agour, Onetik) utilisés indifféremment pour vendre du fromage AOC ou du fromage non AOC, induisant le consommateur en erreur et mettant en danger la référentialité de l’AOC. » selon Txtex Etcheverry, militant d’un mouvement écologiste basque. Il y a tromperie aussi bien sur la qualité que sur la localité du produit.
Lactalis se joue ainsi des AOC-AOP comme pour le Camembert en 2007, donc du patrimoine français, de la crédulité et de la santé du consommateur, encore absente du débat médiatique alors que le lait cru a plus de bienfaits pour le corps humain.
Louise Texier
A l’été 2011 ces industriels ont décidé de réduire leurs approvisionnements auprès de la CLPB de 3 à 1,1 millions de litres de lait pour la campagne 2012. Ils préfèrent importer du lait d’Espagne, plus de 8 millions de litres pour un coût de 0,72 à 0,75 euros le litre, contre 1,05 euro pour le lait de la coopérative. Les paysans locaux sont alors obligés de jeter près d’1,9 millions de litres, ce qui représente autant de revenus en moins et la mort de leur petite exploitation.
Les bergeries basques produisent du lait sur l’aire d’appellation Ossau-Iraty dans le respect d’un strict cahier des charges pour élaborer des fromages de brebis au lait cru qui bénéficient de l’AOP Ossau-Iraty. Au contraire, les fromages de marque, P’tit Basque, Istara de Lactalis, Etorki de Bongrain, Capitoul de MLC, Onetik d’Andros, et Agour, sont fabriqués à partir de laits massivement importés d’Espagne, plus souvent pasteurisés ou thermisés que crus pour augmenter la durée de conservation. Dans le but de booster leurs ventes, ces transformateurs n’hésitent pas à tromper le consommateur à coup de publicités affichant le terroir basque et ses symboles, tels le béret et le panier d'osier, pour habiller leur produit d’authenticité.
Tandis que les industriels s’apprêtent à remporter la guerre économique, les éleveurs déclenchent une guerre de l’information. Le site Reporterre.net révèle début 2012 que la publicité du P’tit Basque – Istara de Lactalis a été tournée en Slovénie. L’information est reprise par Sud Ouest, Europe1, Atlantico, LePost, et Arrêt sur images qui décrypte chaque plan de la vidéo du making off de 2009. Lactalis n’a pas démenti. Le making off a depuis été retiré de Youtube.
Le site Fromages Basques – Tout un fromage !, cette vidéo de Pixso, la presse régionale et TF1 se font l’écho de la polémique : « si "le P’tit Basque" se pare du nom Istara, marque de fromage faite avec du lait AOC Ossau Iraty, lui-même n’a en fait rien d’AOC. Ce genre d’arnaque se multiplie localement, avec les mêmes noms (Agour, Onetik) utilisés indifféremment pour vendre du fromage AOC ou du fromage non AOC, induisant le consommateur en erreur et mettant en danger la référentialité de l’AOC. » selon Txtex Etcheverry, militant d’un mouvement écologiste basque. Il y a tromperie aussi bien sur la qualité que sur la localité du produit.
Lactalis se joue ainsi des AOC-AOP comme pour le Camembert en 2007, donc du patrimoine français, de la crédulité et de la santé du consommateur, encore absente du débat médiatique alors que le lait cru a plus de bienfaits pour le corps humain.
Louise Texier