Afghanistan : la difficulté de mener la guerre de l’information

La publication récente d’une photo représentant des marines en train d’uriner sur des corps de talibans a porté un coup à l’image de l’armée américaine. Les Talibans ont logiquement exploité cette « bavure » des forces de l’OTAN et l’ont même utilisée pour justifier leur attentat contre des soldats français désarmés en train de faire du sport. Le faible est toujours en position de force dans ce type de confrontation informationnelle dans la mesure où le fort opprime et le faible se révolte contre l’oppression et a droit à ce titre à une tolérance induite dans l’expression de sa sauvagerie car les médias des démocraties considèrent qu’il ne bénéficie pas de l’organisation et de l’encadrement législatif d’un Etat reconnu sur le plan international.  La réaction du sénateur républicain de la Floride, Allen West (ancien officier de l'US Army) illustre bien cette difficulté pour le fort à mener une politique de contre-information. Dans un courriel posté à l'hebdomadaire The Weekly Standard à propos de la vidéo des Marines urinant sur les cadavres des talibans, cet officier déclare :
« J'ai revu l'incident de la vidéo de nos Marines urinant sur les cadavres des talibans, je ne me souviens pas d’avoir entendu un commentaire d'indignation quand on a vu à la télévision les corps de nos tireurs délite Delta;  Shugart et Gordon trainés dans les rues de Mogadiscio sous les rires et applaudissements de la population locale. Je ne me souviens pas non plus avoir entendu de commentaires d'indignation de quelque média que ce soit, lors de l'assassinat des membres de la compagnie de sécurité Blackwater, dont les corps ont été brûlés pour ensuite être pendus sous un pont de Fallujah. Tous ces con...cernés devraient se calmer un peu...Est-ce qu'ils se souviennent des deux soldats de la 101ème division de parachutistes, qui avaient non seulement été égorgés et décapités, mais en plus que l’on avait étripés en Irak. Les Marines ont commis une faute, punissez les au maximum de la peine prévue par l'article 15 de la loi Field grade. De plus mettez dans leur dossier militaire la lettre de réprimande signée par l'officier supérieur de leur corps d'armée, qu'ils soient en uniforme et au garde à vous devant leur bataillon, et présentent des excuses à Dieu, au USA et à leur corps d'armée, pour terminer ils chanteront l'Hymne des Marines sans aide de téléprompteur. Pour tous les autres....à moins que vous ayez été pris pour cible par les talibans, fermez là, la guerre c'est l'enfer. »
Cette déclaration est intéressante car elle n’efface pas la force de l’image symbolique du mépris exprimé par « les forces du bien » à l’encontre d’ennemis tués au combat. Le faible peut en revanche être victime   du même effet. Ce fut le cas en 2004 lorsque des combattants tchétchènes se sont laissés aller à jouer avec un soldat russe comme pouvait le faire un garde de camp de concentration dans l’Allemagne nazie avant de le décapiter devant une caméra. Lorsque l’« insurgé » donne envie de vomir, il a raté sa guerre de l’information et mérite le sort qui l’attend.